Le Liban a adhéré à la Charte des Nations-Unis qui stipule que tous les Hommes, sont libres et égaux et ont les mêmes droits sans discriminations entre les hommes et les femmes.
Malgré l’adhésion à la Charte des Nations-Unis et la signature des traités internationaux, il y a encore une grande discrimination vis-à-vis des femmes dans les lois et dans la réalité.  "Le statut civil est la base de la discrimination contre les femmes".


http://www.petitions24.net/petition_pour_les_droits_des_femmes_au_liban

Table ronde : Comment les journalistes libanais couvrent-ils les droits de la femme ?

Dans le cadre du cycle de débats « Journalisme et causes sociales »

LA MISSION CULTURELLE FRANCAISE AU LIBAN et L’ASSOCIATION D.E.S. FRANCOPHONE DE JOURNALISME (AFEJ)
 vous invitent à participer au débat intitulé :
Comment les journalistes libanais couvrent-ils les droits de la femme ?

Le Jeudi 24 février 2011 à 18H00 – Salle de Conférence
MISSION CULTURELLE FRANÇAISE – RUE DE DAMAS – ENTREE LIBRE

Les intervenants :
- Ghassan Moukheiber, député au Parlement libanais
- John Azzi, magistrat
- Roula Douglas, responsable de rédaction à l’Orient des Campus, activiste pour les droits de l’Homme
- Rima Abi Nader, chef de l’unité de support aux victimes et responsable du centre d’écoute de l’ONG « Kafa »

Le débat sera animé par Colette Chibani, rédactrice en Chef de « Noun » et membre de l’AFEJ.

Veuillez confirmer votre présence en cliquant sur le lien suivant:
http://www.facebook.com/home.php#!/event.php?eid=196850313661239

Table ronde

Dans le cadre du 17e Salon du Livre
francophone de Beyrouth,  les éditions Dergham ont l’honneur de
vous convier à une conférence autour du thème : «Écriture journalistique, écriture
romanesque: quelles différences?»

Intervenants : Roula Azar Douglas, Karen Boustany, Belinda Ibrahim et Alexandre Najjar.
Animation : Elsa Yasbek Charabati


le jeudi 4 novembre
à 18 heures
Salle Gibran - Biel

Loi sur la nationalité : Il est temps de lever l’injustice !



La colère et la frustration étaient palpables au lancement de la campagne « Pour amender la loi sur la nationalité au Liban », il y a quelques jours au Phœnicia. Campagne organisée conjointement par le programme des Nations Unies pour le développement (UNDP) et le comité national du suivi des affaires des femmes. Détails sur les conséquences de la loi de 1925 qui stipule dans son premier article : « est considéré comme libanais tout enfant né de père libanais ».

La salle est comble. Des femmes et des hommes directement concernés par la loi, mais aussi de très nombreux supporters de diverses tranches d’âge, de toutes les catégories sociales et de toutes les confessions. Un écran géant. Le spot télévisé de la campagne passe en avant première. L’image est forte. Un bébé, rose, bien portant, souriant. « Il est le portrait tout craché de sa mère, entend-on, ses yeux, son sourire…». Gros plan sur les mains, menottées, du bébé. «Tout, sauf sa nationalité, car son père n'est pas libanais ! » Les menottes, c’est la frustration et l’impuissance que ressentent les femmes libanaises, mères d’enfants non libanais. Et c’est aussi le manque de contrôle de ces enfants face aux répercussions de leur situation de non libanais sur leur vie de tous les jours et leur avenir.

Violation du principe d'égalité des citoyens. Injuste et discriminatoire, l’article en question est une violation du principe d'égalité des citoyens devant la loi. « La loi doit traiter équitablement les citoyens sans aucune discrimination. Au Liban, le fait de naitre fille implique la perte d’une partie de ses droits. Il n’y a pas de plus injuste qu’une loi inéquitable. Il faut lever l’injustice de la loi ! », martèle Ziyad Baroud, ministre de l’intérieur et fervent défenseur de l’amendement de la loi sur la nationalité. « On ne veut pas de mariages blancs. C’est certain. Mais il y a une grande différence entre interdire à la femme le droit fondamental à la transmission de la citoyenneté et le réglementer », assure-t-il. En insistant sur l’importance d’une bonne réglementation et d’un contrôle efficace de l’application de la loi si elle est amendée, le ministre de l’intérieur révèle que les réserves des politiciens à l’égard de ce sujet ne sont pas techniques mais politiques. « Les politiciens libanais ne font pas preuve de courage dans leur approche de ce sujet. Ils n’ont même pas accepté de le mentionner dans la déclaration ministérielle. Je comprends qu’ils aient un avis différent là-dessus mais il faut en discuter ». Actuellement, une femme non-libanaise mariée à un libanais, le devient par la loi, idem pour ses enfants. « Il arrive souvent qu’elle ne parle pas arabe, qu’elle ne connaisse rien à l’histoire de notre pays et qu’elle n’ait pas de projet de vie au Liban, on lui offre, ainsi qu’à ses enfants, la nationalité libanaise et moi, avec tout le souffle libanais qui m’anime, avec tout le sang libanais qui circule dans mes veines, avec tout mon patriotisme, avec toute ma passion envers mon pays, que je communique à mes enfants, je n’ai pas le droit de leur donner la nationalité ! Quelle injustice ! », crie Carla, mère de deux enfants italiens. Une injustice douloureusement ressenti par toutes les familles concernées : femmes, enfants et conjoints. Qu’ils soient de milieux très aisés ou défavorisés, qu’ils aient une nationalité occidentale ou arabe, ils en sont tous affectés. « Il ne faut pas minimiser l’impact de cette loi sur notre vie et celle de nos enfants. Je m’inquiète beaucoup de ce qui arrivera à ma mort. Dans le contexte actuel, mes enfants ne pourront pas hériter de mes propriétés », déplore une mère outrée. Une autre, les larmes dans la voix, raconte comment l’école publique à refuser d’admettre son fils de trois ans « car la priorité est aux libanais ». Touchants et poignants, les témoignages se multiplient. « Mon fils n’a pas le droit de jouer avec l’équipe nationale de football. » ; « On a interdit à ma fille de chanter l’hymne national à l’ouverture des jeux de la francophonie » ; « Renouveler le permis de séjour de ma fille est un vrai calvaire pour moi, les remarques désobligeantes des fonctionnaires, leur attitude nonchalante, l’attente... » ; « L’école a demandé aux élèves de présenter une copie d’une de leur pièce d’identité, pour une sortie. C’est ainsi que ma fille a découvert qu’elle n’est pas libanaise. Depuis elle est marginalisée par ses camarades. » ; « J’ai peur pour son avenir. Il veut étudier la médecine, mais pourra-t-il exercer au Liban ? » ; « Je n’ai pas les moyens de payer les frais de l’opération chirurgicale que mon enfant doit subir ». Et aussi, et surtout : « Je me sens impuissante. » ; « J’ai l’impression de n’être qu’une demi-citoyenne. »

