Une étudiante libanaise tend la main aux sans-abri dans les rues de Campinas au Brésil

SOLIDARITÉ HUMAINE
En vingt et un jours, Nay Abi Samra, 19 ans, a réussi à toucher de nombreuses personnes parmi les plus vulnérables au Brésil. Zoom sur une expérience édifiante.


« Il s'appelait Panda. Il avait un problème avec l'alcool et vivait dans la rue. On jouait aux cartes ensemble tous les jours. On ne parlait pas la même langue et échangeait avec des signes. Le dernier jour, il est arrivé avec une petite boîte qu'il m'a offerte. Quand je l'ai ouverte, j'y ai trouvé deux cartes : la reine de cœur et un as. Il m'avait écrit un gentil petit mot sur chacune d'elles et m'avait expliqué qu'il avait choisi la reine de cœur parce que je lui avais beaucoup appris et que j'avais touché son cœur. Il y avait également une lettre dans la boîte. Il voulait que quelqu'un me la traduise. Sur la feuille de papier, il avait écrit en portugais : si un jour, plus tard dans ta vie, tu rencontres un panda, rappelle-toi qu'il y aura éternellement un panda qui pense à toi au Brésil. » C'est avec ces mots remplis de chaleur humaine que Nay Abi Samra, jeune Libanaise de 19 ans, éprise de justice et de liberté, évoque les liens qu'elle a réussi à tisser avec les marginalisés de Campinas, lors de son séjour au Brésil, l'été dernier.

Révoltée contre toutes les formes d'injustice, engagée pour la solidarité humaine, la jeune étudiante en droit à la prestigieuse université de Cambridge, en Angleterre, membre de l'ONG Children International Summer Villages (CISV) – une association internationale qui a pour objectif de sensibiliser et d'inspirer l'action pour un monde plus juste et pacifique – n'hésita pas, au mois de juillet dernier, à s'envoler pour l'Amérique du Sud et à embarquer dans le projet international « (In)visible » mené par la CISV, en partenariat avec plusieurs organisations brésiliennes, à Campinas au Brésil, à une centaine de kilomètres de São Paolo.
« Nous étions dix-neuf bénévoles en provenance du Japon, de l'Équateur, des États-Unis, de France, de Belgique, du Portugal, de Danemark, de Pologne, d'Espagne, du Royaume Uni et du Brésil. La plupart étaient des étudiantes issues de différents horizons : relations internationales, droit, médecine, sciences infirmières, éducation... Nous nous sommes réunis autour du projet "(In)visible" qui cible les sans-abri et qui vise à donner une visibilité à ces communautés qui semblent oubliées », précise-elle.

Après cinq jours d'exploration, et une meilleure connaissance des organisations partenaires, les volontaires de la CISV décident de travailler sur quatre projets principaux : la création d'un magasin de rue ; la rénovation et l'enrichissement d'une bibliothèque ; la publication d'une revue racontant les histoires de vie des gens marginalisés qu'ils rencontrent et la réalisation de films qui visent à mettre en lumière les sans-abri. Par conviction et pour une meilleure cohérence entre leur mission et leur discours, les volontaires refusent de désigner les personnes sans domicile, cibles de leurs actions, par le terme homeless (sans-abri), qui stigmatise et marginalise, lui préférant celui de benes, moins réducteur et plus positif. « Benes. Car ces personnes bénéficient des services offerts par nos organisations partenaires », précise la jeune étudiante. Et d'ajouter : « Parmi ces dernières, on retrouve la catadores cooperative responsable de 90 % du recyclage au Brésil. Les catadores vivent souvent dans des conditions assez précaires. Ils se réveillent à l'aube et arpentent les rues à la recherche de toutes sortes de produits qu'ils collectent et transportent dans leur carossa (chariot) afin de les trier et les vendre aux entreprises de recyclage. Ils contribuent à la société ; pourtant, leurs efforts demeurent invisibles pour l'ensemble de la population brésilienne. »


Droit à la dignité, valorisation et estime de soi

Pour permettre aux benes de vivre « une expérience qui ressemble à ce que vivent les clients dans les magasins réels », les volontaires décident de créer un street store et d'y jouer le rôle d'assistants de magasin qui aident et conseillent les visiteurs. « Nous croyons que personne ne devrait être privé de la liberté de choisir ce qu'il aimerait porter. Le magasin de rue offre cette opportunité aux moins fortunés qui ne peuvent pas se permettre de faire du shopping dans les vraies boutiques. Nous y avons classé plus de 3 000 pièces de vêtement collectées selon le type, la taille et l'âge », raconte Nay, les yeux brillants d'avoir pu ainsi insuffler de la chaleur humaine et un peu de plaisir aux 253 personnes qui ont fait la queue pour visiter tranquillement le magasin improvisé – six ou sept personnes à la fois –, choisir les vêtements qui leur plaisent et se les approprier gratuitement. Cette action, très réussie, des jeunes bénévoles fut couverte par la télé locale.

« Par ailleurs, nous avons confectionné et distribué, à la sortie du magasin, 250 kits d'hygiène contenant chacun un shampoing, trois savons, un conditionner, un gel pour le corps, de la crème hydratante, une petite brosse à dent et un dentifrice », poursuit la jeune volontaire qui se dit reconnaissante envers les catadores pour leur aide. « Ils nous ont prêté des structures qui ont servi à mettre en place le street store. Ils ont insisté à les transporter eux-mêmes jusqu'à la cathédrale où était installé notre magasin et sont même arrivés avant nous pour s'assurer que les locaux étaient sécurisés. »


Donner la parole aux sans-voix
« À la Casa da Cidadania (Maison de la citoyenneté), qui accueille les benes quotidiennement de 14h à 20h, se trouvait une petite bibliothèque. Elle était dans un état lamentable. Elle contenait surtout des livres universitaires. Et il n'y avait pratiquement plus d'espace pour ajouter d'autres ouvrages », se rappelle Nay. Voulant rendre cet endroit plus agréable, plus chaleureux, plus utile pour les benes, les volontaires se lancent dans des travaux de transformation des lieux. « Nous avons refait la bibliothèque de A à Z, construit de nouvelles étagères, ajouté 1 500 nouveaux livres que nous avions collectés, instauré un nouveau système de codage en couleurs, décoré les murs avec d'inspirantes citations... »

