« I leaf art », pour l’amour de l’art, par amour de l’autre

Élie, Roula, William, Solange et Mostapha.
C’est une histoire de couleurs, de magie, de sourires générés. Elle aurait pu être une histoire de Noël. Roula Farès a 25 ans. Enseignante d’anglais dans une école élémentaire de l’Unrwa à Bourj al-Barajné, elle y mène des activités de sensibilisation auprès de jeunes garçons de 10 à 12 ans. « La salle où nous nous réunissons était dans un état lamentable. Un jour, j’ai décidé que j’en avais assez de voir les enfants évoluer dans ce milieu triste et sombre », raconte-elle. C’est alors que la jeune diplômée en gestion de l’éducation de l’Université internationale libanaise (LIU) a l’idée de contacter son amie Solange el-Heybe, jeune psychologue clinicienne, spécialisée en modération de groupes de thérapie à travers l’art, pour lui demander si elle connaissait quelqu’un capable de rénover la salle. Et début novembre, en quelques rencontres au hasard des chemins, « I leaf art » se forme. Solange, Roula, Élie, William et Moustapha, cinq jeunes de formations et d’intérêts différents, tous passionnés d’art, réunis autour d’un même objectif : embellir et améliorer les lieux de vie des plus démunis.Élie Assi a vingt ans. Diplômé en décoration d’intérieur, porté sur la photographie, il étudie actuellement la réalisation de films à l’Université des arts, sciences et technologies du Liban à Kaslik (AUL). « À travers l’embellissement de la salle, nous avons voulu contribuer au bien-être des enfants qui fréquentent cet endroit », explique-t-il. William Kachamy, quant à lui, n’a que dix-sept ans mais déjà une grande détermination. Après une première formation à l’imprimerie à al-Kafaat, ce jeune graffiteur (connu sous le nom de Willy Williams) qui rêve de dessiner un graffiti géant sur toute une façade d’immeuble, ambitionne d’étudier la décoration. « Je suis passionné de dessins et d’art. “ I leaf art ” me permet de partager cette passion pour embellir des lieux tristes », confie-t-il. Mostapha Berro, 24 ans, diplômé en business de l’Université internationale libanaise (LIU), est le cinquième membre du groupe. « Mostapha nous a préparé une surprise en offrant à chacun du groupe un gilet avec le nom “I Leaf art” imprimé dessus », raconte Solange. 
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Premier défi relevé
À l’école de l’Unrwa à Bourj al-Barajné, le budget alloué aux travaux d’embellissement de la salle est modeste. « Les élèves ont payé chacun la modique somme de 500 piastres comme contribution symbolique aux frais. Cela leur a permis de se sentir impliqués dans ce projet qui les concerne », assure Solange. Avec moins de 200 $, Solange, Roula, Élie, William et Mostapha ont réussi à créer pour les enfants une salle plus accueillante, plus jolie, plus chaleureuse. « Nous avons tenu à intégrer dans le dessin mural, des éléments de l’environnement des enfants, mais métamorphosés et embellis, tels les poteaux d’électricité et les lignes électriques sur lesquelles nous avons dessiné des notes de musique », poursuit Solange.
« Malgré la difficulté qu’ils rencontrent à extérioriser leurs sentiments, les enfants ont manifesté leur bonheur de retrouver leur salle embellie, rajeunie, vibrante de couleurs et équipée de rideaux », raconte Roula. Une expérience gratifiante que les membres de « I Leaf art » ont hâte de répéter à travers le Liban. Ce qui ne devrait pas tarder puisqu’ils ont déjà reçu plusieurs demandes pour janvier.
« I Leaf art », une excellente initiative, une belle promesse. Pour en savoir plus, visitez le www.facebook.com/pages/I-LeafArt/129098307249079 ? fref=ts.

Handicap : les photographies qui brisent les préjugés

Photo Ghina Fleyfel
Des sourires. Des accolades. De la tendresse. Du bonheur. C’est ce que montrent les photographies accrochées depuis le mercredi 12 décembre aux murs de la salle d’exposition de l’Institut français du Liban. Des clichés sur le thème du handicap – vivants et esthétiques – réalisés par des étudiants en photographie de l’ALBA qui, sous la supervision du photographe Samer Mohdad, ont réussi à capturer des regards, des gestes et des émotions, sans voyeurisme déplacé, et à fixer sur pellicule des moments et des scènes de la vie d’enfants de Sesobel. On y voit des filles et des garçons – atteints de handicaps physiques ou mentaux – en train de jouer, de danser, de faire de la peinture, de nager, de manger. On y voit des regards échangés, des mains qui se touchent, des plaisirs partagés. Et beaucoup de douceur. Un remarquable travail artistique et humain, effectué par des étudiants dont « l’implication a été au-delà du travail scolaire », aux dires d’Alain Brenas, responsable du département arts graphiques et publicité à l’ALBA.

Une expo et un livre
« Le contact avec ces enfants m’a beaucoup touché », raconte Georges Abi Aad. Le jeune homme de 22 ans trouve que cette exposition, qui s’inscrit dans le cadre du 35e anniversaire de Sesobel, montre l’handicap d’une autre façon. Ghina Fleyfel, 24 ans, étudiante en 5e année de photographie, n’avait jamais rencontré de personnes vivant avec un handicap. La petite appréhension qui a précédé sa première visite à l’association s’est vite dissipée, remplacée par le plaisir de découvrir « l’incroyable énergie positive » qui émane des enfants. Jad Safar, quant à lui, estime qu’outre un bienfait sur le plan personnel, cette expérience lui a permis « d’apprendre beaucoup sur l’aspect technique de la photographie ».
Parallèlement à l’exposition, Sesobel publie 7 jours parmi les anges. Un livre touchant – préfacé par Salah Stétié – dans lequel David Hury, écrivain et journaliste, raconte dans un style vivant et imagé l’histoire de Sesobel. « Il m’était impossible de me limiter à une vision institutionnelle et formelle. Il me fallait raconter une histoire. Celle des trente-cinq dernières années, par petites touches, mais surtout celle de tous (ces) personnages, en les rendant vivants, en les faisant parler, en les faisant évoluer dans leur cadre de vie, comme les personnages d’un roman en cours d’écriture », écrit l’auteur dans son avant-propos.
536 enfants de toutes les régions du Liban sont actuellement pris en charge par Sesobel qui, depuis 1977, s’occupe des enfants atteints de handicaps, physiques et mentaux, soutient leurs familles et travaille à améliorer la perception qu’a la société du handicap.
L’exposition se poursuivra à l’Institut français, rue de Damas à Beyrouth, jusqu’au 5 janvier. 

Au CPM, on construit la paix jour après jour

La nouvelle promotion de médiateurs formés par le CPM
à Beyrouth et Tripoli.
Une altercation entre étudiants qui tourne mal. Un différend de voisinage qui dégénère en violence. Un désaccord familial qui dérape en conflit permanent. Des situations non rares qui auraient pu être évitées ou du moins mieux gérées par le biais de la médiation. « Le but de toute médiation est d’amener les personnes en conflit à se comprendre, à renouer une communication et à trouver une solution qui satisfasse les deux parties », explique Johanna Hawari-Bourgély, avocate, médiatrice, formatrice, fondatrice et directrice du Centre professionnel de médiation de l’USJ (CPM).
Le CPM, créé en 2006, reçoit deux demandes de médiation par semaine à Beyrouth et une à Tripoli. « Nous avons 70 médiateurs actifs. Des hommes et des femmes qui proviennent de tous les horizons culturels et professionnels », précise la directrice du CPM. Des avocats, des médecins, des chefs d’entreprise, des banquiers, des ingénieurs, des magistrats, des infirmiers... Formés à la médiation, leur rôle est d’aider les citoyens à résoudre leurs différends par la voie de la compréhension, de l’écoute et du dialogue.