Les palestiniens ne constituent qu’une petite partie des mariages avec des non-libanais. Les partisans de cette cause sont conscients que le problème palestinien est à la base de la résistance face à l’amendement de la loi, bien qu’à l’origine, en 1925, il n’existait pas. « Ça ne doit pas l’être, il suffit de lire les chiffres. Les palestiniens ne constituent qu’une petite partie des mariages à des non-libanais », répond Dr Aman Kabbara Chaarani, présidente du comité de suivi des affaires des femmes, se basant sur une étude longitudinale de 1995 à 2008. L’étude en question a recensé environ 18 000 mariages entre des libanaises, toutes confessions confondues, et des non-libanais. Moins de 22 % des conjoints non-libanais sont palestiniens. « La loi est dégradante à plusieurs égards. Les femmes palestiniennes mariées à des libanais obtiennent, elles et leurs enfants, la citoyenneté libanaise. Par contre, on a peur pour le Liban quand les femmes libanaises épousent des palestiniens ! C’est assumer qu’au Liban, on ne croit pas aux idées, aux opinions, à l’influence de la culture et de l’éducation ; On ne croit qu’à ce qui est marqué dans la case confession dans les pièces d’identité. N’est-ce pas considérer que les libanais ne sont pas capables de réflexion, de jugement et d’esprit critique ? À mon avis, cette loi est dégradante pour l’ensemble de la population ! » , s‘indigne Carla.

En faveur de l’amendement. Outre la campagne médiatique, une pétition est mise en ligne sur le site web www.lwrnl.org pour l’amendement de la loi sur la nationalité. Au moment d’écrire ces lignes, plus de 3000 personnes ont déclaré leur soutien à la campagne. Beaucoup d’hommes sont en faveur de l’amendement pour une égalité entre les citoyens. « Les enfants de toute femme libanaise, peu importe où ils se trouvent, sont libanais de cœur ; la loi doit l’admettre. Nous sommes fiers d’être libanais, mais comment l’être complètement quand la moitié de la population n’a pas les mêmes droits que l’autre moitié ? », s’interroge un jeune homme. Antoun, un autre supporter, s’indigne: « C’est inconcevable que mon fils puisse passer la nationalité libanaise à ses enfants et non mes filles. C’est une loi désuète et rétrograde. Il faut absolument la changer. » Laith, elle, est une brillante doctorante de 21 ans. Née de mère libanaise et de père non-libanais, la jeune femme a choisit de poursuivre ses études supérieures aux États -Unis. Elle témoigne : « Permettre à la femme libanaise de donner la nationalité à ses enfants ne bénéficiera pas uniquement à sa famille, il profitera aussi au Liban en empêchant la fuite des cerveaux. A l’obtention de mon diplôme, j’hésite à retourner au Liban puisque je n’ai pas la nationalité libanaise. Je connais de nombreux étudiants de mère libanaise comme moi, qui après un long parcours académique choisissent de rester à l’extérieur car le Liban ne leur accorde pas la citoyenneté. »

Il est à noter que quatre pays arabes ont donné dernièrement à la femme le droit de transmettre sa nationalité à ses enfants : la Tunisie, l’Égypte, le Maroc et Bahreïn. Au Liban, malgré les apparences et les prétentions, les droits de l’homme, l’égalité entre les citoyens, la justice ne sont encore que des slogans. Le silence, assourdissant, du gouvernement en témoigne.

Roula AZAR DOUGLAS

Even if I become a Female Lebanese Minister, my family members will still be considered as foreigners! Is this logic?