Mais l'une des expériences les « plus intenses » que les volontaires ont vécues dans le cadre de ce projet est le story book qui leur a permis de donner l'occasion aux benes de s'exprimer et de raconter leurs vécus, leurs rêves, leurs peurs et leurs espoirs. Des témoignages que les bénévoles ont fidèlement et passionnément retracés dans une revue qu'ils ont publiée. « Nous avons écrit leurs histoires en partant de leur passé. Nous avons décrit leur présent et dessiné l'avenir dont ils rêvent. Nous les avons pris en photo, réalisé des dessins et intégré les croquis qu'ils ont eux-mêmes faits, indique Nay. Grâce à ce projet qui fut très chargé émotionnellement, nous avons réussi à établir une forte relation de confiance avec les benes, ce qui a rendu les adieux par la suite déchirants. »

Une version électronique en anglais de cette revue sera accessible en ligne prochainement. « Nous avons également créé une page Facebook pour partager l'évolution de notre projet. Et nous avons l'intention de la maintenir en vie, longtemps après la fin du projet », note la jeune étudiante.

Pour leur donner de la visibilité, mais également pour les valoriser, pour briser les tabous et corriger les idées préconçues, les volontaires ont réalisé trois films autour des benes. « Le premier raconte une journée que nous avons passée à São Paulo avec l'organisation locale Pimp my coperativa – un groupe d'artistes bénévoles qui embellissent et apportent des couleurs aux lieux de travail et aux chariots des catadores. » Le deuxième film met en lumière les catadores. « Et le troisième sensibilise à l'itinérance et met l'accent sur le fait que peu importe nos différences et les situations que nous vivons, nous avons tous l'humanité en commun », poursuit avec enthousiasme Nay.


« Mes yeux sont désormais ouverts »
Nay raconte avoir été impressionnée par la chaleur des Brésiliens. « C'est le peuple le plus chaleureux que j'ai jamais rencontré. Dès qu'il y a de la musique, tout le monde se met à danser la samba, du plus pauvre au plus riche. S'il y a un truc qui les rassemble, c'est leur culture commune », estime-t-elle avant d'ajouter avec regret : « Au Liban, j'ai l'impression qu'on n'a pas une seule culture qui nous rassemble. »
La jeune étudiante confie avoir vécu l'une des expériences les plus gratifiantes de sa vie et qu'elle s'en inspirera pour créer des actions similaires ailleurs. Nay – qui travaille actuellement sur deux projets : la création d'un magasin de rue au Liban et le lancement d'une organisation estudiantine pour venir en aide aux sans-abri à Cambridge – précise : « L'approche que nous avons adoptée envers les benes nous a permis de supprimer la hiérarchie qui existe parfois dans les projets sociaux. Nous ne leur faisions pas sentir que nous sommes là dans un rapport vertical pour leur apporter une aide, mais plutôt qu'ensemble, eux et nous, nous travaillons main dans la main sur ce projet, que nous sommes tous égaux et que nous nous enrichissons mutuellement en apprenant les uns des autres. »
Et de conclure, rayonnante et reconnaissante : « Cette expérience m'a permis de réaliser que je ne voyais pas les gens qui vivaient dans la rue. Aujourd'hui, je ne peux plus les ignorer, mes yeux sont ouverts. »

Université, femmes, égalité : 2e colloque international du Resuff à Moncton

Au XXIe siècle, et malgré toutes les avancées qu'a connues le monde, l'égalité entre les femmes et les hommes est encore loin d'être acquise dans le milieu de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Les 28 et 29 septembre, le Réseau francophone des femmes responsables dans l'enseignement supérieur et la recherche (Resuff) organise, avec le soutien de l'AUF, son deuxième colloque international à l'université de Moncton (Canada) sous le thème « Université, femmes, égalité ». Un évènement d'envergure internationale très attendu par la communauté universitaire mondiale. Au programme, des conférences et des débats sur quatre thèmes principaux : formation, pour une université égalitaire ; déconstruire les stéréotypes pour une culture de l'égalité ; indicateurs, pour lutter contre les discriminations ; politiques universitaires égalitaires et bonnes pratiques.

« En ce début du XXIe siècle, alors que le monde autour de nous évolue à une vitesse vertigineuse, la question de l'égalité entre les femmes et les hommes avance à petits pas, malgré les efforts déployés par les défenseurs de cette cause », déplore Leila Saadé, présidente du Resuff, présidente de l'École doctorale de droit du Moyen-Orient et professeure à la filière francophone de droit de l'Université libanaise. Et de poursuivre : « Nous aurions pu penser que le milieu de l'enseignement supérieur et de la recherche, haut lieu académique et culturel, serait égalitaire. Or, malheureusement, les chiffres montrent clairement que, loin d'être un milieu qui prône l'égalité de genre, les universités sont, tous pays et toutes disciplines confondus, un espace de discrimination pour les femmes. »

Créé à l'initiative de l'AUF en 2015, le Resuff a pour mission de promouvoir l'accès des femmes aux postes de responsabilité au sein des institutions d'enseignement supérieur et de recherche. Il regroupe des femmes dirigeantes – présidentes, rectrices, vice-présidentes, vice-rectrices et doyennes – des institutions membres de l'AUF, issues d'Afrique subsaharienne, du Maghreb, du Moyen-Orient, d'Europe centrale et orientale, d'Europe de l'Ouest, d'Asie-Pacifique et du continent américain.