Devenir médiateur professionnel
C’est son « intérêt pour la résolution des conflits » qui a poussé Mohammad Mansour, 28 ans, volontaire à la Croix-Rouge et activement engagé dans le travail social, à suivre une formation au CPM pour devenir médiateur professionnel. Les cours théoriques, les exercices pratiques et les mises en situation lui ont été « très bénéfiques, ne serait-ce qu’au niveau personnel, dans la vie de tous les jours », affirme le jeune médiateur. Éliane Bou Khalil, responsable de formation au CPM, acquiesce. La médiatrice, qui compte dans son bagage académique un master euro-libanais en médiation interculturelle, confirme : « Effectivement, le changement apporté par la formation au niveau personnel est important. On apprend à écouter l’autre. On acquiert une plus grande ouverture, une souplesse et les outils pour gérer efficacement les tensions. »
Plus de 200 Libanais et Libanaises ont, eux aussi, fait le choix de se former à la médiation professionnelle au CPM. La formation d’une durée d’environ huit mois est validée par un diplôme de médiateur délivré conjointement par le CPM de l’USJ, l’Institut de formation à la médiation et à la négociation de l’Institut catholique de Paris et l’Association des médiateurs européens.
Par ailleurs, le CPM propose, à Beyrouth et/ou à Tripoli, des séminaires d’initiation à la médiation et à la communication non violente. « L’objectif de ces séminaires est de permettre aux participants d’acquérir des outils et des techniques pour améliorer leur communication et gérer les situations conflictuelles personnelles », indique Mme Hawari-Bourgély. Le coût de la formation, d’une durée de 4h30, est de 110 000 LL.
Outre la formation, le CPM œuvre sérieusement pour promouvoir la médiation, qu’elle soit conventionnelle, judiciaire ou administrative. Membre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée, le centre cherche à promouvoir la création d’un médiateur de la République au Liban.

Former des étudiants-médiateurs
« Nous débutons la semaine prochaine à l’USJ une formation d’étudiants-médiateurs. Elle sera validée par une attestation. Ces universitaires seront compétents pour résoudre, au sein de leur campus, des conflits entre étudiants. Ils seront encadrés par des médiateurs seniors du CPM », annonce Mme Hawari-Bourgély. Le CPM a déjà mené à bien nombre de projets tels que la formation d’élèves-médiateurs au Collège des Saints-Cœurs (Sioufi) et à l’école Notre-Dame de Nazareth, et des formations à la communication non violente et à la médiation auprès des détenus des prisons de Roumieh et de Barbar Khazen. « Les détenus ont eu l’opportunité de vider leurs frustrations et leurs angoisses, et d’éviter ainsi de faire des transferts sur les autres détenus avec des passages violents à l’acte », souligne Mme Hawari-Bourgély.
Jean-Louis Keyrouz, élève au Collège des Saint-Cœurs (Sioufi), confie : « Avant de devenir médiateur, je croyais que dans les conflits de la vie, il y avait toujours un perdant et un gagnant. Maintenant, je réalise qu’on ne gagne rien en se disputant avec les autres. J’ai appris à comprendre leurs sentiments, la raison qui les pousse à agir et à réagir de telle ou telle autre façon. J’ai également appris à trouver avec eux les points communs et les terrains d’entente. »

www.cpm.usj.edu.lb

La fille qui ressuscite des œuvres d’art

Mélina, dans son atelier à Mar Takla.
Mélina Moussalli n’est pas uniquement jeune et charmante. Elle est aussi, et avant tout, intelligente, déterminée et passionnée. Et c’est de sa passion : l’art, ou plus précisément de son métier : la conservation et la restauration d’œuvres et d’objets d’art, qu’elle  m'a parlé en toute spontanéité. « Ce qui m’a poussée à m’aventurer dans ce domaine, c’est ma passion pour les métiers d’art et l’importance que revêt pour moi le fait de conserver ce qui était et de préserver l’intégrité non seulement des artistes originaux, mais aussi de l’art lui-même. »
Animée, pour l’art, d’un amour pérenne qui remonte à son enfance – sa mère est artiste –, Mélina intègre l’AUB pour poursuivre une licence en histoire de l’art et des beaux-arts. Mais sa formation pratique, c’est à l’atelier de restauration de Marion Boyer à Paris qu’elle l’effectue. « Le stage d’un an m’a donné l’occasion de travailler sur tout genre d’œuvres d’art provenant de chez Drouot, Christies... et en particulier sur des tableaux tibétains du musée Guimet de France », précise la jeune artiste de 25 ans qui avait complété préalablement des études de trois ans en restauration de tableaux et de céramiques aux Paris-Ateliers, en France. 

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Aujourd’hui, Mélina passe le plus clair de son temps dans son atelier – lumineux et calme – qu’elle a courageusement aménagé en octobre 2011, dans un quartier paisible de Mar Takla. « Pour moi, restaurer des tableaux et des objets en céramique n’est pas seulement un métier, c’est également un loisir », confie-t-elle. Parmi les multiples tâches professionnelles dont elle s’acquitte avec soin, nettoyer des tableaux lui procure un plaisir évident. « C’est merveilleux ! C’est toujours une découverte. On voit le tableau changer et se métamorphoser sous nos yeux », s’enthousiasme-t-elle d’une voix douce, presque timide, malgré l’ardeur qui s’en dégage. « Permettre au tableau de respirer », « redonner vie », « protéger », des expressions qui reviennent souvent dans sa bouche. « Pour moi, un tableau, c’est vivant », confirme-t-elle.
Les débuts sont-ils difficiles dans ce domaine ? « Les gens ont peur de confier leurs œuvres à des personnes qu’ils ne connaissent pas encore », admet-elle. Pour se faire connaître, elle visite des galeries, des antiquaires et distribue des brochures. « Petit à petit, les gens sont venus. Ils ont vu mon travail et se sont sentis plus confiants », raconte la jeune artiste qui, parallèlement à son métier, cherche à transmettre sa passion pour l’art en donnant des cours de peinture dans son atelier.
Mélina participe à l’exposition Afkart, prévue du 14 au 20 décembre au BIEL. Elle conclut : « Les œuvres d’art, comme les êtres vivants, ont besoin de soins. Il ne faut pas les laisser mourir. »
www.melinamoussalli.com 

La responsabilité sociale, ça s’insuffle, ça s’apprend

Hala Berri se rappelle très bien sa première rencontre avec les enfants de Nasma. « J’étais encore étudiante en licence à l’AUB. Je devais faire 40 heures de service communautaire dans le cadre d’un cours. Mon professeur m’a parlé de Nasma qui est un centre d’apprentissage dédié à offrir des chances égales d’éducation et de développement socio-économique aux enfants défavorisés de Hamra, mon quartier. »
Au début, Hala est sceptique. « Je n’étais pas convaincue que je pouvais changer quoi que ce soit dans la vie de ces enfants. » Mais rapidement, les interactions qu’elle a avec ces garçons et ces filles, les sourires qui brillent dans leurs yeux et les petits progrès qu’ils font doucement lui prouvent le contraire. « Réaliser la portée de mon action m’a donné des ailes. Je me suis retrouvée à revenir au centre bien après avoir complété les 40 heures requises par mon cours. De moi-même, sans y être obligée, motivée par le plaisir de v
oir les enfants s’améliorer », s’enthousiasme la jeune fille. 
Au centre Nasma, Hala Berri aide un petit garçon à faire ses devoirs.