Do you think that women should have the same rights as men concerning the
nationality law? Do you think that lebanese women should be able to give
their sons and daughters the lebanese natonality ? If so please support
our campaign and sign this petition!

http://www.lwrnl.org/index.php?page=supporters&action=Register

"pourquoi j’écris" aux Éditions de la Revue Phénicienne
selon 50 auteurs libanais francophones






Avec les contributions de Guy Abela, Zeina Abirached, Mounir Abou Debs, Fifi Abou
Dib, Nassar Abou Khalil, Camille Aboussouan, Hoda Adib, Thérèse Aouad Basbous,
Jocelyne Awad, Georgine Ayoub, Roula Azar Douglas, Ritta Baddoura, Rita Bassil El
Ramy, Mona Bassil, Antoine Boulad, Carmen Boustani, Michel Cassir, Yasmine Char,
Georges G. Corm, Carole H. Dagher, Rudolf Daher, Zahida Darwiche Jabbour, Frida
Debbané, Gisèle Eid, Nabil El Azan, Michèle Gharios, Yasmine Ghata, Joëlle Giappesi,
Sobhi Habchi, Flavia R. Haddad, Mirna Hanna, Nada Heleiwa, Bélinda Ibrahim, Jamil
Jabre, Percy Kemp, Yasmine Khlat, Vénus Khoury Ghata, Elie Maakaroun, Georgia
Makhlouf, Robert Malek, Diane Mazloum, Alexandre Najjar, Fady Noun, Myra Prince,
Nohad Salameh, Salah Stétié, Alain Tasso, Yasmina Traboulsi, Ramy Zein, Sabah Zouein.

Bientôt une loi pour pénaliser la violence exercée contre la femme

L'Orient-Le Jour. Le lundi 25 mai 2009

* * *


« Chez nous, c'était le silence »

Dans son premier roman, Chez nous, c'était le silence, Roula Azar Douglas, journaliste libano-canadienne, rend hommage à la mémoire d'une amie, Ghada, victime de la violence conjugale... jusqu'à la mort.
« Au début, je croyais que le cas de Ghada était unique, mais en me documentant, j'ai constaté qu'il existe des points communs à toutes les histoires, explique Roula Douglas. Leur drame commence toujours lorsque le mari les isole et leur interdit tout contact avec le monde extérieur. »
C'est exactement le cas de Ghada qui, à 18 ans, s'est unie avec Pierre, de plusieurs années son aîné, mais qui a su la séduire. « Pierre a piqué sa première crise de violence durant la première grossesse de Ghada, poursuit Roula. Avant, il criait et s'énervait, et Ghada avait toujours pensé qu'elle était fautive et que c'était ses comportements qui l'agaçaient. » Elle a été alors voir son père pour lui demander de l'aider. Ce dernier a refusé, parce qu'il ne voulait pas de « scandales ».
« Lorsque j'ai écrit le livre, je voulais aider les femmes victimes de la violence, surtout conjugale, à se battre à fond pour obtenir leurs droits, tout comme mon amie », note Roula. Mais la vérité est tout autre. En effet, Ghada décède des suites d'un cancer du sein diagnostiqué à un stade avancé. « Pierre la maltraitait au point de ne plus l'aimer et de négliger sa santé, dit Roula. Lorsqu'elle a senti la masse dans son sein, elle l'a ignorée et ne s'est décidée à consulter un médecin que lorsqu'il était trop tard. »
« Souvent, les hommes violents sont charmeurs et charmants avec les autres, constate-t-elle, ce qui pousse les étrangers à blâmer la femme du comportement de son mari. C'est ce qui s'est passé avec Ghada, et c'est l'un des aspects dangereux de la violence conjugale. Il est important que les gens sachent que la femme n'est pas responsable de cette violence. J'estime qu'elle doit prendre son courage à deux mains et entamer une démarche pour se libérer de l'emprise de son agresseur. C'est le message que je voudrais faire parvenir à toutes les femmes victimes de violence. Il faut qu'elles soient conscientes qu'elles ne sont pas responsables de cette violence et que ce ne sont pas elles qui l'ont provoquée. »

http://www.resilience-psy.com ! Avril 2008

Chez nous, c'était le silence
"Rompre la loi du silence “Le bonheur est la plus grande des conquêtes, celle qu’on fait contre le destin qui nous est imposé” Albert Camus
Ghada, l’héroïne du premier roman de Roula Azar Douglas, a douloureusement échoué dans cette quête. Mariée à Pierre, deux enfants, elle va vivre une tragédie dont elle pourra difficilement se relever, celle de la violence conjugale. Roula Azar Douglas, dans son roman “Chez nous, c’était le silence“, s’inspire de l’histoire d’une amie libanaise pour dénoncer le calvaire quotidien que vivent certaines femmes au sein de leur couple. Harcelées, battues, humiliées, tétanisées par un mari agressif, violent, parfois pervers, elles vivent un enfer au quotidien, mais trop souvent elles ne disent rien, se résignent, acceptent leur sort. Pourquoi? pourquoi Ghada, malgré sa conscience, sa souffrance et l’exhortation de sa soeur, reste-t-elle aux côtés de cet homme violent et dominateur? Parce qu’elle a peur des représailles, peur pour ses enfants. Au Liban, le père a quasiment tous les droits sur les enfants, elle veut continuer à les élever comme dans une famille normale. Parce qu’elle est démunie, elle n’a pas de profession, elle est complètement dépendante de son mari économiquement. Parce qu’elle est fragilisée, inhibée par ce qu’elle vit tous les jours. Parce qu’elle est à bout de force: elle met toute son énergie à minimiser les tensions pour protéger ses enfants de la violence gratuite de son mari et de la violence aveugle de la guerre civile. Parce qu’elle a perdu toute confiance en elle, elle se sent même parfois coupable de ce qui lui arrive, elle a honte. Parce qu’elle veut respecter la promesse qu’elle a faite à son père de ne pas briser son foyer pour la réputation de la famille: c’est déshonorant dans une famille libanaise de quitter son mari. Pour toutes ces raisons elle ne peut pas partir, elle ne s’autorise pas à partir. Ainsi elle creuse son malheur et elle conforte son mari dans sa brutalité. Roula nous fait vivre par une écriture simple et délicate les douleurs, les tourments et les émotions de Ghada.
En mélangeant réalité et fiction, elle veut rompre la loi du silence sur ce problème social mais également donner aux femmes qui subissent cette violence conjugale la force de se battre contre leur destin d’épouses maltraitées. Objectif réussi ! Le livre est touchant et donne envie de vous le partager. Le lire, en parler c’est lever un peu le voile sur un problème trop souvent nié au Liban, comme dans d’autres pays d’ailleurs. La tradition et la religion régissent les règles familiales et empêchent l’institution d’un mariage et d’un divorce civils. Les hommes conservent une place dominante, l’honneur et la réputation de la famille sont trop souvent évoqués pour garder le silence. Les femmes sont donc démunies : où trouver un refuge ? Comment se séparer de son époux violent ? Comment faire valoir ses droits à la garde des enfants ? Comment garder sa maison ? Comment vivre et élever ses enfants ? Si la lutte contre la violence passe en partie par l’éducation, il faudrait avant tout que la loi enfin protège les victimes et permette de condamner et de sanctionner les hommes responsables de sévices. Mais les femmes concernées doivent trouver le courage de les dénoncer. Et ce n’est pas facile ! Vous pouvez trouver ce livre à Paris à l'Institut du monde Arabe : Chez nous, c'était le silence de Roula Azar Douglas

