De Tyr aux États-Unis, en passant par Balamand, l’itinéraire d’une passionnée

Ils sont quelque 4 000 étudiants et jeunes professionnels dans 155 pays à travers le monde à décrocher, chaque année, une bourse Fullbright leur permettant de poursuivre des études supérieures aux États-Unis. La Libanaise Aseel el-Zein en fait partie. La brillante jeune stagiaire en nutrition, fraîchement diplômée de l'Université de Balamand, s'envolera au mois d'août pour le sud-est des États-Unis où elle entamera un master en nutrition humaine à l'Université de Floride.
Outre sa passion pour la nutrition et sa détermination à aller le plus loin possible dans ses études, ce qui frappe chez cette jeune étudiante de 22 ans est son profond désir d'avoir un impact positif sur sa communauté et son enthousiasme à vouloir aider les populations défavorisées sans aucune distinction de religion ou de région. Intelligente, ouverte d'esprit, capable de comprendre et d'accepter les différences, Aseel incarne l'image, de moins en moins répandue, du Libanais qui se sent chez lui partout au Liban et qui n'a pas peur de l'autre.

Découvrir sa voie
Originaire de Tyr, c'est à l'Université de Balamand, dans la caza du Koura, à plus de 160 kilomètres de sa famille, qu'elle décide de poursuivre une licence en nutrition. Étudier et vivre « à quatre heures en voiture » de sa ville natale a non seulement permis à Aseel « de découvrir de nouvelles régions » et de « faire de nouvelles rencontres », cela a également « forgé son caractère et ouvert son esprit », confie-t-elle.
« Le travail de mes parents dans le domaine de la santé a influencé mon choix de carrière », indique la jeune étudiante qui a su, très jeune, bien avant d'obtenir son bac du lycée national Hanaway de Tyr, qu'elle travaillerait, elle aussi, dans ce secteur. Après une courte hésitation entre la médecine et la nutrition, la jeune étudiante choisit cette dernière filière qui lui permettrait de combiner son souhait « de travailler dans le domaine de la santé » avec sa « passion pour la nutrition » tout en lui donnant les moyens « d'avoir un impact positif sur la vie des gens ».
Convaincue au début de sa licence de vouloir se spécialiser en nutrition clinique et thérapeutique, elle réalise par la suite que ce qui l'intéresse vraiment, c'est la nutrition communautaire. « J'ai découvert cela après avoir animé, en tant que volontaire, des activités en éducation nutritionnelle auprès d'adolescents souffrant de handicaps mentaux et de difficultés d'apprentissage », raconte-t-elle.
Bénévole auprès du centre al-Hanan pour enfants ayant des besoins spéciaux, Aseel effectue plusieurs voyages, en Tunisie, en Égypte et aux Émirats arabes unis, en tant que chef de groupe avec des élèves ayant le syndrome de Down. « J'ai remarqué leurs habitudes alimentaires excessives et leur propension à choisir des aliments à haute teneur en calories mais faibles en nutriments. » Cela la conforte dans son choix de s'investir dans le domaine de la nutrition communautaire. Conviction confirmée lors d'autres activités volontaires, notamment celle menée avec le bataillon coréen de la Finul au Liban-Sud pour analyser la composition corporelle de ces mêmes enfants. « Les résultats étaient choquants. De nombreux enfants semblent souffrir d'obésité morbide, de diabète, d'hypertension, d'hyperlipidémie et de troubles digestifs », révèle Aseel qui confie s'être sentie encore plus « enthousiaste et déterminée à travailler avec les populations mal desservies au Liban ».
L'ambitieuse nutritionniste, qui dit aimer les voyages, la découverte de nouvelles cultures et les activités de plein air, aspire à « combiner la nutrition thérapeutique et la nutrition communautaire pour cibler et éduquer les populations défavorisées qui souffrent d'un manque de prise de conscience et/ou de ressources nécessaires pour l'adoption de saines habitudes alimentaires ».
« Le Liban en a particulièrement besoin en cette période, vu le débordement de la crise syrienne et le grand nombre de réfugiés qui y résident », poursuit Aseel qui souhaite voir un jour la nutrition figurer parmi les matières enseignées dans les écoles.

En hommage aux travailleurs, des étudiants de l’AUB nettoient leur campus

Ils ont marre des slogans et des mots creux. Ils en ont assez de la théorie. Pour montrer leur reconnaissance à ceux qui « travaillent de longues heures chaque jour » afin de garder le campus propre, dans des conditions « pas toujours faciles », des étudiants de l'AUB, membres du Red Oak Club, ont eu l'idée de retrousser leurs manches et de faire, pendant quelques heures, le jeudi 30 avril, le travail de ces ouvriers.
« À l'occasion de la fête du Travail, on a voulu faire quelque chose de concret sur le terrain », précise Aya Adra, future présidente du Red Oak Club, fraîchement élue, dont le mandat commence à l'automne prochain, en insistant sur la volonté des membres du club de mener, de plus en plus, des actions tangibles ayant un impact sur le quotidien des gens concernés. Cependant, la jeune étudiante en psychologie estime avec regret qu'un grand nombre de jeunes à la fac souffrent d'un « détachement de la réalité » et demeurent indifférents à ce qui arrive autour d'eux.
« Nous avons planifié cette campagne pour soulager les ouvriers responsables du nettoyage d'une partie de leur charge de travail. Nous avons vu qu'il vaut mieux effectuer cette opération à la fin de la journée, après leur départ. Et afin d'inciter d'autres étudiants à se joindre à nous dans cette campagne, nous avons créé un événement sur Facebook », indique Shadi Rachid, étudiant en génie électrique et président actuel du club.