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Hala obtient sa licence et entame un master en psychologie de l’éducation. Aujourd’hui, à 24 ans, elle travaille pour Nasma tout en poursuivant ses études.
« Des dizaines d’enfants scolarisés dans des écoles publiques ou des établissements privés gratuits à Beyrouth profitent des services offerts par Nasma », affirme Lama Mikati, directrice du centre. Les éducateurs et les bénévoles les accueillent six jours par semaine, de 14h à 18h, pour les guider, les aider dans leurs études et leur offrir différentes activités récréatives et sociales. Mais par-dessus tout, c’est une image positive d’eux-mêmes et un sentiment d’autoefficacité que Nasma veut donner à ces enfants. (L’autoefficacité est la conviction – fondée ou non – de la part d’une personne qu’elle possède la capacité de réaliser des tâches. Plus grand est ce sentiment, plus élevés sont les objectifs que s’impose cette personne, et plus fort est l’engagement dans leur poursuite). « Chaque année, des dizaines d’étudiants de l’AUB, de la LAU, de l’ACS et de l’IC s’engagent auprès de notre centre, animés par le désir de s’impliquer dans la communauté », pousuit Lama. 
Oui, l’engagement communautaire, ça s’apprend. Au Canada, des universités l’intègrent à tous les programmes d’études. L’apprentissage par le service communautaire permet aux étudiants de développer leur sens de la responsabilité civique et d’accroître leur compréhension de leur domaine de formation à travers une réflexion active de leur action bénévole. 

La politique, c’est aussi l’affaire des femmes !

Elles sont de plus en plus nombreuses à poursuivre des études supérieures. Et bien qu’elles n’aient jamais été aussi éduquées et qualifiées, elles sont encore quasi absentes des instances de prises de décision. La lutte pour l’égalité des sexes est encore à ses débuts dans les pays arabes et elle n’aboutira pas sans une réelle volonté d’autonomisation des femmes. C’est le message principal qui s’est dégagé, le 20 septembre, de la conférence « Jeunes femmes arabes meneuses : la voix de l’avenir », organisée par le Forum international des femmes arabes (AIWF), à la LAU.
Le Dr Dima Dabbous-Sensenig, directrice de l’Institut d’études sur la femme dans le monde arabe (Iwsaw) a reconnu que la participation des femmes au marché du travail est en augmentation, toutefois elle hésite à célébrer les progrès réalisés par la femme arabe en matière d’éducation puisque cette évolution n’est pas encore accompagnée d’une participation politique. « Notre plus grand défi aujourd’hui est d’aider les femmes diplômées à accéder à des positions significatives et des postes de direction. Combler l’écart entre les sexes n’est pas uniquement lié à l’équité et à la protection des droits de l’homme, c’est également d’économie et d’efficacité qu’il s’agit », a déclaré l’ancienne ministre des Finances Raya el-Hassan, la première femme à être nommée à un tel poste au Liban. Quant à Haïfa al-Kaylani, présidente fondatrice du Forum international des femmes arabes, elle s’est félicité du « long chemin » parcouru par les femmes dans les pays de la région. « Au cours de la dernière décennie, l’écart entre les sexes dans divers secteurs a été considérablement réduit, a-t-elle rappelé. Plus que jamais auparavant, on trouve des femmes siégeant au conseil d’administration des établissements d’enseignement ou des entreprises, et jouant un rôle actif dans la société en tant que professeures, journalistes, médecins, avocates ou étoiles montantes du sport. »


La participation
à la vie politique 
est un droit
À quelques mois des élections législatives libanaises, les partis politiques sont appelés à désigner des femmes candidates. Nos universités, nos hôpitaux, nos entreprises regorgent de femmes intelligentes et compétentes. Et vu que loi libanaise est encore très discriminatoire envers la femme et le fossé entre les sexes significatif, nous élevons la voix pour qu’au prochain gouvernement, un ministère soit consacré à l’égalité et à l’autonomisation des femmes afin d’assurer aux Libanaises l’égalité des droits et des chances et leur permettre de participer, sur un pied d’égalité avec l’homme, à la gouvernance de leur pays. 

« Ya ashta (délicieuse crème) ! Qu’est-ce que tu fais ce soir ? »

« Je me fais souvent accoster dans la rue, se plaint Rouba, étudiante en journalisme à la faculté d’information et de documentation de l’Université libanaise. On me siffle, me klaxonne ou me lance des propos déplaisants ou blessants. C’est très frustrant. » La jeune fille de 20 ans n’est pas motorisée et utilise souvent le transport en commun pour ses déplacements. « Pour me rendre à l’université, par exemple, je marche une dizaine de minutes car ma maison est loin de la route principale où passent les “services”. Et je suis obligée de changer plusieurs fois de voitures en cours de route. » Ce qui prolonge son exposition « aux regards insistants et aux remarques désobligeantes de certains hommes ». Le cas de Rouba n’est pas isolé. Le harcèlement de rue est une réalité quotidienne pour beaucoup de femmes au Liban.
Une réalité que le collectif Nasawiya essaye de changer. Depuis quelques mois, le groupe féministe mène une opération de sensibilisation contre le harcèlement sexuel. La campagne est basée sur un personnage, Salwa, femme menue qui n’hésite pas à se défendre face au harcèlement dont elle est victime à l’université, au travail, en taxi, dans la rue, dans les boîtes de nuit. En parallèle aux miniclips intitulés Les aventures de Salwa sur YouTube, Nasawiya a créé un blog, « Resist Harassment », où les femmes, comme Rouba, peuvent témoigner et partager leur expérience – dans l’anonymat si elles le souhaitent – du harcèlement sexuel. Toujours dans le cadre de cette campagne, Nasawiya a mis sur les routes un camion équipé de haut-parleurs qui diffusent en boucle des sifflements, des bruits de bouche et des voix de femmes proférant des remarques salaces. « Toi, beau brun, tu me plais, tu habites où ? », « Oh la la ! Quels beaux biceps ! » « Toi, le beau, tu existes en Jell-O ? ». Une initiative originale pour rappeler que le harcèlement n’est pas un jeu.
Par ailleurs, Nasawiya travaille avec un avocat à la rédaction d’une loi sur le harcèlement sexuel au travail. « C’est très bien ce qu’ils font, reconnaît Rouba. Mais il faut surtout changer la mentalité des gens qui souvent confondent harceler et draguer. Parfois, lorsque je me plains devant des amis des remarques et insultes qu’on me lance dans la rue, ils banalisent cela et me disent, avec un clin d’œil agaçant : “mais avoue, sincèrement, tu ne te sens pas flattée” ? »

Un athlète, un modèle, une source d’inspiration

Insérés dans l’en-tête de son blog, le drapeau libanais, l’image d’un casque de protection et ces trois expressions: «Constamment, patiemment, avec succès.» Des mots qui représentent sa vision de la vie, lui qui a réussi à se surpasser à maintes reprises. Lui qui, après un grave accident de travail survenu en 1995 et qui l’a laissé paraplégique, est parvenu à rebondir, à se reconstruire et à se créer une nouvelle existence.
Quel bel exemple de résilience!