Article paru dans l'Orient Litteraire du 6 mars 2008

Partir… ou s’assumer

Chez nous, c’était le silence de Roula Azar
Douglas, Beyrouth, Dergham, 2007, 176 p.

Ce n’est pas un roman conventionnel
que celui de Roula
Azar Douglas, mais une vie,
réelle, concrète, authentique, qu’elle
raconte, avec des mots aussi concis
que denses. Le témoignage révèle un
talent exceptionnel d’écrivain dans
un Orient ballotté entre tradition
familiale rigide et postmodernité
de façade. On ne
peut s’arrêter aux descriptions
poignantes de
la condition de Ghada,
femme « mariée » à 19
ans, violentée par son
mari, et pourtant déterminée
à maintenir le
lien familial. Le récit incite
à des réflexions fort
actuelles sur la condition
féminine dans des
sociétés traditionnelles,
mais aussi sur d’autres
dérives actuelles dans
le mariage, le droit
des enfants à une vie
de famille, et plus généralement sur
l’amour.
Au-delà de la violence conjugale, comme
on en lit dans des livres récents, le
roman de Roula Azar Douglas pose en
termes fort simples la problématique
d’aujourd’hui d’une humanité techniquement
développée, mais sans âme,
où la structure familiale se trouve disloquée
au nom de l’amour. Ailleurs,
une autre humanité, celle de Ghada,
violentée, va apprendre péniblement à
« s’assumer ». Il y a aujourd’hui dans
des sociétés traditionnelles des mariages
sans amour, alors qu’ailleurs,
dans des sociétés libéralisées, se développent
des amours, au pluriel, sans
mariage et hors mariage.
Quel talent de romancière que celui de
Roula Azar Douglas, talent qu’elle devrait
désormais orienter encore vers la
biographie tant son récit est spontané,
concret, attentif au détail. Un témoignage
authentique qui, partout, vous
donne la sensation tangible du vécu.
Témoignage qui progresse, avec plein
de surprises, bien que la condition de
Ghada soit routinière et, du moins
dans l’avenir, prévisible, sans issue.
Le récit est par endroit si étouffant,
pire que le spleen romantique
de Baudelaire,
au point que le
lecteur a parfois envie
d’arrêter la lecture.
Mais le lecteur devient
si concerné par le sort
de Ghada, ses deux
enfants, ses hésitations
épisodiques entre
le suicide, le départ,
les diverses formes de
soumission… et la soif
d’un regard attendri et
authentique de Pierre !
Il ne s’agit pas seulement
de l’histoire d’une femme victime
de violence. Au-delà du « lourd
et pénible silence » (p. 37) pointe une
profonde spiritualité, celle plutôt de la
romancière elle-même. On l’entrevoit
à travers des interrogations poignantes
: « Où est passée ta dignité ? » (p.
11) ; « Baisse ta voix, les voisins… »
(p. 11) ; « Pleurer doucement, presque
sans bruit » ; « Tu sais que je fais
cela pour les enfants » (p. 12) ; « Elle
ne peut en aucun cas être responsable
de l’éclatement de sa famille » (p.
13) ; « Ce n’est pas une peluche ! C’est
Fanny ! » (p. 28) ; « Ils ne faut pas que
les enfants la voient dans cet état »
(p. 33)… Il y a aussi des expressions
cruelles : « Ses enfants sont des bouches
à nourrir et des factures à payer »
(p. 36)...
Je trouve admirable la capacité de discernement,
au sens de saint Ignace de
Loyola, de Roula Azar Douglas. Il y a
d’un côté la situation suivante : « Chez
nous, il n’y a jamais eu de scandale »
(p. 38) ; « Une femme de bonne famille
ne quitte pas son foyer » ; « Ne
brise pas ta famille » (p. 81) ; « Ta famille
est ta raison d’être » (p. 39) ; et
la fidélité au père de Ghada « qui vivait
dans une autre époque » (p. 71) et
le souci des enfants qui ont « le droit
d’avoir une vrai famille ». Quand on
pose à Ghada la question : « Vous êtes
sa femme ? » Roula Azar écrit : « La
jeune femme hoche affirmativement sa
tête » (pp. 117-118). Réponse par un
geste qui cache le lourd silence. André
Gide écrit à propos d’une relation qui
devait être fort affectueuse : « À force
de silence, nous avons fini par nous
entendre ! »
Toute la densité spirituelle du roman
réside, non dans une libéralisation
féminine préjudiciable à des valeurs
dites traditionnelles, ni dans une soumission
esclavagiste au contrôle des
« voisins ». Il s’agit plutôt « d’assumer
». Or « Ghada n’est pas encore
capable de s’émanciper ni de s’assumer
». Claquer la porte, partir, répondre
plus positivement au regard attendri
de Pierre…, cela ne résout pas le
problème actuel bien plus profond,
et à la limite tragique, de la stabilité
familiale, de l’amour partagé et responsable,
et du droit élémentaire des
enfants à une vie de famille.
De cet univers sans humanité, on sort
avec la certitude que « rien se sera
plus jamais comme avant. Quelque
chose a changé… Définitivement elle
a changé… Se battre pour y arriver. »