Activisme et engagement
Yusra Bitar, elle, n'est pas membre du Red Oak Club. La jeune étudiante en sciences politiques a décidé de mettre la main à la pâte par « respect » et « par solidarité avec les ouvriers qui travaillent dur et sont sous-payés ». Contente d'avoir pris part à cette campagne, elle confie toutefois : « J'ai découvert que mes collègues à l'AUB sont moins respectueux de leur campus que je ne le pensais. Il a fallu que je participe à cette activité pour le remarquer. Je suis déçue. »
Le club étudiant de gauche est loin d'être à sa première activité. Il a organisé, depuis sa création il y a un an, plusieurs conférences au sein de l'AUB, notamment sur le féminisme, le mariage civil, les causes économiques de la guerre civile ainsi que sur les droits des travailleurs. Il a, par ailleurs, activement protesté contre la hausse des frais universitaires et participé à une série d'actions hors campus telles que le dernier rassemblement en faveur des employées de maison étrangères. Aujourd'hui, il compte une quarantaine de membres, tous actifs, « car pour être admis dans le club, il faut s'engager à y investir de son temps et de son énergie », souligne Aya Adra.

Un étudiant libanais sort de son cocon et explore l’Europe autrement

Parti au mois de septembre en échange académique à l'université de Lund en Suède, Ralph Haiby, étudiant en 3e année d'économie à l'Université américaine de Beyrouth (AUB), en est retourné au mois de janvier la tête remplie d'images, de découvertes, d'émotions et de nouvelles rencontres. Le jeune homme de vingt ans a vécu une expérience universitaire et sociale fort enrichissante dans cette ville de l'extrême sud suédois. Mais pas seulement. Le dynamisme, l'énergie, le courage, la curiosité de l'économiste en herbe et son amour de l'aventure l'ont poussé hors de son cocon de confort, à la découverte d'autres régions en Europe.

En 180 jours, entre ses cours et autres engagements à Lund les premiers mois, puis d'affilée les dernières semaines, empruntant différents types de transport – voiture, bus, bateau, avion –, l'étudiant libanais explore une vingtaine de villes suédoises et européennes telles que Malmö, Helsingborg, Stockholm, Copenhague, Vienne, Budapest, Bratislava, Groningue, Lyon, Gutenberg, Zurich et Francfort.
« Avant mon voyage, j'avais juste deux choses en tête : sortir de mon cocon et revenir avec des histoires à raconter », confie Ralph. Un défi que l'ancien champion libanais de squash relève en entreprenant son voyage sans planification préalable, se laissant emporter par le vent de l'aventure, et choisissant le couchsurfing (littéralement le surf sur le canapé) pour découvrir autrement les bourgs, les villes et les métropoles visités. Ce moyen d'hébergement alternatif basé sur le principe de l'hospitalité permet de voyager en logeant gratuitement chez l'habitant. « Les voyageurs entrent en contact avec des habitants (inconnus) du pays ou de la ville qu'ils souhaitent visiter via une plate-forme Internet », explique Ralph, en précisant que son objectif à lui était de « voyager » et non pas de « faire du tourisme ».
« Quand on loge chez des locaux, on voit la ville selon leur perspective. Si je n'ai pas voulu descendre dans les hôtels, ce n'est donc pas pour des raisons financières, mais pour découvrir la région différemment », souligne-t-il. Une expérience inoubliable pour le jeune homme qui a ainsi dormi au cours de son voyage dans une salle de séjour, dans une cuisine, dans une buanderie, par terre, sur un matelas gonflable et dans un dortoir. « Je décidais la veille, si ce n'est pas le jour même, de ma prochaine destination et je choisissais mon logement sur place », raconte-il.

Ne pas s'enfermer dans une bulle
Lund est considérée comme la deuxième ville universitaire de Suède. « La moyenne d'âge y est de 28 ans. Cette ville offre une vie étudiante intéressante et très dynamique », précise Ralph. Les restaurants, les cafés, les pubs et les clubs de sport sont tenus par des étudiants. « Lorsqu'on travaille dans ces endroits, on n'est pas payé en argent, mais en produits ou en services selon la nature de l'endroit. Par exemple, si un étudiant donne des leçons de squash dans un club, il sera payé en obtenant un accès gratuit aux activités du club », explique le jeune homme.
Loin de se contenter de ses cours à la fac, Ralph profite de son séjour dans la ville suédoise pour y effectuer un stage professionnel tout en travaillant dans un club sportif. « Cela m'a permis de rencontrer un grand nombre de Suédois et de découvrir la culture du pays qui m'a accueilli. Le piège pour les étudiants en échange est de ne pas établir beaucoup de contacts avec les locaux et de rester avec les étudiants internationaux », affirme-t-il.
Dans quelques semaines, Ralph obtiendra sa licence en économie. Le jeune homme, qui compte entamer bientôt sa vie professionnelle, caresse le projet de partir à la découverte de l'Amérique du Sud.
« Il ne faut pas avoir peur de réaliser ce qu'on a envie de faire. Il ne faut pas non plus remettre à plus tard ses rêves. Il faut sortir de la routine, prendre des risques, faire de nouvelles rencontres. Les gens me disent en évoquant mon voyage à travers l'Europe : je n'aurais jamais pu faire ce que tu as fais. Je leur réponds : il suffit de faire un pas et de se dire : je veux sortir de ma bulle. C'est très facile de rester dans son cocon. Le défi serait de le quitter et de faire des choses qui ne sont pas confortables. C'est là où tout commence », conclut-il.