ENTRETIEN
Depuis qu'il en a pris les rênes en 2004, l'Université libano-américaine (LAU) s'est développée de façon exponentielle. Accréditations des facultés, nouveaux programmes académiques, un campus à New York et présence accrue dans la société. Rencontre avec le Dr Joseph G. Jabbra.
Propos recueillis par Roula Azar Douglas | OLJ19/02/2016
Pouvez-vous nous donner un bref aperçu de votre parcours professionnel qui a précédé votre nomination à la tête de la LAU ?
Je suis né à Ferzol, dans la Békaa. Après un baccalauréat en philosophie du Collège oriental et un diplôme en droit de l'USJ, suivant les recommandations de mes parents, je suis parti aux États-Unis où j'avais de la famille. Je ne connaissais pas un seul mot d'anglais à l'époque. J'ai réussi, à la fin du premier semestre, à décrocher une bourse doctorale qui m'a permis de compléter un PhD en sciences politiques à la Catholic University of America à Washington DC. J'ai voulu retourner au Liban, mais la guerre y faisait rage. J'ai alors accepté une offre au Canada et je suis devenu vice-président pour les affaires académiques et la recherche à la St. Mary's University à Halifax. Puis, de 1990 à 2004, j'ai servi comme vice-président pour les affaires académiques à la Loyola Marymount University à Los Angeles. Mais au fond de ma tête, j'ai toujours caressé l'idée de retourner au Liban.
Qu'est-ce qui, à votre avis, distingue la LAU des autres universités ?
Notre mission est succincte, mais puissante, forte dans sa simplicité. C'est l'excellence. Nous nous engageons à l'excellence, non seulement académique, mais l'excellence dans tout ce que nous entreprenons. Par ailleurs, nous sommes une institution centrée sur les étudiants. Nous prenons soin d'eux. S'ils trébuchent, nous leur tendons la main. Nous les aidons à se remettre sur pieds. Nous sommes ici pour donner le savoir. Pour élargir l'horizon du savoir. Avec nos étudiants, ce que nous visons, c'est l'éducation de toute la personne, pas seulement l'excellence académique. Nous leur fournissons la possibilité de grandir psychologiquement. Et, très important, nous croyons fermement que nous avons un rôle à jouer auprès de la société. Nous voulons aider la société à résoudre ses problèmes, à relever ses défis.
Comment concrétisez-vous votre mission auprès de la société ?
D'abord, en acceptant sa jeunesse. Nous estimons que toute personne qualifiée doit avoir la possibilité d'intégrer la LAU. Nous consacrons 25 millions de dollars aux aides financières allouées aux étudiants. Par ailleurs, nous nous intéressons aux élèves brillants dans les écoles publiques. Nous avons obtenu de l'USAid (le Fonds américain pour le développement international) 18 millions de dollars pour couvrir les frais de scolarité, les logements et repas, les ordinateurs, les livres de 260 étudiants (actuellement inscrits à ce programme). Nous répondons également aux besoins de la société à travers la formation continue que nous offrons notamment au Nord, à Zahlé, à Beyrouth.
Finalement, nous contribuons activement à la construction de la nation. L'éducation civique revêt une grande importance pour nous. À titre d'exemple, il y a environ neuf ans, lors des élections estudiantines, il y a eu des échauffourées. Nous avons décidé de transformer cette situation en un moment d'enseignement. Après avoir informé les étudiants impliqués dans ces actes de leur expulsion, nous avons donné une deuxième chance à l'étudiant qui remplit ces trois conditions : suivre des ateliers sur la résolution pacifique des conflits, sur l'acceptation des différences, sur le contrôle de la colère, effectuer 150 heures de travaux communautaires dans une région ayant une couleur confessionnelle différente de la sienne, et réussir un examen. 19 des 20 étudiants ont ainsi réintégré l'université. Nous n'avons plus eu aucun problème de la sorte tout en sachant que nos étudiants viennent de tous les horizons, qu'ils appartiennent à des religions différentes et ont des pensées politiques divergentes.
Quelles sont parmi les dernières réalisations de la LAU celles qui méritent d'être soulignées ?