Antoine MESARRA

Paru dans Elle Oriental de Mars 2008

" Chez nous, c'était le silence" *

L’implacable combat d’une femme pour la vie, de Roula Azar Douglas

Un parfum d’une grande finesse. Et pourtant un bouquin de violences : le roman de Roula Azar Douglas n’est pas banal. Inspiré par la vie d’un couple déchiré et par la guerre, il tient en haleine le lecteur tiraillé entre souffrance et espoir. L’histoire de la guerre du Liban (1986), sans concession, Roula la raconte avec sobriété. Avec ses scènes d’atrocité, comme pour exorciser ce démon libanais. Histoire d’une femme battue par un énergumène qui cogne aveuglement, qui blesse la chair, qui humilie. Gratuitement. Histoire d’une societe. De ses tabous. D’une femme qui se cache pour pleurer. Une loi du silence qui l’enterre vivante. Un champ de ruine qui, in extremis, débouche sur la perspective de retrouver le bonheur. Un ton incisif, volontaire. A l’image de Roula Azar Douglas (journaliste à « Magazine »).

* Editions Dergham.
JL Prévost

Article paru dans alseyassah le 13/1/2008


الثقافية
اللبنانية العائدة من الاغتراب أصدرت "الصمت مخيما" بالفرنسية
رولا عازار تطلق صرخة- رواية ضد وحشية الحرب وتعنيف النساء