Des actions en faveur de l'égalité dans le monde académique
Parmi les actions lancées par le Resuff depuis sa création il y a deux ans figure une formation en ligne intitulée « Genre : concepts et approche » mise en place en partenariat avec l'université Rennes 2 et qui a attiré pour sa première édition plus de 80 chercheuses de par le monde. « Cette année, nous avons reçu 113 candidatures ; preuve, s'il en fallait, de la qualité de cette formation et de la pertinence des solutions qu'elle préconise pour accéder à l'égalité de genre dans nos institutions universitaires », précise Mme Saadé. La formation, qui comprend trois modules de vingt heures d'enseignement chacun, vise, à travers son premier module, à « introduire les concepts et les approches "genre", à mettre en lumière les obstacles à la progression des femmes – stéréotypes et discriminations, plafond de verre, tuyau percé, plancher collant... – et à conceptualiser les processus et les capacités personnelles de leadership ». Le deuxième module a pour objectif « d'offrir des outils adaptés à l'exercice du leadership au sein des institutions d'enseignement supérieur ». Et le troisième module « cherche à contribuer au développement institutionnel par une approche "genre" comme assurance de qualité des établissements d'enseignement supérieur ».
« Le Resuff va, aussi, avec le précieux concours de bâtisseurs de projets et d'institutions pionnières dans le domaine de l'égalité, déployer les efforts nécessaires et œuvrer pour créer, en 2018, un "Observatoire francophone du genre à l'université". Cet Observatoire aura pour objectif de permettre l'élaboration d'un état des lieux de la situation des femmes dans le milieu académique en se basant sur des indicateurs spécifiques à l'espace francophone, afin d'impulser des politiques favorisant l'égalité dans les institutions d'enseignement supérieur et de recherche et d'en mesurer l'évolution dans le temps », annonce la présidente du Resuff. Et de conclure : « En affichant clairement l'ambition féminine d'accéder au pouvoir dans tous les domaines que couvre l'université, le Réseau francophone des femmes responsables dans l'enseignement supérieur et la recherche cherche à dynamiser la société et à mettre en œuvre de grandes valeurs de la démocratie que sont le principe de l'égalité entre les femmes et les hommes et ses corollaires, celui de l'égalité des droits et des devoirs et celui de l'égalité des chances. »
 



Nancy Abi Khalil : enseigner la paix pour contribuer à la création d’un monde meilleur



« Les guerres prennent naissance dans l'esprit des hommes, c'est dans l'esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix. » C'est avec ces mots extraits de l'acte constitutif de l'Unesco que Nancy Abi Khalil, chef du département de français à l'Université des arts, des sciences et de la technologie au Liban (AUL), a expliqué l'importance de l'enseignement de la paix aux soixante-dix-sept stagiaires inscrits au module « Enseigner la paix : des aspects linguistiques à la mise en place de projets de classe ». Cette formation, d'une durée de quinze heures étalées sur une semaine, conçue et dispensée par la jeune enseignante libanaise, début août à Nice, dans le cadre des formations offertes par les Universités du monde, a attiré un grand nombre d'enseignants de français langue étrangère en provenance des quatre coins de la planète, notamment des États-Unis, du Canada, de la Corée du Sud, du Japon, de la Roumanie, de la Tunisie, de la Jordanie...

« Lorsque le comité scientifique m'a sollicitée pour proposer une formation, je me suis demandé : Dans ce monde si agressif et violent, peut-on utiliser l'enseignement du français pour faire avancer le combat en faveur de la paix ? » se rappelle la jeune ambassadrice des Universités du monde au Liban. La réponse s'est rapidement imposée. « Peu importe la méthode d'enseignement, on peut promouvoir la culture de la paix à travers l'apprentissage de la langue française. » Nancy Abi Khalil en est convaincue. Et c'est cette conviction que la jeune formatrice libanaise veut transmettre aux autres enseignants de français partout au monde. Outre les compétences linguistiques, Nancy propose aux formateurs d'inculquer à leurs étudiants la tolérance, l'acceptation de l'autre, la solidarité. « De classe en classe, je répétais la citation de Mandela : l'éducation est l'arme la plus puissante pour changer le monde », raconte-t-elle, positive.

Pour atteindre ses objectifs, Nancy Abi Khalil soigne le fond et la forme. Elle porte des tee-shirts qui arborent des citations sur la paix : « Vous voulez la paix : créez l'amour » ; « Si vous voulez la paix, travaillez pour la justice »; « La seule façon d'apporter la paix au monde est d'apprendre soi-même à vivre en paix »... Elle confectionne des badges, crée des puzzles, organise des jeux ludiques. « J'ai essayé de motiver autant que possible les apprenants », confie-t-elle. Et elle a réussi à retenir leur attention, à éveiller leur enthousiasme, à les convaincre de la nécessité d'agir pour un monde plus humain, pour des relations interculturelles plus saines, pour un lendemain meilleur.

Par ailleurs, dans un geste symbolique mais très significatif, Nancy Abi Khalil fait circuler une pétition pour la paix dont le texte affirme : « Enseignants de paix dans le monde, nous nous engageons à cultiver les graines de paix dans le cœur et l'esprit de nos étudiants afin qu'une génération de paix et de liberté puisse germer en dépit des cruautés. » À la grande joie de la formatrice, elle récoltera les signatures de tous.

Bonjour du Liban
« Les Universités du monde proposent des formations innovantes aux enseignants de français du monde entier qui viennent passer une ou deux semaines à Nice pour se former et pour découvrir la ville », précise Nancy Abi Khalil qui, elle, a découvert cette plateforme en 2016. « J'y avais participé en tant qu'observatrice. Une magnifique expérience », confie-t-elle avant d'ajouter : « C'est lors de mon séjour à Nice que j'ai été nommée ambassadrice des Universités du monde au Liban. » Une mission que cette citoyenne du monde, passionnée par le français, prend à cœur. Parmi ses responsabilités : réunir autour de ce projet un grand nombre d'enseignants de français en provenance de toutes les universités du Liban et lancer Bonjour du Liban sur le web.

Après trois mois d'efforts, Nancy Abi Khalil réussit à former un noyau d'enseignants issus des Universités antonine, libanaise, islamique, libano-francaise, libano-americaine ainsi que de l'AUL. Le site web verra bientôt le jour. Son objectif : promouvoir le Liban à travers des exercices de français.
Pour en savoir plus sur les Universités du monde :
https ://www.universitesbonjourdumonde.com/

Le club Include de l’USJ : pour une société réellement inclusive !