En premier, les accréditations. La reconnaissance de l'université comme une institution américaine qui mérite l'accréditation l'a catapultée sur le devant de la scène. La LAU est aujourd'hui accréditée par la New England Association of Schools and Colleges (Neasc). L'École de génie est accréditée par l'Accreditation Board for Engineering and Technology (Abet), la meilleure agence d'accréditation au monde. L'École de pharmacie est la seule au Liban à être accréditée par l'Accreditation Council for Pharmacy Education (Acpe). L'École de sciences infirmières est accréditée par la Collegiate Commission on Nursing Education. Mais trois de nos plus importantes réalisations sont la création de l'École de médecine, l'achat de l'hôpital (Rizk) et la création de l'École des sciences infirmières. Sans oublier l'établissement, en 2013, de notre campus à New York.
Pouvez-vous nous parler de ce nouveau campus au centre de Manhattan ?
Je tiens à rappeler que la LAU est une institution américaine et non une institution au style américain. Il était très important pour nous d'avoir un siège social et un centre universitaire au cœur de Manhattan, à deux blocs des Nations unies. C'est un pont que nous lançons entre les États-Unis et non seulement le Liban, mais toute la région. Et comme je l'ai signalé lors de son inauguration, ce campus est un cadeau présenté par le Liban en retour de celui offert par Sarah Lanman Huntington Smith en 1835 lorsqu'elle a fondé la première école pour filles dans la région (qui est devenue la LAU). Nous y offrons des cours variés, dont des cours d'arabe. Et dans le cadre des Global Classrooms LAU Model United Nations, deux fois pas an, nos étudiants y vont pour apprendre à de jeunes collégiens et lycéens internationaux ce qu'est la diplomatie, comment accepter les différences, les méthodes de négociation... Des valeurs que nous leur inculquons.
Pour conclure, que fait la LAU pour aider ses étudiants à intégrer le marché du travail ?
Nous leur offrons, à travers le Bureau des affaires estudiantines, la possibilité de rencontrer des conseillers, de suivre une séance d'orientation professionnelle, d'apprendre à rédiger leur CV, à mener des entretiens d'embauche... Par ailleurs, nous organisons un Salon de l'emploi annuel auquel participent environ 80 entreprises, et programmons une série de conférences sur des sujets relatifs à l'emploi. Nous avons par ailleurs un réseau très actif d'anciens étudiants qui soutiennent les diplômés dans leur recherche d'emploi.
Depuis qu'il en a pris les rênes en 2004, l'Université libano-américaine (LAU) s'est développée de façon exponentielle. Accréditations des facultés, nouveaux programmes académiques, un campus à New York et présence accrue dans la société. Rencontre avec le Dr Joseph G. Jabbra.
Propos recueillis par Roula Azar Douglas | OLJ19/02/2016
Pouvez-vous nous donner un bref aperçu de votre parcours professionnel qui a précédé votre nomination à la tête de la LAU ?
Je suis né à Ferzol, dans la Békaa. Après un baccalauréat en philosophie du Collège oriental et un diplôme en droit de l'USJ, suivant les recommandations de mes parents, je suis parti aux États-Unis où j'avais de la famille. Je ne connaissais pas un seul mot d'anglais à l'époque. J'ai réussi, à la fin du premier semestre, à décrocher une bourse doctorale qui m'a permis de compléter un PhD en sciences politiques à la Catholic University of America à Washington DC. J'ai voulu retourner au Liban, mais la guerre y faisait rage. J'ai alors accepté une offre au Canada et je suis devenu vice-président pour les affaires académiques et la recherche à la St. Mary's University à Halifax. Puis, de 1990 à 2004, j'ai servi comme vice-président pour les affaires académiques à la Loyola Marymount University à Los Angeles. Mais au fond de ma tête, j'ai toujours caressé l'idée de retourner au Liban.
Qu'est-ce qui, à votre avis, distingue la LAU des autres universités ?
Notre mission est succincte, mais puissante, forte dans sa simplicité. C'est l'excellence. Nous nous engageons à l'excellence, non seulement académique, mais l'excellence dans tout ce que nous entreprenons. Par ailleurs, nous sommes une institution centrée sur les étudiants. Nous prenons soin d'eux. S'ils trébuchent, nous leur tendons la main. Nous les aidons à se remettre sur pieds. Nous sommes ici pour donner le savoir. Pour élargir l'horizon du savoir. Avec nos étudiants, ce que nous visons, c'est l'éducation de toute la personne, pas seulement l'excellence académique. Nous leur fournissons la possibilité de grandir psychologiquement. Et, très important, nous croyons fermement que nous avons un rôle à jouer auprès de la société. Nous voulons aider la société à résoudre ses problèmes, à relever ses défis.