Deux ans seulement après son accident, Edward Maalouf commence à s’entraîner intensivement et devient en 2005 cycliste à main professionnel. Aujourd’hui, presque deux décennies après sa malheureuse chute du 6e étage d’un immeuble en construction, cet athlète doublement médaillé de bronze en cyclisme à main aux Jeux paralympiques de Pékin est parti à la conquête de l’or à Londres.
En tapant son nom sur un moteur de recherche, on tombe rapidement sur des appels de soutien à Edward Maalouf qui se bat – sous les couleurs libanaises – presque sans aucun support officiel du gouvernement libanais. Une honte! Une honte aggravée par le fait que c’est nous qui avons besoin d’Edward Maalouf, de l’image qu’il véhicule et de la bouffée d’espoir qu’il transmet.
Dans une entrevue accordée après ses excellents résultats (malgré des problèmes de santé) aux Jeux de Pékin, Maalouf adresse un mot aux Libanais souffrant de handicaps. «...Je suis sûr que si j’ai pu le faire, ils peuvent également y parvenir, affirme-t-il. Ils doivent se battre pour atteindre leurs objectifs.»
Un précieux message et une leçon de vie qui peut servir à chacun de nous.

Une chercheuse libano-canadienne s’intéresse à la dépression chez les femmes enceintes

Le Dr Rima Azar, professeure adjointe en psychologie de la santé à l’Université Mount Allison (Canada), dirige une étude clinique qui vise à étudier le lien entre la dépression et l’anxiété chez la femme enceinte et le nouveau-né.


Elle a gardé dans son regard le soleil du Liban, son pays d’origine, qui, lorsqu’elle l’a quitté à l’âge de dix-sept ans pour s’installer au Canada, saignait, lacéré par la guerre civile. « Des barrages coupaient les rues et, plus grave encore, d’énormes barrières psychologiques séparaient les gens », se rappelle le Dr Rima Azar. Un vécu qui n’est peut-être pas étranger à l’objet de ses recherches en psycho-neuro-immunologie (l’étude des interactions entre les processus psychologique, neuronal, endocrinien et immunitaire dans le but d’élucider leur impact sur la santé). Un domaine de recherche relativement nouveau et multidisciplinaire. « L’étude que nous menons présentement se penche sur l’humeur dépressive et anxieuse de la femme enceinte, les marqueurs pro-inflammatoires pendant la grossesse et la croissance du fœtus », poursuit le Dr Azar qui dirige, depuis 2008, le Laboratoire de psychobiologie du stress et de la santé à l’Université Mount Allison (MTA) au Nouveau-Brunswick.

Un parcours académique et professionnel des plus intéressants
Après une maîtrise en psychoéducation et un doctorat en psycho-neuroendocrinologie développementale obtenu en 2005 de l’Université de Montréal (l’UdeM) – sa thèse, mention remarquable, a été classée par l’UdeM parmi les 10 % meilleures du domaine –, le Dr Azar complète un stage postdoctoral de quatre ans au Réseau universitaire de la santé, Université de Toronto, dans le domaine de la psycho-neuro-immunologie et les maladies coronariennes, avant d’accepter en 2008 un poste académique à MTA et d’obtenir sa permanence en 2012.
Au mois de mai passé, suite à l’obtention d’un fonds de démarrage pour leur recherche, octroyé par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), le Dr Azar et son équipe, composée d’un obstétricien, d’un spécialiste du développement des enfants, d’un épidémiologiste et d’un anthropologue, entament la première phase de l’étude. Le Dr Azar a également reçu une bourse salariale pour nouveau chercheur des IRSC/Programme de partenariat régional-Nouveau-Brunswick, qui lui permet d’alléger sa charge d’enseignement pour consacrer plus de temps à la recherche. « Deux cents femmes dans leur première grossesse, et leurs fœtus/nouveau-nés, participent à l’étude, qui nous permettra de déterminer si les sentiments anxieux ou dépressifs chez les mères sont associés à une croissance fœtale réduite », précise le Dr Azar. La recherche, longitudinale, a pour ambition d’étudier dans sa phase postnatale la réaction des nouveau-nés au stress et leurs réponses inflammatoires en lien avec de futurs risques cardio-vasculaires.
En plus d’apporter de nouvelles connaissances, l’étude, d’une durée de trois ans, aura des implications importantes pour la pratique et la politique de la santé prénatale. « Les résultats sensibiliseront les médecins sur l’importance de la détection précoce des symptômes dépressifs de la femme enceinte d’un côté. D’un autre côté, ils serviront de base pour une étude ultérieure visant à élaborer et tester de brèves interventions afin de réduire la dépression subclinique (dépression d’intensité très légère, située sous le seuil diagnostique) », explique le Dr Azar.

La prévention de la maladie coronarienne
Passionnée par la recherche, le Dr Azar, pour laquelle « toute situation est une occasion d’apprentissage », travaille également sur le dosage de la protéine C-réactive (CRP), un marqueur de l’inflammation, chez les individus jeunes et en bonne santé exposés à la fumée du tabac. « Mon objectif à long terme pour les deux lignes de recherche est la prévention de la maladie coronarienne », affirme-t-elle.
La chercheuse, qui confie que ce qu’elle apprécie le plus de son métier, c’est le contact humain, projette de faire des recherches sur la dépression parmi les détenus dans les pénitenciers. « Je m’intéresse également à l’adaptation au stress, tant sur le plan physiologique que psychologique, indique le Dr Azar qui avait travaillé, au cours de ses recherches antérieures, avec des parents d’enfants atteints de maladies chroniques. Je planifie de débuter un projet pilote avec des gardiens de prison à sécurité maximale pour évaluer leurs sources et niveaux de stress, le risque d’épuisement professionnel et les stratégies d’adaptation développées. Cela dans le but de contribuer à améliorer leurs conditions de travail. »
Des conseils qu’elle répète à ses étudiants : « Cultivez votre sens critique. Questionnez les articles scientifiques certes, mais aussi l’information massive sur Internet et les articles dans les journaux. » Des recommandations universelles, valables pour tous les étudiants. « Dans le contexte sociopolitique actuel au Liban, cette approche scientifique aidera les jeunes Libanais à demeurer critiques face au risque de désinformation ou de rumeurs non fondées présentées parfois comme des certitudes », souligne le Dr Azar.
La chercheuse, qui, à ses débuts, « rêvait comme tout jeune de changer le monde », le fait à sa manière, elle dont l’une des publications dans la très sérieuse revue scientifique Biological Psychiatry a été qualifiée par les éditeurs comme « une étude ayant conduit à d’importantes conclusions particulièrement précieuses pour la communauté ». 