Les personnes à besoins spécifiques sont des citoyens à part entière qui doivent être en mesure d'accéder à toutes les sphères de la société et d'y apporter leur contribution.

Accéder à une éducation de qualité, aux loisirs, à la culture, au sport, se déplacer librement, travailler, contribuer à la société sont des droits pour tous les citoyens, qu'ils soient en situation de handicap ou non. Mais la réalité libanaise est tout au tre malgré l'adoption d'une loi, en 2000, censée assurer les droits des personnes à besoins spécifiques.
C'est dans ce contexte que l'ONG Include, créée en 2010 par des parents et amis d'enfants à besoins spécifiques qui « croient en l'importance et la nécessité de leur inclusion dans la société en tant que droit humain », a lancé un projet visant la promotion de l'inclusion des personnes à besoins spécifiques à l'USJ.
« En septembre 2014, Include a participé à la Journée des ONG afin de recruter des jeunes pour la création d'un club étudiant qui serait encadré et soutenu par elle. L'idée a émané d'un besoin de sensibiliser la communauté universitaire à la cause du handicap et de l'inclusion. Il était évident que les jeunes à l'université seraient les meilleurs ambassadeurs de cette cause. Ils sont les adultes de demain, la société de demain, le futur du pays », lance Michèle Kosremelli Asmar, dynamique présidente de l'ONG Include et directrice de l'Institut supérieur de santé publique à l'USJ.
Aujourd'hui, le club Include rassemble 44 étudiants et étudiantes issus de différents instituts et facultés de l'USJ qui croient dur comme fer en la justesse de la cause qu'ils défendent. « Notre premier objectif est de sensibiliser les étudiants en particulier et la société en général à l'importance de l'inclusion des personnes à besoins spécifiques », explique le président du club, Salah Naous. Le futur banquier de 21 ans insiste sur l'importance « d'agir maintenant » et de « nous sentir tous concernés par cette cause ». « Le club s'appuie sur la loi 220/2000 pour expliquer les droits des personnes à besoins spécifiques. Il est important de rappeler que ces personnes ont de grandes capacités et des facultés que des individus sans handicap peuvent ne pas avoir. En changeant les mentalités et en assurant les droits de ces personnes, c'est toute la société qui sera gagnante », estime-t-il.
Maria Saky, trésorière du club, acquiesce. Revenant sur les raisons qui l'ont poussée à intégrer Include, la jeune étudiante en économie confie : « Pour moi, il est très important de défendre cette cause auprès des jeunes. Ces derniers pourront ainsi contribuer à l'avènement d'un réel changement dans la société.

Société meilleure pour tous
Parmi les multiples activités menées par le club Include figurent des séances de sensibilisation organisées sur les différents campus de l'USJ, notamment lors de la Journée internationale des personnes ayant un handicap, le 3 décembre, ou lors des Pandays qui ont eu lieu au campus des sciences médicales sur les thèmes : handball en chaise roulante et football sur béquilles.
« Je suis réellement impressionné par l'impact de nos activités sur les étudiants. Les jeux de rôle et les mises en situation ont permis aux participants d'expérimenter différentes situations de handicap telles que se déplacer sur chaise roulante ou en ayant les yeux bandés... Les étudiants ont ainsi été amenés à une prise de conscience de la réalité vécue par les personnes à besoins spécifiques », indique Raymond Asmar, 19 ans. Le jeune étudiant en première année de droit et de sciences politiques confie avoir choisi son domaine d'études car il ambitionne d'intégrer l'ONU et « de contribuer à rendre le monde meilleur ». Dénonçant « le grave problème de mentalité » qui sévit au Liban, il ajoute avec détermination : « Il faut absolument que cela change. »
« Pour qu'une société progresse, il faut qu'elle intègre et soutienne tous ses membres, notamment ceux qui ont des besoins spécifiques, que leurs déficiences soient physiques ou mentales », estime Ayman el-Kadi, 20 ans, étudiant en première année de biochimie. Intelligent et sûr de lui-même, le jeune membre du club, lui-même sur chaise roulante, insiste sur l'importance d'utiliser un vocabulaire approprié et dénué de toute connotation négative pour désigner les personnes ayant des besoins particuliers.
« Dans les universités au Liban, il faut travailler à améliorer l'accessibilité aux aires de stationnement, aux salles de classe, aux toilettes... Par ailleurs, il ne faut pas sous-estimer l'importance de la vie sociale et l'accès aux espaces de loisirs tels que les plages et les piscines », poursuit le jeune étudiant qui pratique régulièrement le handcycling (vélo à main) avec une équipe locale en espérant pouvoir accéder aux compétitions internationales.
Formés par Apave sur l'audit de l'accessibilité des lieux au Liban, les membres du club Include prévoient de « faire le tour de toutes les facultés afin d'évaluer leur accessibilité aux personnes à besoins spécifiques et trouver des solutions pour les rendre plus accessibles », précise encore Ayman.
« Include m'a permis de découvrir les obstacles et les défis que rencontrent les personnes à besoins spécifiques et d'apprendre comment je peux les aider et les soutenir », confie enfin Antoine el-Sett, 19 ans, vice-président du club et étudiant en première année de médecine. Et de conclure : « J'invite tout le monde à porter cette importante cause, à soutenir et à défendre les personnes à besoins spécifiques. Soyons solidaires pour une société meilleure pour tous. »

Au campus des sciences médicales de l’USJ. De gauche à droite, au premier plan : Ayman el-Kadi, le père Salim Daccache, recteur de l’USJ, qui accepté de se mettre dans les chaussures d’une personne à mobilité réduite. Debout : Salah Naous (président du club), Hani Abi Khalil, Rayan Mahfouz (ancien président du club) et Mme Michèle Kosremelli Asmar, directrice de l’institut supérieur de santé publique de l’USJ et présidente de l’ONG Include.

