Il pleut sur Beyrouth

Il pleut depuis des jours sur Beyrouth. Sur cette terre lacérée, meurtrie, éternellement condamnée à chercher son identité. Toujours menacée de cancer, de gangrène ou d’autres maux viscéraux dont elle ne pourra échapper. Est-ce un excès de pessimisme ou plutôt un sursaut de lucidité, un réalisme nouveau pour moi ? Comment pourra-t-on faire de cette terre une nation, quand la population n’admet pas un patrimoine commun, ne perçoit par le présent de la même façon ni ne cultive une même vision de l’avenir ?
Peut-on comme peuple, une fois pour toutes, se débarrasser de l’épaisse fumée du passé qui bloque toute réflexion profonde et sérieuse de notre part ? Ne peut-on, une fois pour toutes, se débarrasser des sentiments de haine, de peur de l’autre qui nous enchaînent et nous paralysent ? Ne peut-on, une fois pour toute, oublier pour un instant, toute appartenance partisane, dogmatique, idéologique et se concentrer uniquement sur la terre de nos aïeux, cette terre que nous rêvons de transmettre à nos enfants et à nos petits enfants. Ne peut-on pardonner ? Et surtout, surtout, ne peut-on se libérer de ces « maîtres » que beaucoup de libanais idolâtrent et suivent comme des gourous ? Ne peut-on les voir avec un esprit critique tel qu’ils sont réellement, « ordinaires » avec certaines qualités certes, mais aussi avec de graves et parfois fatals défauts ? Ne peut-on pas, pour une fois, couper ce cordon qui nous rattache à ce cercle vicieux d’obscurantisme et de violence et apprendre, évoluer, voler, se libérer et avancer vers un avenir radieux ? Ne peut-on tous chanter en cœur Khalass ! , et se diriger vers la Lumière en ouvrant une page blanche ?


Roula Azar Douglas

Signature



Signature le 30 novembre , Librairie Antoine, ABC Achrafieh, 18 heures.

Livre disponible au www.antoineonline.com