بيروت / ليندا عثمان:/ تهدي الروائية اللبنانية الاصل الكندية الجنسية رولا غازار دوغلاس روايتها الجديدة بالفرنسية "عندما كان الصمت مخيماً" Chez Nous C etait Le Silence إلى الأهل والأبناء والزوج والأحبة, وإلى كل من أصابته الحرب بشظية من شظايا الوجع والألم والخوف والسفر والهروب من العنف, إلى النساء اللواتي تضررن من العنف المنزلي والجسدي, وإلى كل من عاش في لبنان واختبأ في أروقة الزوايا والملاجئ وهرب إلى الأحراج والضياع المنسية.رولا عادت أخيراً من الغربة لتستقر في لبنان وتعمل في الصحافة الاجتماعية والتحقيقات الميدانية. اختارت الواقع اللبناني السائد وتحديداً العنف الذي يحط رحاله والحزن والتعاسة والمرارة ليكون أساس توجهها الروائي, متسائلة: هل ستتكرر الدراما الإنسانية التي عاشها لبنان في الحرب الأهلية. وفي العام 1986, نظرت إلى الجرحى على كرسي الآلام والقتلى بحسرة ووجع رافضة أن تتكرر هذه المأساة مذكرة بأن العنف لا ينفع السلام والعالم إذا لم يحتضن البشر لا يستطيع البقاء.أحداث الرواية تدور في لبنان خلال العام 1986, البطلة »غادة« سيدة منزل ووالدة في ربيع العمر تعيش مأساة مزدوجة: وحشية الحرب من جهة وعنف زوجها من جهة أخرى. غادة تعاني الأمرين, فهي أسيرة المجتمع وأسيرة وعد قطعته على أبيها, إلى أين?في الرواية نرى الكاتبة تصر على تغيير الأشياء (الغلط) في المجتمع, وقد اقتربت كتاباتها من الشعر لكنها لم تمارسه, حاولته مراراً لكن الكتابات الإنسانية داخل السرد الروائي الواقعي أخذتها إلى عالمها. من الصحافة جاءت لتقول أنها تحاول إضاءة شمعة, فلونت الوقائع والحالات خصوصاً الحالات الفطرية والمجردة, والتي تتسم بنقاء الأشياء وصميمها كما تقول والتي لا لبس فيها. الحالات التي تتسم برصد الحس الأول والذبذبات التي يحدثها, هذا الأمر غالباً ما أوقعها في الذاتية, لكنها ذاتية مقصودة, في جزء كبير منها "أنا أؤمن بأني كلما اقتربت من الخاص أقترب من الإنساني, وكلما ارتدت إلى داخلي أراني وقد انفتحت على الآخر, الإنسان, ما زلت أحاور ذاتي وآخذها بعيداً بعيداً في محاولة للكشف عن هواجسها, أحلامها, مخاوفها, آلامها وأفراحها, في محاورة أعتبرها مشروعة, ويجب أن لا تتقيد بمرحلة معينة من مراحل التطور التي تمر بها التجربة الروائية وليس لها علاقة بنضج الكاتب من عدمه.
»السياسة« سألت رولا عازار
بداية:كيف أخذتك الرواية إلى أحضانها?
/ الرواية أخذتني, امتلكتني لفترة طويلة, كنت أفكر في الكتابة ليلاً نهاراً, خصوصاً أن موضوع المرأة (المعنفة) يحرك في مشاعر عميقة, كأي حالة ظلم واستبداد. إن هذا الموضوع يستفزني, ويدعوني للتحرك.. والاستجابة والمحاولة لإحداث تغييرات ما في هذا الواقع الاجتماعي المريض.
ما حيثيات رواياتك أو "عندما كان الصمت مخيماً"?
/ الصمت, هو صمت المجتمع تجاه النساء (المعنفات) وهو صمت النساء خوفاً من المجتمع, "صمت", هذا العنوان يجيء متناقضاً مع ضجيج القذائف وأنين الجرحى, وبكاء الثكالى, كلها تختلج بها صفحات الرواية.
هل هذه الرواية بمثابة السيرة الذاتية?/
الانا موجودة, في سطورها وجذورها على قدر كبير. مشاهد الحرب مثلاً, ما هي إلا وقائع حفرت في ذاكرتي, وأنا طفلة لم أتجاوز السنوات العشر.. أما الرواية بحد ذاتها فهي مستوحاة من واقع امرأة عرفتها عن قرب, خبرتها عن قرب وقد عانت هي من العنف المنزلي, لكن في المطلق ليست القصة قصتها بتاتاً.
ما تأثير الرواية في واقع الإنسان السياسي والاجتماعي والثقافي?
/ عندما ترتكز الرواية على معانٍ مأخوذة أو مستوحاة من واقع الإنسان يسهل على القارئ إيجاد الروابط بين عالمه وبين عالم الرواية مما يزيد من تأثيرها في عالم القارئ ومجتمعه. وكم أتمنى أن يكون لروايتي الوقع الإيجابي في مجتمعنا, كوني أريد أن أطرح مشكلة العنف المنزلي وأدعو إلى التفكير في هذا الواقع وعدم إغراقه وتغييبه في الصمت المميت, أردت من خلال روايتي طرح مشكلة العنف المنزلي من منظور روائي أدبي
.لماذا كتبت بالفرنسية مع انك تجيدين العربية?/
لطالما أحببت اللغة العربية, إنما بعد إقامتي في كندا, أصبحت أعبر عن أفكاري الكتابية بسهولة بالفرنسية, ولا أرى مشكلة أو اختلافات بين اللغات فكلها تواكب بعضها وتشجع على الإبداع.
ما الفرق بين الرواية العربية والأخرى الفرنسية بنظرك?/
لن أتكلم عن الرواية الفرنسية بالمطلق, إنما أريد التحدث في هذا الشأن عن روايتي أنا. بنظري لا فرق بين روايتي التي كتبتها بالفرنسية, ورواية قد أكتبها بالعربية, إذ أن شخصيات الرواية لبنانيون عاشوا في لبنان, عايشوا التقاليد والعادات والحياة اللبنانية, والمصطلحات التي اعتمدها داخل الرواية ليست غربية, هي من طيباتنا وطحيننا وخبزنا ومعجننا.. واقعية وحميمة, من هنا لا أجد فرقاً في اللغتين لأن المضمون ينبع من ذاتنا.
هل تحاولين تقليد احد في كتاباتك?
/ كلا.. روايتي الأولى نابعة من قلبي لقد تقصدت اعتماد الأسلوب السهل والكلمات المأخوذة من واقع الحياة اليومية, كي تصل رسالتي التي تدين العنف المنزلي واضحة وجلية إلى القارئ.
إلى أية رواية تطمحين?
/ لا أطمح إلى نوع محدد أو أسلوب محدد, كل ما أتمناه أن تبقى قدرتي على الكتابة حية نضرة, وأن أبقى مصابة بشغف الكتابة الذي إن شفي الكاتب منه يفقد إبداعه وينتهي. إنه بالنسبة لي شغف كشف العلاقات والمستور وقول ما لا يقال. ما نفع الكتابة إن كانت تصفيقاً للسائد وإعادة إنتاج له? الإبداع هو كتابة دائمة "عكس السير" أريد أن أكتب دون حسابات ضيقة يقع الكاتب في مطباتها أحياناً, فيبقى لذلك صوته منخفضاً كي لا يزعج أرباب السلطة بكل أنواعها بما فيها السلطة الثقافية التي أحياناً تتماهى مع السلطة السياسية وخاصة في مجتمعاتنا العربية, أريد أن أكتب نفسي وما أؤمن به, وأن تكون كتاباتي مرآة لمجتمعي قبل أن تكون شيئاً آخراً.
هل تؤمنين بالتجريب في كتابة الرواية?/ أكتب بلغة أعيشها وأتنفسها وأحس بها, وأعبر من خلالها عن فكري وأحاسيسي ومشاعري, أكتب بلغة جلدي, فأنا ابنة هذا العصر وفاعلة به, ومتأثرة في آن, ولابد بالتالي لكتابتي أن تكون مرآة لتجربتي إذا كنت صادقة مع تجربتي ولا أدعي تجربة لم أعشها, إن في اللغة أو في الأسلوب, ستأتي كتابتي بالطبع ترجمة لواقعي وواقع أبناء جيلي, بهذا المعنى ستكون كتابتي "حديثة" وليست تجريبية, فالرواية بالنسبة لي كائن حي, وهي دائماً في زمانها ومكانها, وهي تحاكي الحاضر حتى لو استعمل الكاتب زمناً روائياً ماضياً, هناك حيلة في الكتابة يستحضر معها الكاتب الماضي ليقول الحاضر, ويعكس ما يفكر به في زمنه ومجتمعه الحاليين, من حق كل كاتب أن يجرب وأن يهدم كي يبني شيئاً آخر.. لكن الإبداع لا يعترف بمقاييس التجريب.. هناك سيرورة حياة لا تستقيم إلا بدورة متكاملة لا نهاية لها.
ما تأثير الفرانكوفونية في حوار الثقافات?/
اللغة المشتركة هي وسيلة تواصل, والتواصل هو أول خطوة باتجاه التفاهم والتقارب, لا مجال في اللغات والتواصل من استبداد أو طغيان أو سيطرة هناك حوارات, تبادل ثقافات اختلاط.. بالنسبة لي ما من حدود مقفلة, أرى الفرانكوفونية كمد وجزر, أخذ وعطاء, بين الشعوب.