À 25 ans, Lama el-Homaissi est à deux doigts de réaliser son rêve le plus cher

Lorsque Lama el-Homaissi parle de son projet de carrière, le monde paraît soudain plus beau. On a l'impression d'entendre de la musique. Et une aura de lumière illumine les lieux. Passionnée par la comédie musicale, la jeune Libanaise de 25 ans, qui a à son actif un diplôme en audiovisuel de l'ALBA (2012) et une expérience professionnelle de cinq ans auprès de Sony Pictures Television Arabia et Talpa Moyen-Orient, est acceptée en Master of Fine Arts in Musical Theatre du Boston Conservatory du Berklee College of Music, l'une des plus grandes écoles de musique privées des États-Unis. « J'ai également été admise au Circle in the Square Theatre School et à la New York Film Academy. Mais Berklee est mon premier choix, d'autant que l'admission est accompagnée d'une bourse de 26 000 dollars », précise l'heureuse candidate.
Lama el-Homaissi
Une importante reconnaissance
Au cours des deux dernières années, alors qu'elle travaille au sein de l'équipe de création du télé-crochet The Voice, Lama ne rate aucune occasion de perfectionner ses compétences vocales et scéniques. Elle suit des cours de danse, participe à des ateliers et prend part à des master classes, au Liban et ailleurs. En 2016, grâce à une généreuse bourse, elle s'inscrit à la Broadway Dreams Foundation's Musical Theatre Intensive à New York où elle se forme avec les meilleurs professionnels de Broadway.
Une expérience édifiante pour l'unique participante libanaise qui fait partie des 8 % des 900 étudiants en provenance du monde entier sélectionnés pour animer le spectacle annuel de talents organisé au Lincoln Center, et qui est choisie avec 19 autres artistes pour chanter lors du Broadway Dreams Foundation Gala organisé le 21 novembre passé en hommage à l'auteure et parolière Lynn Ahrens et au compositeur Stephen Flaherty. Une reconnaissance qui confirme le talent indéniable de la jeune Libanaise qui raconte : « C'est mon oncle maternel qui a éveillé en moi l'amour de la comédie musicale. À neuf ans, il m'a fait découvrir ma première comédie musica
le qui m'a profondément émerveillée. » La voix étranglée par l'émotion, Lama poursuit : « La dernière comédie musicale que nous avons vue ensemble, c'était Cats. Mon oncle est mort une semaine plus tard. J'avais douze ans. Il en avait 42. »
Aujourd'hui, c'est un peu pour lui aussi qu'elle veut s'investir dans ce domaine. Mais pas seulement. « Je veux apprendre, acquérir de l'expérience, me perfectionner. Et revenir au pays pour contribuer au développement de ce genre de théâtre au Liban, un peu comme a fait mon père avec la pantomime dans les années 70 », espère-t-elle. Son père, l'acteur Faek el-Homaissi, est le pionnier de la pantomime au Liban et sa « plus grande inspiration ».

Une dernière difficulté
Malgré la bourse de mérite offerte par Berklee, un dernier obstacle financier sépare encore la jeune fille de son rêve. Pour assurer le financement de l'intégralité de son master, Lama lance une campagne de crowdfunding sur les réseaux sociaux. Solidaires, ses amies la soutiennent fermement dans son projet et organisent différents événements culturels pour rassembler des fonds : ateliers, concerts, soirées de contes...
« J'ai travaillé dur pour arriver là où je suis aujourd'hui, et ce serait très décevant de voir des contraintes pécuniaires se dresser entre moi et la réalisation de mon rêve », laisse échapper l'ambitieuse jeune artiste.
Pour en savoir plus sur Lama el-Homaissi ou pour la soutenir : www.getlamatoboston.com.

Christelle Kassargy, brillante boursière de la CEECDD

Christelle Kassargy, diplômée de l'USJ en gestion et management (licence) et en finance (master), a appris l'existence de la bourse offerte par la CEECDD par pur hasard. « Lorsque je suis tombée sur l'annonce de la bourse, j'avais seulement deux semaines pour monter un dossier complet et y inclure le plan de la thèse », se rappelle Christelle. Animée d'un fort sentiment citoyen et d'un dynamisme à toute épreuve, la jeune responsable financière d'une ONG à Zahlé travaille d'arrache-pied pour trouver un sujet qui « lie citoyenneté et développement durable ». Non seulement elle relève le défi, mais son projet est choisi par le jury. Intitulé « L'importance de la bonne gouvernance des municipalités sur l'écocitoyenneté et le développement durable au Liban », il comprend la conception d'un modèle de gouvernance pour la municipalité de Zahlé. « Nous allons par la suite évaluer ce modèle et le comparer à ceux des autres municipalités », précise Christelle, avant d'expliquer l'importance de sa recherche : « La municipalité est proche des citoyens. C'est la seule institution décentralisée au Liban. Si on veut le changement, il faut commencer par là. »

La jeune doctorante, qui confie aimer la musique et la danse, rêve de voir le modèle qu'elle concevra s'étendre à toutes les municipalités au Liban. Et de conclure dans un sourire déterminé : « J'ai confiance en l'avenir. Il faut que les jeunes restent au Liban. J'invite ceux qui sont partis à revenir et à faire profiter le pays de leurs acquis. »