Lumières !

Que savent les étudiants de Ghassan Tuéni? Que savent-ils des (autres) grands intellectuels du pays du Cèdre? Peut-on généraliser? Sûrement pas. Mais force est de constater que la petite enquête journalistique, publiée il y a quelques jours par un quotidien arabophone auprès d’un certain nombre d’étudiants en journalisme, est inquiétante. «Qu’avez-vous appris, au fil de vos lectures ou au cours de votre scolarité, sur Ghassan Tuéni ? » a-t-on demandé à des journalistes en devenir.
Les réponses – peu satisfaisantes – de ces femmes et hommes du Liban de demain « ne reposent pas sur un fondement solide », rapporte le journal. Les étudiants – issus de la même filière – ont avancé différentes interprétations quant à leur manque de connaissances. « Le curriculum qui s’appuie uniquement sur des cours théoriques », « Le gouvernement qui ne s’intéresse pas aux grands intellectuels de leur vivant, attitude copiée par l’université », « Les étudiants qui ne lisent pas assez et qui ne cherchent pas à se cultiver » et même, selon un étudiant, « des divergences avec la pensée de Ghassan Tuéni, d’où l’absence des articles, textes et autres œuvres de ce grand journaliste ».
La faute du programme d’études, des jeunes eux-mêmes, de l’énorme quantité de savoirs à véhiculer aux étudiants, comme l’a suggéré un responsable universitaire ? Peu importe les causes, les conséquences de cette pauvreté de connaissances risquent d’être dévastatrices pour un peuple qui cherche encore son identité.

Peut-on compter uniquement sur les initiatives individuelles et les lectures personnelles des étudiants pour la transmission de l’héritage de nos grands penseurs aux futures générations et, en conséquence, pour la sauvegarde de notre patrimoine culturel? Ne doit-on pas intégrer dans les cursus les grands visages du pays du Cèdre, surtout ceux de grands intellectuels tels que Ghassan Tuéni qui fait l’unanimité de tous les Libanais?
Nous appelons le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur à introduire d’urgence les grands penseurs libanais, et à leur tête Ghassan Tuéni, dans les programmes scolaires et dans toutes les filières universitaires, à l’instar des cours de civilisation dans les universités américaines. Sinon, la vraie question qui s’impose serait: que restera-t-il du Liban demain? 

Making Waves, au-delà de la natation

Dans son nom, le clapotis de l’eau, l’écume des vagues, les rires des enfants. Car ce club étudiant concerne les enfants. Mais pas n’importe lesquels. Des filles et des garçons (de 3 à 17 ans) ayant des déficiences physique ou mentale. « Notre premier objectif est de permettre à ces enfants de connaître, comme tous les autres, un simple plaisir, celui d’être à l’aise dans l’eau et de nager », explique Farah Abi Mosleh, étudiante en agriculture à l’AUB. La jeune fille de dix-neuf ans est la présidente du club Making Waves Lebanon qu’elle a fondé il y a quelques mois, avec une poignée de jeunes, Sara Zeidan, Katia Maroushe et Roy Naoum Taoutel, tous étudiants à l’AUB. « Outre les cours personnels de natation, nous voulons donner à ces enfants une chance d’enrichir leurs aptitudes sociales et de se faire de nouveaux amis », poursuit Farah.
L’histoire a commencé l’été passé, lorsque Farah et ses camarades se sont engagés comme volontaires dans un camp d’été pour enfants déficients visuels, tenu à l’USJ. « Nous y avons rencontré Alia Jan, membre de Making Waves Canada, organisation étudiante fondée en 2004 par des étudiants de l’université McGill », précise Farah. De son contact avec les petits, la jeune étudiante raconte : « C’était la première fois que je m’occupais d’enfants ayant des besoins particuliers. Une expérience marquante. On découvre chez eux des capacités qu’on ne soupçonne même pas. » Farah se rappelle « la joie indescriptible » du jeune Mehdi (15 ans) lorsqu’il a sauté dans l’eau. « Nous étions tous dans la piscine à l’encourager. » Mehdi a appris à nager en quatre sessions. « Mais ce n’est pas toujours le cas. Il faut prendre le temps, rassurer l’enfant et parfois lui apprendre des choses basiques qu’il ne connaît pas », explique Farah. À la fin du camp, Alia propose aux jeunes étudiants de l’AUB de fonder une section de Making Waves dans leur université. C’est le début de l’aventure.

De gauche à droite : Omar Daouk, Sara Zaidan, Jad Abiad, Farah Abi Mosleh, Roy Taoutel et Katia Marroushe.

La naissance de Making Waves Lebanon est difficile. « Il fallait convaincre l’AUB de nous accorder l’autorisation de créer ce club à l’université, collecter des fonds, trouver une piscine », poursuit Farah, qui insiste sur le soutien de Mme Amal Yehya, directrice de l’école New Orient Academy. « Elle fut la première à nous aider. Nous apprécions énormément son appui », répète-elle. Pour le financement de leur club, les jeunes étudiants participent à des événements tenus à l’AUB et organisent une soirée karaoké dans un restaurant à Hamra. « C’était très réussi. 110 personnes ont répondu à l’appel. On ne s’attendait pas à un tel succès. »
Aujourd’hui, les fonds sont là. Les jeunes vont pouvoir louer la piscine qu’ils ont « trouvée » dans un gym à Koraytem. En attendant de commencer les séances de natation avec les enfants, Farah, Sara, Katia et Roy sont plus motivés que jamais. Farah conclut : « Nous espérons qu’en 2013, Making Waves s’étendra à plusieurs universités libanaises et que cette association deviendra une vraie ONG. Les enfants ayant des besoins particuliers ont de grands potentiels. Il faut leur donner les moyens de les développer. » 

Un texte, tristement d'actualité, que j'ai écrit il y a des années...

Par Roula AZAR DOUGLAS


Il y a quelques années, je pensais que mes souvenirs s’étaient estompés jusqu’à s’effacer complètement devant les jours qui passent, devant mes voyages et mes nouvelles expériences, devant mon bonheur de vivre, devant mon mariage, devant les rires de mes deux garçons.

Non, je n’ai rien oublié.

Il a suffi d’un son, d’une image, d’une odeur, d’un incident, d’un 12 juillet pour que je me rende compte que tout est là, intact. Intactes sont les images d’horreur, intacte est la peur qui me dévore de l’intérieur, intact est le dégoût face à cet aspect Mister Hyde dans chaque être humain, intact est le désespoir qui surgit sans avertissement et tente inlassablement de m’attirer au fond d’un gouffre sans fond, intact ce rejet de toute forme de violence même verbale, intacte cette phobie de toute personne en uniforme, intacte cette angoisse de la mauvaise nouvelle à chaque sonnerie du téléphone.

Non, je n’ai rien oublié.

Je me souviens d’événements que j’aurai peur de rapporter par crainte que mes enfants ne les lisent, par crainte que d’autres enfants ne les lisent. Mais, finalement, c’est pour ces enfants que je vais exorciser les démons de la guerre. C’est pour éloigner le spectre d’une nouvelle guerre civile que je vais écrire...