Comment concrétisez-vous votre mission auprès de la société ?
D'abord, en acceptant sa jeunesse. Nous estimons que toute personne qualifiée doit avoir la possibilité d'intégrer la LAU. Nous consacrons 25 millions de dollars aux aides financières allouées aux étudiants. Par ailleurs, nous nous intéressons aux élèves brillants dans les écoles publiques. Nous avons obtenu de l'USAid (le Fonds américain pour le développement international) 18 millions de dollars pour couvrir les frais de scolarité, les logements et repas, les ordinateurs, les livres de 260 étudiants (actuellement inscrits à ce programme). Nous répondons également aux besoins de la société à travers la formation continue que nous offrons notamment au Nord, à Zahlé, à Beyrouth.
Finalement, nous contribuons activement à la construction de la nation. L'éducation civique revêt une grande importance pour nous. À titre d'exemple, il y a environ neuf ans, lors des élections estudiantines, il y a eu des échauffourées. Nous avons décidé de transformer cette situation en un moment d'enseignement. Après avoir informé les étudiants impliqués dans ces actes de leur expulsion, nous avons donné une deuxième chance à l'étudiant qui remplit ces trois conditions : suivre des ateliers sur la résolution pacifique des conflits, sur l'acceptation des différences, sur le contrôle de la colère, effectuer 150 heures de travaux communautaires dans une région ayant une couleur confessionnelle différente de la sienne, et réussir un examen. 19 des 20 étudiants ont ainsi réintégré l'université. Nous n'avons plus eu aucun problème de la sorte tout en sachant que nos étudiants viennent de tous les horizons, qu'ils appartiennent à des religions différentes et ont des pensées politiques divergentes.
Quelles sont parmi les dernières réalisations de la LAU celles qui méritent d'être soulignées ?
En premier, les accréditations. La reconnaissance de l'université comme une institution américaine qui mérite l'accréditation l'a catapultée sur le devant de la scène. La LAU est aujourd'hui accréditée par la New England Association of Schools and Colleges (Neasc). L'École de génie est accréditée par l'Accreditation Board for Engineering and Technology (Abet), la meilleure agence d'accréditation au monde. L'École de pharmacie est la seule au Liban à être accréditée par l'Accreditation Council for Pharmacy Education (Acpe). L'École de sciences infirmières est accréditée par la Collegiate Commission on Nursing Education. Mais trois de nos plus importantes réalisations sont la création de l'École de médecine, l'achat de l'hôpital (Rizk) et la création de l'École des sciences infirmières. Sans oublier l'établissement, en 2013, de notre campus à New York.
Pouvez-vous nous parler de ce nouveau campus au centre de Manhattan ?
Je tiens à rappeler que la LAU est une institution américaine et non une institution au style américain. Il était très important pour nous d'avoir un siège social et un centre universitaire au cœur de Manhattan, à deux blocs des Nations unies. C'est un pont que nous lançons entre les États-Unis et non seulement le Liban, mais toute la région. Et comme je l'ai signalé lors de son inauguration, ce campus est un cadeau présenté par le Liban en retour de celui offert par Sarah Lanman Huntington Smith en 1835 lorsqu'elle a fondé la première école pour filles dans la région (qui est devenue la LAU). Nous y offrons des cours variés, dont des cours d'arabe. Et dans le cadre des Global Classrooms LAU Model United Nations, deux fois pas an, nos étudiants y vont pour apprendre à de jeunes collégiens et lycéens internationaux ce qu'est la diplomatie, comment accepter les différences, les méthodes de négociation... Des valeurs que nous leur inculquons.
Pour conclure, que fait la LAU pour aider ses étudiants à intégrer le marché du travail ?
Nous leur offrons, à travers le Bureau des affaires estudiantines, la possibilité de rencontrer des conseillers, de suivre une séance d'orientation professionnelle, d'apprendre à rédiger leur CV, à mener des entretiens d'embauche... Par ailleurs, nous organisons un Salon de l'emploi annuel auquel participent environ 80 entreprises, et programmons une série de conférences sur des sujets relatifs à l'emploi. Nous avons par ailleurs un réseau très actif d'anciens étudiants qui soutiennent les diplômés dans leur recherche d'emploi.
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