Ingrid Chahine, la jeune fille qui brise les tabous

Avec sa chevelure écarlate, sa petite boucle au nez, ses yeux pleins de malice, Ingrid Chahine ne passe pas inaperçue. Une braise. Rouge, ardente, flamboyante. La jeune étudiante en première année de journalisme à la faculté d'information, section 2, de l'Université libanaise anime depuis quelques mois un blog judicieusement intitulé « Wicked plots » où elle donne vie à « une femme fatale, insoumise, qui sait ce qu'elle veut et qui le dit ». Sûre d'elle-même, directe et naturelle, Ingrid ne mâche pas ses mots lorsqu'elle parle de ses passions, de ce qui la motive, la révolte ou fait battre son cœur. Évoquant la naissance de son blog, elle raconte : « Depuis mon enfance, je suis une grande lectrice. Un jour, je devais avoir 13 ou 14 ans, je tombe, dans une librairie, sur un livre de la série Crossfire. Sur la couverture, l'image d'une jeune femme belle et indépendante et le court texte qui la présente me font l'effet d'un aimant. C'était le premier roman érotique que je lisais. Il était signé Sylvia Day. » Outre la plume et le style de l'auteure, la jeune étudiante confie aimer le modernisme et le réalisme de ces romances contemporaines distinguées par « l'absence de clichés sur les princes charmants omniprésents dans les histoires à l'eau de rose ».
Les conseils pressés de ses amis lui recommandant de « cacher le livre pour que la prof ne le voie pas » ne réussissent alors qu'à rendre Ingrid plus déterminée à ne pas se laisser intimider par les suggestions des normes sociales. « Pour moi, la sexualité, c'est naturel. On va tous la vivre. C'est à chacun de nous de décider quand. Et justement, ce sont les thèmes dont je voudrais parler », affirme la jeune étudiante qui se décrit comme une « femme libanaise, révolutionnaire, écrivaine, journaliste en devenir, passionnée par l'écriture, la danse et la musique ».
La jeune blogueuse de 18 ans commence alors à écrire des textes qu'elle garde précieusement, se laissant emporter par sa plume et son imagination, refusant de s'imposer des limites artificielles dictées par la société. Elle écrit abondamment. Avec bonheur. Mais sans partager. « Jusqu'au jour où je publie sur Twitter un court extrait de l'un de mes textes. L'écho positif qu'il a suscité m'a encouragée à créer ce blog », confie-t-elle.

« Les mentalités »
Sur son choix de carrière, l'étudiante scande : « Je veux devenir journaliste pour élever ma voix, pour dénoncer, pour critiquer, pour dire ce qui ne va pas. Je veux devenir journaliste pour laisser des traces, pour contribuer au changement. » Ce qu'elle voudrait changer ? « Les mentalités. Ici, nous sombrons bien loin derrière les pays occidentaux. Nous laissons le regard des autres nous définir. Nous vivons selon leurs normes. Moi, je voudrais dire les choses telles qu'elles sont », affirme cette Antigone des temps modernes.
La journaliste en devenir dénonce le peu d'opportunités que le pays offre aux jeunes, et plus particulièrement aux femmes « qui font encore face à de nombreuses discriminations ». Et de conclure sur une note indignée : « À l'extérieur, de nombreuses femmes d'origine libanaise brillent, se distinguent et accèdent à des postes haut placés. Tandis qu'ici on leur impose des limites et on leur appose des étiquettes. Les gens prétendent être ouverts. Mais la réalité est tout autre. Ici, on pointe du doigt, on juge, on condamne. Ici, on dit aux filles : attention à vos réputations ! »

Pour accéder au blog d'Ingrid :
www.wickedplots.com

Tamara Abi Khalil, la passion à fleur de peau

Elle possède le physique d'une star de cinéma et l'esprit d'une jeune chercheuse assoiffée de nouvelles connaissances. À 25 ans, Tamara Abi Khalil vient d'entamer un doctorat en psychologie de la communication à l'Université autonome de Barcelone (UAB). Son projet de thèse, pas encore officiellement défini, portera a priori sur « les effets psychologiques des séries télévisées sur les spectateurs ». Il s'intéressera plus précisément aux fictions télévisuelles qui traitent de la mode, des tueurs en série et de la drogue. L'intérêt que l'ambitieuse doctorante porte à ce sujet n'est pas nouveau. Son mémoire de master en médias et communication, défendu à l'Université Notre-Dame de Louaizé (NDU) en 2015, avait pour thème les tendances de la mode et l'influence des séries télévisées sur les jeunes téléspectateurs libanais.
Toutefois, ce qui captive Tamara Abi Khalil depuis ses tendres années, ce qui l'enthousiasme et la passionne, ce qui lui permet de poser les bonnes questions et d'y apporter des éléments de réponse, son moyen d'expression préféré, c'est l'écriture. « J'ai toujours aimé écrire et j'ai toujours écrit », confie la dynamique femme qui vient de publier dans la langue de Shakespeare un premier roman intitulé pertinemment Chasing Serendipity. Une expérience édifiante pour la jeune auteure qui avait remporté plusieurs concours de nouvelles alors qu'elle était encore écolière.

Aux antipodes des contes de fées
La jeune femme aux multiples talents – elle a à son actif douze ans de ballet classique, dont sept avec Georgette Gebara, grande figure de la danse au Liban – explique : « Chasing Serendipity raconte l'histoire de Tala, une jeune adolescente sur le chemin de l'âge adulte. Elle va traverser les expériences habituelles que connaissent les jeunes filles de son âge : rupture avec son copain, conflits avec ses copines... » S'y ajoutent, en toile de fond, les réseaux sociaux, les séries télévisées et les images déformées de la réalité qu'ils véhiculent. Un cadre ponctué par les remarques, désobligeantes et déplacées, sur son physique que lui répètent certaines personnes de son entourage. Des messages négatifs que Tala « absorbe comme une éponge » et qu'elle « finit par croire avec le temps », comme l'écrit Tamara.
Si au début de son projet d'écriture, l'idée de publier ne l'avait pas effleurée, la jeune auteure raconte s'être rapidement trouvée entraînée par sa plume. « Au fur et à mesure que l'histoire évoluait, mon ambition croissait. Je consacrais alors plus de temps à l'écriture », confie-t-elle.
Pas de prince charmant
Tamara Abi Khalil, qui est née et qui a vécu les six premières années de sa vie à Bruxelles, n'a pas voulu apposer un drapeau sur le pays de son héroïne ni dessiner ses frontières. « L'histoire de Tala est universelle. L'impact des réseaux sociaux et l'influence de l'entourage sur les jeunes est une réalité partout au monde », indique-t-elle avant d'ajouter : « Lorsque les gens répètent à une jeune fille qu'elle est trop grosse ou trop maigre, ils ne semblent pas réaliser l'effet dévastateur que leurs propos pourraient avoir sur elle. »
L'histoire, composée de bribes du propre vécu de l'auteure, de fragments de la vie de ses amis et de parcelles de son imagination, est surtout une invitation à l'émancipation et au bonheur, le vrai, celui qui prend un autre visage que celui plastifié et figé que dépeignent les médias télévisés et les réseaux sociaux. « Je n'ai pas voulu écrire une histoire d'amour à l'eau de rose. Au contraire. J'ai voulu plonger le lecteur dans la réalité pour qu'il puisse s'y reconnaître », souligne la jeune auteure. « Les fins heureuses ne sont pas toujours celles des contes de fées », fait-elle dire à l'un de ses protagonistes. Le bonheur arrive lorsque la vie cesse d'être une course effrénée pour combler des rêves artificiels et des besoins créés de toutes pièces par la société, les médias, les réseaux sociaux, l'entourage. Des alternatives existent. Et elles sont libératrices, plus réelles, plus authentiques, plus durables. Pour Tamara Abi Khalil, chacun peut créer son propre conte de fées.