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10 janvier 2008
Rompre la loi du silence

“Le bonheur est la plus grande des conquêtes, celle qu’on fait contre le destin qui nous est imposé” Albert Camus


Ghada, l’héroïne du premier roman de Roula Azar Douglas, a douloureusement échoué dans cette quête. Mariée à Pierre, deux enfants, elle va vivre une tragédie dont elle pourra difficilement se relever, celle de la violence conjugale.
Roula Azar Douglas, dans son roman “Chez nous, c’était le silence“, s’inspire de l’histoire d’une amie libanaise pour dénoncer le calvaire quotidien que vivent certaines femmes au sein de leur couple. Harcelées, battues, humiliées, tétanisées par un mari agressif, violent, parfois pervers, elles vivent un enfer au quotidien, mais trop souvent elles ne disent rien, se résignent, acceptent leur sort.
Pourquoi? pourquoi Ghada, malgré sa conscience, sa souffrance et l’exhortation de sa soeur, reste-t-elle aux côtés de cet homme violent et dominateur?
Parce qu’elle a peur des représailles, peur pour ses enfants. Au Liban, le père a quasiment tous les droits sur les enfants, elle veut continuer à les élever comme dans une famille normale.
Parce qu’elle est démunie, elle n’a pas de profession, elle est complètement dépendante de son mari économiquement.
Parce qu’elle est fragilisée, inhibée par ce qu’elle vit tous les jours.
Parce qu’elle est à bout de force: elle met toute son énergie à minimiser les tensions pour protéger ses enfants de la violence gratuite de son mari et de la violence aveugle de la guerre civile.
Parce qu’elle a perdu toute confiance en elle, elle se sent même parfois coupable de ce qui lui arrive, elle a honte.
Parce qu’elle veut respecter la promesse qu’elle a faite à son père de ne pas briser son foyer pour la réputation de la famille: c’est déshonorant dans une famille libanaise de quitter son mari.
Pour toutes ces raisons elle ne peut pas partir, elle ne s’autorise pas à partir. Ainsi elle creuse son malheur et elle conforte son mari dans sa brutalité.
Roula nous fait vivre par une écriture simple et délicate les douleurs, les tourments et les émotions de Ghada. En mélangeant réalité et fiction, elle veut rompre la loi du silence sur ce problème social mais également donner aux femmes qui subissent cette violence conjugale la force de se battre contre leur destin d’épouses maltraitées.
Objectif réussi! Le livre nous touche et nous avons envie de le partager. Le lire, en parler c’est lever un peu le voile sur un problème trop souvent nié au Liban, comme dans d’autres pays d’ailleurs. La tradition et la religion régissent les règles familiales et empêchent l’institution d’un mariage et d’un divorce civils. Les hommes conservent une place dominante, l’honneur et la réputation de la famille sont trop souvent évoqués pour garder le silence.
Les femmes sont donc démunies : où trouver un refuge? Comment se séparer de son époux violent? Comment faire valoir ses droits à la garde des enfants? Comment garder sa maison? Comment vivre et élever ses enfants?
Si la lutte contre la violence passe en partie par l’éducation, il faudrait avant tout que la loi enfin protège les victimes et permette de condamner et de sanctionner les hommes responsables de sévices. Mais les femmes concernées doivent trouver le courage de les dénoncer. Et ce n’est pas facile!
En attendant de lire le prochain roman de Roula Azar Douglas vous pouvez la retrouver dans les colonnes de Magazine où elle travaille comme journaliste.
Vous pouvez trouver ce livre (publié par Dergham et bientôt traduit en arabe) dans toutes les grandes librairies libanaises, à Paris à l’Institut du Monde Arabe et sur le site http://www.antoineonline.com/