Je me souviens de ce jour d’été, j’étais encore une enfant. J’entends un bruit métallique répétitif suivi par les cris de mes sœurs cadettes, Rania et Rima. Je revis cet étrange sentiment qui m’envahit : un mélange de peur et de curiosité. Je cours au balcon de notre appartement. Et je m’arrête net. J’ai l’impression que si je tends la main, j’arriverais à toucher ce char qui s’ouvre difficilement un passage dans les ruelles de mon quartier. Tout est figé. Le temps s’est arrêté. Le sang glacé, les yeux exorbités, je regarde horrifiée, sans vraiment comprendre. Soudainement, après ce qui me semble être une éternité, je reprends contact avec la réalité. Les doigts glacés de ma mère qui me serrent le bras me font froid, j’entends sa voix durcie par l’angoisse et la peur : « Roula, rentre vite au salon ! » Ce qu’elle me dit résonne dans mes oreilles, mais ne rencontre aucun écho dans mon conscient. Mes jambes sont molles. Elle n’a d’autre choix que de me pousser vers l’intérieur. Je ne suis pas capable de discuter avec elle de ce que j’ai vu. La nuit, je n’arrive pas à m’endormir. Et malgré les murs qui séparent notre chambre de celle de mes parents, j’entends clairement une partie des propos qu’ils échangent : – « Antoine, les filles ont tout vu ! Ces monstres ! Ces brutes ! Ces barbares ! Ils traînaient un homme sur la chaussée, derrière le tank ! Il avait les poings et les pieds liés !
– Calme toi, Robine. Ne réveillons pas les filles. »

Je me souviens, comme si c’était hier, de la panique de mes camarades de classe quand, lors d’un cours d’histoire, une pluie d’obus s’est abattue sur notre quartier. Je ressens ma peur et mon angoisse. Je me rappelle très bien de la frénésie des enseignants et des religieuses cherchant à mettre de l’ordre dans la ruée des élèves hors des classes et les dirigeant vers la cantine pour s’abriter. Je vois leurs visages blêmes quand ils se sont rendu compte qu’à la cantine, il y avait de grosses bonbonnes de gaz rendant l’endroit dangereux. Je vis encore ce soulagement ressenti à l’arrivée de papa. Il me serre la main très fort comme s’il a peur de me perdre. Je me rappelle du retour à la maison. Ce chemin, mille fois emprunté, mais qui, ce jour-là, semble se dilater indéfiniment...

Je me souviens des yeux confus et évasifs d’une copine, après une semaine d’absence de l’école. Je pense à l’attroupement des camarades autour d’elle, ne sachant quoi lui dire ni comment la consoler. J’entends leur chuchotement : « La pauvre, son père a été tué par l’explosion d’une voiture piégée. »

Je me souviens de longues nuits passées à l’abri, dans la pénombre et l’humidité. Je me souviens des heures interminables, accrochée au combiné du téléphone, priant pour la sécurité des proches et amis, attendant la ligne qui ne « vient » pas...

Je me souviens de mon « bizarre » réveil une certaine nuit de septembre 1978. Je me rappelle des mots exacts pour ma sœur : « Rania, tante Ramona est morte. » Personne ne me l’avait dit, mais je le savais. Je vois encore la frustration de ma famille de ne pas pouvoir assister à l’enterrement ; la ville étant assiégé. Plus tard, à plusieurs reprises, Rania et moi avons cru la rencontrer au coin d’une rue avant de nous rappeler qu’elle est « partie ». À chaque visite de condoléances, mes sœurs et moi captions des bribes de conversation des « grands » : la tasse de café turc est restée intacte sur sa table de chevet ; elle est morte dans l’abri, avec tous ses voisins ; l’abri était mal construit ; elle ne voulait pas quitter la ville par crainte de perdre son emploi à la banque, elle avait 40 ans...

Je me souviens de nos fuites sous les bombes vers le port de Jounieh, des petites chaloupes empruntées dans la nuit noire, de l’échelle-corde au-dessus de la mer sombre qu’il fallait emprunter pour prendre le bateau de commerce, en pleine mer. Je me souviens des chansons militaires à la radio, des photos de jeunes martyrs aux murs de ma ville, des sirènes des corbillards mortuaires. Je me rappelle des lamentations, remplacées plus tard par des gémissements d’une voisine meurtrie par la perte de son fils de 18 ans et que nous entendions pendant des mois, chaque nuit, quand le silence se faisait dans notre quartier.

Je me souviens de cette dernière image que j’ai de la guerre civile dans mon pays : je vois le trottoir devant notre immeuble, à Achrafieh, envahi par nos amis, nos proches et nos voisins ; je vois les larmes sur leurs joues ; je vois leurs gestes d’adieu et je me revois avec mes parents et mes sœurs prenant place dans ce taxi qui nous emmenait vers l’aéroport. Dans la voiture, personne n’osait prendre la parole par peur d’éclater en sanglots. C’était le 16 juin 1990 et nous fuyions vers le Canada…

Quand un groupe d’étudiants fait renaître un magazine




De gauche à droite, Camille el-Khoury (directeur administratif), Brahim Najem (directeur de rédaction), Jad el-Youssef (rédacteur), Celine-Marie el-Chami (rédactrice en chef adjointe) et Pascal Watwat (directeur général). 


« Certains voient les choses telles qu’elles sont et demandent pourquoi ; je rêve de choses impossibles et me dit pourquoi pas. » C’est la citation – de Kennedy – que Hala Abou Charaf, étudiante en troisième année d’économie à l’USJ, a choisie pour introduire son éditorial de rédactrice en chef du premier numéro d’ÉcoLibre paru en avril passé. ÉcoLibre, le magazine des étudiants de la faculté des sciences économiques de l’USJ, qui « a servi de porte-voix aux étudiants assoiffés de liberté dans les années 90, un rôle qui a été souligné dans le film Rue Huvelin, précise Pascal Watwat, président de l’amicale étudiante et directeur général de la publication estudiantine. ÉcoLibre – qui paraissait sous forme de dépliant distribué uniquement sur le campus de la rue Huvelin – n’était plus publié depuis 2008 ». « Faire revivre ce magazine était l’un des plus grands projets autour desquels s’est articulée notre campagne lors des élections estudiantines, au début de l’année universitaire », poursuit Pascal. Le défi a été relevé et la promesse tenue. Il y a quelques semaines, c’est un magazine d’une centaine de pages – bien illustré, riche en articles variés rédigés majoritairement par des étudiants et traitant de sujets divers dans différents domaines tels que la finance, le droit, la politique, l’écologie, la culture, la mode et le cinéma – qui a été distribué sur les campus.
« Les rédacteurs sont issus de toutes les facultés. Nous avons voulu également nous ouvrir sur d’autres universités, notre but étant d’enrichir nos articles par des regards différents », confie Pascal Watwat, qui s’est également occupé de la conception graphique du magazine. « Nous avons tout fait nous-mêmes : le choix des sujets, la rédaction des articles, la conception graphique, la maquette, la mise en page. Ce qui nous a permis d’épargner quelque 2 000 $ », indique Brahim Najem, directeur de rédaction et étudiant en 3e année d’économie à l’USJ. Cela représente 60 % du coût total, qui est de 3 000 $ environ couverts en grande partie par des sponsors sollicités par les étudiants eux-mêmes.
Outre Pascal, Hala et Brahim, le comité de rédaction compte également deux autres étudiants : Céline el-Chami, rédactrice en chef adjointe, et Camille el-Khoury, directeur administratif et financier, qui s’est occupé du site Web, du finissage technique et de la distribution. À savoir que plus de 2 500 copies d’ÉcoLibre ont été distribuées sur les campus de l’USJ.
Sur la couverture de ce premier numéro d’ÉcoLibre, une photo du bâtiment – partiellement ensoleillé – de la faculté d’économie sur la rue de Damas. Pascal précise : « Nous avons choisi cette photo pour l’ombre et la lumière. Nous voulons que notre magazine, ressuscité dans un nouveau concept professionnel, puisse, à l’instar du soleil dans la photo, apporter un éclairage différent sur l’économie, la culture et l’actualité. »