Les droits des femmes vus au prisme de la science et de l’histoire

Non, la lutte pour les droits des femmes ne les présente pas comme des êtres « faibles, incapables et invalides ». Au contraire.

Droits fondamentaux, égalité des opportunités, égalité salariale, accès aux postes de gouvernance, partage des responsabilités politiques... Au Liban, en 2017, et malgré les avancées des dernières années, on est encore loin de l'égalité de genre, facteur indispensable au développement et à la croissance du pays, mais également à la paix et à la stabilité durables. Conscient du lien étroit entre la sensibilisation, l'accès aux informations et la responsabilité citoyenne, le club des Droits des femmes de l'USJ, dirigé par Hiba Kanso, jeune étudiante en droit de 22 ans, et qui rassemble des étudiantes et des étudiants en provenance de différentes facultés de l'USJ, a décidé, à l'occasion de la Journée internationale pour les droits des femmes, de se tourner vers des experts spécialistes, afin d'explorer les droits des femmes, en chiffres, à la lumière de la psychologie, en tissant un lien entre hier et aujourd'hui, et en honorant une grande figure de la lutte pour les droits des femmes, Laure Moghaizel, que le Liban et le monde arabe ont perdu en 1997.
Ainsi, le mercredi 8 mars, ce club universitaire, établi en 2013 à l'initiative d'une jeune étudiante en lettres Yara Arja, a organisé, au campus des sciences sociales de l'USJ (CSS), et en collaboration avec « La Troisième voix pour le Liban », la Bibliothèque du CSS et le Fonds Joseph et Laure Moghaizel, une journée de sensibilisation sur les droits des femmes dont le point culminant a été une table ronde sur le même thème dirigée par le professeur Rizk Zgheib, maître de conférences à la faculté de droit et de sciences politiques de l'USJ.
La rencontre a réuni Me Fadi Moghaizel, avocat au barreau de Beyrouth et associé principal du cabinet Moghaizel ; la Dr Aimée Nasser Karam, chercheuse et membre fondatrice du centre de recherches en santé mentale Idraac, présidente de l'Association libanaise de psychologie (LPA) et vice-présidente de « La Troisième voix pour le Liban » ; Nada Anid, auteure et cofondatrice de l'ONG Women in Front.
  
 
Les étudiants se disent féministes « pour lutter contre le sexisme », « pour obtenir l’égalité salariale », « car le féminisme, ce n’est pas la haine de l’homme », « pour ma sœur et ma mère », « car les droits des femmes sont les droits de l’homme »… Photo extraite de la page Facebook de la Bibliothèque du CSS légende
 




Modifier la loi et faire évoluer la société
Au cours de sa présentation, Me Moghaizel a mis en lumière d'importantes étapes du parcours de Laure Moghaizel ainsi que les principales acquisitions en faveur de l'égalité hommes/femmes. Le fils de la grande avocate et activiste qui est à l'origine de nombreuses réformes législatives en faveur des droits des femmes a également dressé une sorte de feuille de route pour le combat auquel Laure Moghaizel a consacré sa vie en le plaçant sur deux axes distincts, mais qui vont de pair : modifier les lois et faire évoluer les mentalités.
« Il est indispensable d'œuvrer en faveur d'une transformation non seulement des textes mais aussi de la société. Le changement de la société est nécessaire pour permettre de concevoir le droit différemment », a-t-il affirmé, avant d'ajouter : « L'évolution du droit doit résulter d'une évolution de la société, modification qui passe par l'abandon de certaines représentations telles que celle que la femme est uniquement une mère, une sœur, une épouse, bref un accessoire de l'homme, pour accepter la femme comme une personne à part entière, tout comme l'homme. »
La Dr Aimée Karam a, quant à elle, relevé « les spécificités mises en évidence par la psychologie et qui permettent d'identifier les obstacles qui entravent l'égalité des femmes dans le tissu social ». «
Dès les premières années scolaires, a-t-elle souligné, les petits, garçons et filles, subissent une certaine pression pour apprendre les stéréotypes liés au genre. Une situation qui ne s'améliore pas avec le temps. Puisque à l'adolescence, les filles sont valorisées pour leur apparence plutôt que pour leurs réalisations, et que l'indépendance est encouragée uniquement chez les garçons. »
Explorant le terme « féminisme », la psychologue a précisé que « la défense des droits des femmes (se fait) sur la base de l'égalité des sexes », et que dans cette optique, « les femmes et les hommes doivent avoir des droits et des opportunités égaux ».