Coupure de presse: Al-Anwar le 13 / 12 / 2007

(رواية رلى عازار دوغلاس: (عندنا كان الصمت مطبقاً

صدر للصحافية اللبنانية الكندية رُلى عازار دوغلاس روايتها الأدبية الأولى باللغة الفرنسية (عندنا كان الصمت مطبقاً) Chez nous, c'etait le silence.
الرواية تحكي قصة من صميم الحياة اليومية للبنانيين خلال الحرب في لبنان، وتحديداً في منتصف ثمانينات القرن الفائت، حيث تسرد الكاتبة مأساة الحياة الشخصية لإمرأة شابة من الطبقة الوسطى تتخبط في آتون الأحداث بين زوجها القاسي والعنيف والبخيل وطفليها الصغيرين والمشاكل الناجمة عن الحرب وعن واقعها الشخصي المرير.
والرواية تتناول مشاكل عانت منها معظم العائلات اللبنانية - حتى لا نقول جميعها - من تدهور قيمة العملة الوطنية، الى السعي لإيجاد حياة أفضل في الغربة، وتحديداً في كندا، الى الآثار المدمرة للأحداث الأمنية...
وللرواية جانبها الإجتماعي العميق الذي لا يخلو من العاطفية، حيث أنها تقدم سرداً واقعياً للعلاقة بين الرجل وزوجته والعنف الجسدي والمعنوي الذي يمارسه الزوج على امرأته وأولاده، مع عجز الزوجة عن الدفاع عن نفسها إلتزاماً منها بالتقاليد العائلية والإجتماعية القديمة. وتصف الرواية هذه التقاليد بالبالية، حيث لا تجد بطلة القصة نجاتها سوى بالهجرة وترك وطنها...
وتلقي الرواية إضاءة لافتة على العمل الرائع والبطولي الذي يؤديه المتطوعون في الصليب الاحمر اللبناني من خلال وصفها لشاب يسكن في جوار بطلة القصة ويقدم اليها كل العون المطلوب عندما تبرز الحاجة، ولا يتردد في تعريض حياته للخطر لأداء رسالته الإنسانية.
وتنتهي الرواية ببصيص نور وأمل للبطلة قد يفتح المجال لديها لتعيش حياة أفضل وإعادة إكتشاف مشاعر الحب التي طالما إفتقدت اليها.
والكتاب مصاغ بلغة فرنسية بليغة، ولو أنها سهلة الفهم، وهو مفعم بالعديد من العبارات اللبنانية المحكية لدى ذكر الحوارات بين الشخصيات.
يتألف الكتاب من 176 صفحة من القطع الوسط، ويتميز باخراجه الأنيق للغاية، وهو من إصدار دار نشر ضرغام.
ميشال توفيق دحدوح

L'Orient le jour mercredi 28 novembre 2007 5:00 Beyrouth

SIGNATURE - Ce vendredi 30 novembre, à 18h00, au stand Antoine de l’ABC
« Chez nous, c’était le silence » de Roula Azar Douglas : un roman dénonciateur de la violence conjugale
L'article de Zéna ZALZAL




C’est un premier roman aux forts accents de témoignage. Un livre qui aborde un sujet tabou, mais hélas bien réel, la violence conjugale. Dans « Chez nous, c’était le silence », qui vient de paraître aux éditions Dergham, Roula Azar Douglas dénonce, au moyen d’un habile mélange de réalité et de fiction, le sort des femmes victimes d’un mariage malheureux.

Un thème douloureux que cette journaliste à Magazine, spécialisée dans les sujets sociaux, portait en elle depuis longtemps. Car « cette histoire est vraie. Elle est inspirée du vécu d’une personne qui m’était chère et qui est aujourd’hui décédée. En témoignant de son calvaire, j’ai voulu en quelque sorte lui rendre hommage. Et en imaginant, dans la seconde partie du livre, une autre issue à sa vie, plus heureuse, j’ai voulu donner aux femmes qui expérimentent cette violence l’envie de se battre contre leur destin d’épouses battues ! » affirme Roula Azar Douglas.
Car elles sont plus nombreuses qu’on ne le pense, ces femmes qui ont fait le mauvais choix, qui ont tiré le mauvais numéro à la loterie du mariage et qui se retrouvent victimes silencieuses de sévices corporels et psychologiques. Victimes d’un mari violent, agressif et cruel. Mais aussi victimes d’une multitude de peurs qui les poussent à garder le silence. À se résigner. Peur du qu’en-dira-t-on, du jugement des gens, des représailles – encore plus fortes ! – du mari, peur de ne pouvoir subvenir toutes seules à leurs besoins et à ceux de leurs enfants, ou encore peur de ne pas être crues, le mari-bourreau jouant souvent à l’homme charmant en société.
« Elle l’a provoqué », entend-on souvent dire d’une femme qui a déclenché la fureur de son époux. C’est justement du contraire que témoigne Roula Azar Douglas, en décrivant, à travers ce rapport dominant-dominé, des scènes de violence totalement gratuites et injustifiées.
Des scènes, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, tout à fait véridiques, que l’auteur dépeint sans complaisance d’aucune sorte, d’un ton juste. Un style simple, humain, ni larmoyant ni froid, qui contrebalance ainsi la dureté d’un sujet d’autant plus éprouvant que cette histoire de « guerre conjugale » se déroule, dans les années quatre-vingt, en pleine guerre libanaise.
À travers Chez nous, c’était le silence, Roula Azar Douglas espère aider à briser cette loi du silence érigée par la honte et la peur. Elle espère que ce roman vrai, élaboré à partir d’un cas réel, étayé de recherches approfondies sur la violence conjugale ainsi que sur les événements de guerre qui y sont décrits, puisse pousser « ne serait-ce que quelques femmes à se battre contre leur sort, à briser la chape de la résignation et à prendre en main leur avenir », dit-elle, avec un fort accent de sincérité.
Il semblerait d’ailleurs qu’elle ait toujours rêvé de changer le monde, Roula Azar Douglas. Ou du moins d’améliorer la vie de quelques personnes. En se destinant à la médecine d’abord, « pour essayer de combattre la maladie, le cancer... », dit-elle. Puis par la plume, lorsqu’ayant dû interrompre ses études de biologie à l’AUB pour cause de guerre, d’émigration au Canada et de rencontre avec son mari, elle se tournera – après un bref passage par des études bancaires – vers le journalisme et le reportage social.
Entre-temps, rentrée au Liban, Roula Douglas, qui vient de décrocher son DESS de journalisme, carbure plus que jamais à cette « envie d’écrire, d’exprimer et de partager » ses opinions. Un désir d’expression qui – d’articles de presse en romans (le second également inspiré d’un cas social est en route) – porte cette femme à la fois sensible et forte.

Zéna ZALZAL