Il est temps que la profession d’infirmier soit reconnue à sa juste valeur






Ils sont quelque 10 000 au Liban à exercer la profession d’infirmier. Des milliers de femmes et d’hommes dont la mission consiste, d’après la définition qu’en donne l’OMS, à aider les individus, les familles et les groupes à déterminer et réaliser leur plein potentiel physique, mental et social. Leurs fonctions sont variées et vont du maintien et de la promotion de la santé à la prévention des maladies. Indispensables, ils le sont sans aucun doute. Recherchés aussi, surtout dans les régions et depuis que le phénomène d’émigration des infirmiers est devenu une triste réalité au Liban. Pourtant, ces professionnels de la santé souffrent encore, malgré les efforts soutenus et les réclamations constantes de l’ordre des infirmiers et infirmières au Liban, de conditions de travail inacceptables. « Nous sommes désolés de vous informer que nous n’avons pas atteint les objectifs que nous nous sommes fixés, et cela malgré les demandes insistantes et répétées auprès des responsables et des instances concernées », a déclaré Mme Claire Ghafari Zablit, présidente de l’ordre des infirmiers et infirmières au Liban, lors de la conférence de presse tenue le jeudi 10 mai, dans les locaux de l’ordre, à Sin el-Fil, à l’occasion de la Journée internationale des infirmières. Les revendications, fort réalistes et tout à fait légitimes, portées par l’ordre des infirmiers et infirmières au Liban sont : l’ajustement des salaires en tenant compte de la situation économique, des diplômes détenus et des fonctions occupées ; la mise en place de contrats de travail entre les journaliers et les employeurs ; la reconnaissance des diplômes et la réduction du temps de travail à 42 heures par semaine. « Nos revendications portent également sur l’octroi de primes annuelles et d’indemnités pour le travail les jours fériés, l’établissement d’une assurance santé et des vacances annuelles », a affirmé Mme Zablit. Des infirmiers et des infirmières de tout âge et de toutes les régions du Liban, des défenseurs de la cause infirmière et de nombreux journalistes ont assisté à la conférence. « Pourquoi doit-on accepter de travailler de longs mois sans toucher de salaire ? » s’est écriée une infirmière présente lors de la conférence de presse. Une autre a confié avoir peur de se plaindre auprès de l’ordre par crainte des représailles. « J’ai peur de perdre mon travail si je me plains. » Par ailleurs, les infirmiers souffrent encore de stéréotypes ancrés dans la pensée commune et véhiculés par les médias. L’image la plus répandue est celle de « l’ange de miséricorde » qui se « sacrifie » pour les autres. Des stéréotypes contre lesquels l’ordre des infirmiers et infirmières au Liban lutte depuis des années. Dans cette optique et pour inciter les jeunes à choisir la profession d’infirmier, l’ordre a réalisé un court-métrage – à diffuser dans les écoles secondaires – mettant en scène de jeunes infirmiers et infirmières passionnés, fiers et motivés, qui racontent leur métier. Environ 500 infirmiers sont diplômés des universités libanaises par an. Un chiffre bien en deçà de la demande des hôpitaux.

Pour toutes ces raisons, je l’aime


Par Roula AZAR DOUGLAS | samedi, mai 5, 2012

Il y a mille et une raisons de « désaimer » le Liban. Pourtant, dans les milliers de messages nés de l’initiative de Philippe Abou Zeid sur Twitter, c’est de son sentiment d’amour envers le pays du Cèdre que l’on parle. Le jeune homme de 28 ans, diplômé en sciences politiques de l’USJ et en journalisme de l’Université libanaise, raconte : « En discutant avec des amis, la veille de la commémoration
de la guerre civile libanaise, j’ai réalisé que rien n’encourage les jeunes à rester au Liban. C’est à ce moment que j’ai eu l’idée de créer un trend sur Twitter (#ILoveLebanonBecause) pour contrer l’atmosphère négative qui sévit dans le pays. » Le jeune homme décide alors de créer « une situation de solidarité en ligne afin d’inciter les gens à oublier la guerre, de provoquer une réflexion positive sur le Liban et le plus important : de porter les Libanais à réaliser qu’ils aiment toujours et pour toujours leur pays ». Derrière son initiative, l’amour pour sa patrie, mais aussi pour sa petite sœur Carmen âgée de 15 ans qui, elle aussi, rêve de s’envoler vers de nouveaux cieux. « Je veux donner aux jeunes et à ma sœur en particulier des raisons de ne pas quitter le Liban. »






C’est ainsi que Philippe invite ses abonnés (followers) à partager avec les autres utilisateurs les raisons pour lesquelles ils aiment leur pays. Des milliers de Libanais répondent à l’appel. Son initiative, encouragée à ses débuts par les « tweets » (messages sur Twitter) de personnalités médiatiques comme Marcel Ghanem et Neshan Derharoutounian ou de la chanteuse Élissa, connaît rapidement un franc succès. Un flot de commentaires positifs, souvent drôles et originaux, déferle sur Twitter. « Au cours des premières 24 heures, 1 500 tweets liés au #ILoveLebanonBecause sont postés, générant plus de 1 251 000 impressions (personnes ayant lu le tweet sur leur page) pour une audience de plus de 364 000 abonnés », affirme Philippe. Des chiffres élevés qui ont pourtant été dépassés le lendemain, cette marée numérique laissant peu de jeunes Libanais actifs sur Twitter indifférents. « Aucune figure politique n’a participé. Ce qui a préservé cette campagne de toute politisation », tient à souligner Philippe, qui travaille comme producteur-reporter à l’émission Kalam el-Nass. Le jeune homme, qui a l’intention de rassembler bientôt les messages postés sur Twitter dans une publication papier, conclut : « Je rêve d’un jour où l’on puisse écrire : j’aime le Liban car c’est plus qu’un pays, c’est un paradis. »

Le dopage, bien plus qu’une tricherie

Par Roula AZAR DOUGLAS | samedi, avril 28, 2012

Le dopage tue. Il ne décapite pas uniquement le sport ou l’esprit de compétition. Il foudroie également la santé des jeunes sportifs. En Belgique par exemple, on rapporte depuis quelques années au moins un décès annuel des suites de la consommation de produits anabolisants. En France, deux jeunes joueurs de rugby ont développé il y a quelques semaines un cancer qui serait lié à la consommation d’une substance achetée sur Internet. Dans le monde entier, le dopage constitue une menace pour le sport et les sportifs. Le Liban ne fait pas exception. Une étude publiée en février 2012 par le Journal of nutrition and metobolism indique que plus de 36 % des personnes fréquentant des salles de gym à Beyrouth ont reconnu consommer des « compléments nutritionnels » sans supervision médicale étroite. Évidemment, tous les produits vendus sous le label de « suppléments alimentaires » ne sont pas néfastes et ne sont pas considérés comme dopants. Mais en l’absence de mesures serrées de contrôle et d’inspection des substances vendues dans les boutiques du coin, sur les chaînes de télévision (!), sur le Net, et dans les clubs de sport « sous le manteau », un danger bien réel guette les jeunes sportifs, et particulièrement ceux qui cherchent par tous les moyens à améliorer leur performance physique ou augmenter leur masse musculaire. Sachant que les sportifs amateurs ne sont pas (ou rarement) soumis à des contrôles antidopage.
L’institut de physiothérapie de l’USJ, conscient des dangers du dopage, offre une formation intitulée « Dopage : pratiques sportives et contrôles ». Cette formation de dix heures est offerte dans le cadre du master en physiothérapie. « Mais elle peut être ouverte aux physiothérapeutes, aux entraîneurs et même aux sportifs qui le souhaitent », affirme Mme Nisrine Abdelnour Lattouf, directrice de l’institut de physiothérapie de l’USJ. L’objectif de ce cours est de faire connaître les pratiques du dopage et d’apprendre aux jeunes et à leur entourage à discerner entre alimentation, traitement et dopage. « Il a pour but aussi de souligner les effets néfastes de cette pratique et d’inciter à la lutte contre la consommation de produits dopants », poursuit Mme Lattouf. La formation est dispensée par M. Jihad Haddad, physiothérapeute, officier international de contrôle de dopage au sein du Comité olympique d’Asie et à l’Agence mondiale antidopage.
« Au Liban, les structures sportives ne sont pas toutes pourvues d’un médecin ou d’un préparateur physique. Le physiothérapeute se trouve alors confronté à des situations qui exigent de lui une bonne connaissance du dopage, indique Mme Lattouf. Il y a des coachs qui conseillent aux joueurs de consommer des substances pour améliorer leur performance. D’où la nécessité de sensibiliser les physiothérapeutes et l’ensemble des acteurs dans le domaine sportif sur les dangers du dopage. »

La laïcité vue par les jeunes Libanais

Ils sont venus nombreux, au Bathish auditorium, pour écouter la conférence du Dr Fawaz Traboulsi sur la laïcité au Liban. Un évènement organisé le jeudi 12 avril par le Club laïc de l’AUB en commémoration de la guerre civile libanaise.

 
Rackel Mezher, étudiante en 2e année de génie chimique et membre du club, insiste dans son mot d’ouverture sur le lien direct entre le système confessionnel et la guerre civile. « Nous croyons que la laïcité garantit l’égalité de tous les citoyens et la liberté de chacun, dit-elle. Nous voulons sensibiliser les gens aux dangers du confessionnalisme. Le rôle de la laïcité dans l’édification d’un État de droit n’est pas une illusion. L’illusion est de croire que le système confessionnel peut perdurer. »

 
Devant un public très attentif, le Dr Traboulsi, professeur de sciences politiques à la LAU et à l’AUB, déplore l’amnésie officielle qui couvre la guerre. Le professeur, qui est aussi journaliste au quotidien as-Safir, dénonce la version officielle qui parle de la « guerre des autres au Liban ». Une théorie qui permet aux Libanais de fuir toute responsabilité dans la guerre qui a ravagé le pays pendant 15 ans. « Il n’y aura jamais une version unique de la guerre, conclut-il. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas s’informer, se documenter, communiquer, se rappeler et apprendre de la guerre. »

 
Le Club laïc – qui est totalement indépendant des partis et des courants politiques libanais – a été fondé il y a 3 ans par des étudiants de l’AUB dans l’objectif de sensibiliser la nouvelle génération sur les dangers du système confessionnel. « Nous avons également pour objectif de combattre les préjugés envers “l’autre”, qui se basent sur une haine et un désir de vengeance latents, et d’exposer notre vision de la laïcité au Liban comme seule alternative durable pour préserver le Liban libre, indépendant, souverain, démocratique et pluriel », affirme Jean Kassir, étudiant en 1re année d’économie et membre du club.
 

Les étudiants espèrent réussir l’expérience de ce club en tant que rassemblement politique alternatif laïque pour exporter le modèle à d’autres universités. « Il s’agit de démocratiser à fond l’idée en ayant des représentants ailleurs, dans d’autres facs, explique Jean Kassir. Nous ne voyons pas notre club comme un rassemblement élitiste limité aux étudiants de l’AUB. À cet effet, nous travaillons avec d’autres organisations avec lesquelles nous partageons les mêmes objectifs. »
 


Au Liban, la laïcité n’est pas pour demain. Cependant, une chose est sûre : le plus long chemin commence toujours par un pas.

Il est temps de lever l’injustice !

Par Roula AZAR DOUGLAS
L'Orient-Le Jour du vendredi 30 mars 2012


Je crois fermement à l’égalité des races, des nationalités, des personnes, de l’homme et de la femme. Égalité qui devrait être garantie par la loi, principe fondamental de tout État de droit. D’où l’urgence d’amender la loi sur la nationalité au Liban. Cette loi qui remonte à 1925 et qui m’empêche, à l’instar de milliers de Libanaises, de partager une grande partie de mon identité, mon appartenance à ma patrie, mes racines et mon histoire avec ce que j’ai de plus cher au monde, avec la chair de ma chair : mes enfants.

La loi actuelle permet à la femme palestinienne, jordanienne, irakienne, saoudienne, iranienne, syrienne, africaine, européenne, américaine, de devenir libanaise sans d’autres conditions que son mariage avec un Libanais. Plus grave, elle lui permet de transmettre sa nouvelle nationalité à ses enfants mineurs issus d’un précédent mariage avec un non-Libanais si ce dernier décède. Et ces enfants, nés donc de pères et de mères non libanais, pourront à leur tour transmettre leur nationalité libanaise à leur progéniture. Quand moi et des milliers de Libanaises ne pouvons pas transférer notre identité nationale à nos enfants. 

La loi actuelle permet à une femme de transmettre sa nationalité libanaise à ses enfants s’ils sont de père inconnu et m’empêche, moi et des milliers de Libanaises, qui connaissons le géniteur de nos petits, de bénéficier du même droit.Nombreux sont les politiciens qui prétendent être pour l’égalité des sexes et qui affirment que c’est uniquement la peur du changement démographique qui les empêche d’amender cette loi injuste et inacceptable. À ces hommes je dis : si vous êtes incapables d’égaliser la femme à l’homme en ce qui concerne la loi sur la nationalité, alors égalisez l’homme à la femme. La loi doit être la même pour tous les citoyens. Elle deviendra : « Est libanaise toute personne née de mère et de père libanais. » Combien de politiciens et d’enfants de politiciens se verront alors privés de leur nationalité libanaise ? L’accepteront-ils ? Sûrement pas. Pourquoi nous alors devrions l’accepter ?