Hiba Kanso
La participation des femmes à la politique
La cofondatrice de Women in Front, Nada Saleh Anid, qui est revenue sur la place déplorable qu'occupe le Liban dans le classement des pays selon l'inégalité entre les sexes en 2016 (135e place sur 144), a insisté sur l'importance du renforcement de la participation des femmes libanaises à la politique et l'urgence d'instaurer un quota pour femmes au niveau des sièges parlementaires et non uniquement dans les listes.
La rencontre a donné lieu à d'intéressants échanges avec le public. Les questions de l'audience ont permis d'approfondir le débat, notamment sur le quota. Mme Gina Chammas, membre du comité directeur du Likaa al-hawiya wal siyada (Cénacle de la citoyenneté et de la souveraineté) qui se présente aux prochaines législatives pour le siège des minorités à Beyrouth 3, a livré un virulent plaidoyer en faveur du quota, « cette mesure temporaire et indispensable pour remédier à une situation excessivement inégalitaire » et qui « contribuera à faire changer les mentalités ».
Une jeune étudiante a émis des doutes quant à la pertinence de la lutte pour les droits des femmes qui « montre ces dernières comme des êtres faibles, incapables et invalides ». Une image fort loin de la réalité et qui montre la nécessité d'écouter les jeunes, de leur parler et de les sensibiliser sur les différentes discriminations que continuent de vivre les femmes au Liban.
« Nous sommes convaincus que le partage et la communication entre les différentes générations ouvrent la porte à des idées innovatrices et réalisables », a conclu Hiba Kanso, en remerciant les participants, les partenaires, notamment Mme Leila Kassatly Rizk de la Bibliothèque du CSS et les intervenants « qui militent, chacun dans son domaine, pour les droits de l'homme et l'avènement d'une société plus égalitaire ».



e stand de « La Troisième voix pour le Liban » dont l’un des objectifs est la promotion de la paix et de la coexistence. Photo extraite de la page Facebook de la Bibliothèque du CSS
Au stand de l'association ABAAD qui œuvre pour l'égalité du genre

De gauche à droite : la Dr Aimée Karam, le professeur Rizk Zgheib, Mme Nada Anid, Me Fadi Moghaizel.






Look Forward : une main tendue vers les jeunes aux prises avec la maladie

La belle et courageuse Sara Khatib.
À 20 ans, on ne pense pas au cancer. Mais lorsque, contre toute attente, la maladie frappe, lorsque le sol se dérobe et que le ciel s'assombrit, le quotidien du jeune, ses projets, son univers basculent. L'onde de choc n'épargne pas la famille qui se retrouve, elle aussi, brutalement confrontée à d'importantes contraintes émotionnelles, mentales, physiques, logistiques et financières auxquelles elle n'est pas préparée. Comment « gérer » sa maladie sans interrompre ses études, sans suspendre sa vie ? Comment garder un semblant de normalité entre les séances de chimio, les effets secondaires du traitement, les fréquentes hospitalisations ? Comment ne pas laisser la souffrance prendre le dessus ? Ou comment accompagner son fils ou sa fille malade lorsqu'on travaille à temps plein ? Pour aider les jeunes patients et leurs familles à trouver des réponses à leurs interrogations et pour leur donner les moyens de faire face à la maladie, Look Forward : The Sara Khatib Cancer and Amputee Association est née.
Créée en 2015 par Najla Khatib, la très dynamique association a pour mission de briser l'isolement des jeunes souffrant de cancer et/ou d'une amputation et de leurs familles, de leur tendre une oreille attentive et leur offrir une épaule réconfortante, de les soutenir dans leur dure épreuve. Elle représente le rêve de Sara Khatib (sœur de Najla), brillante étudiante en 4e année de pharmacie emportée en 2014, à l'âge de 22 ans, par un cancer qu'elle avait farouchement et courageusement combattu, refusant de se laisser définir par sa maladie ou par son bras amputé (écouter sa conférence TEDx LAU qu'elle a animée en août 2014, deux semaines avant sa disparition).

Soutien affectif et financier
Offrir aux jeunes patients aux prises avec le cancer et/ou souffrant d'amputation l'occasion de rencontrer d'autres jeunes dans la même situation, de partager leurs expériences, d'exprimer leurs inquiétudes, de formuler leurs interrogations, d'extérioriser leurs émotions, de voir qu'ils ne sont pas seuls face à la maladie, et de puiser les uns des autres la force et le courage de poursuivre leur combat. Les jumeler à des coaches qui les accompagneront tout au long de leur traitement tout en les aidant à construire un état d'esprit plus positif. Porter avec les familles une part de leur fardeau financier. Tels sont les premiers objectifs de Look Forward, dirigée depuis sa création par la mère de Sara, Rula Khatib. « Nous organisons des rencontres de jeunes patients appartenant au même groupe d'âge au cours desquelles ils discutent des défis qu'ils affrontent face au cancer et/ou à l'amputation, racontent des anecdotes vécues et partagent les leçons qu'ils ont apprises », explique Mme Khatib. Et d'ajouter avec enthousiasme : « L'association offre également des séances gratuites de thérapie et d'activités sociales pour bâtir une communauté de personnes qui partagent les mêmes idées, des personnes qui peuvent, à leur tour, devenir des coaches pour les nouveaux membres. »
Dans ce cadre, Look Forward a organisé en 2016 deux séances de soutien de groupe pour les personnes souffrant d'amputation. « La première rencontre a eu lieu le 8 avril. Elle a été facilitée par une survivante du cancer, également amputée, qui a partagé ses pensées et ses sentiments face au cancer et à l'amputation. L'événement a eu un grand impact sur tous les participants, particulièrement sur Loulou, une fillette de 11 ans qui a affronté le cancer deux fois dans sa vie et qui a perdu sa jambe suite à la maladie il y a un an. » La deuxième séance, organisée en coordination avec le centre d'art thérapie Artichoke Studio, s'est tenue le 18 septembre. Animée par l'art-thérapeute Myra Saad et la thérapeute familiale Manal el-Shafii, cette rencontre, destinée aux adolescents amputés, « a permis aux participants de se rendre compte qu'ils ne sont pas seuls et que d'autres personnes du même âge sont confrontées aux mêmes défis et vivent les mêmes expériences ».

me Rula Khatib qui, grâce aux activités de l’association Look Forward qu’elle préside, contribue à améliorer l’état d’esprit des jeunes atteints de cancer et/ou amputés et à alléger le fardeau de leurs familles.
Alléger le fardeau des familles
Look Forward ne contribue pas aux frais médicaux et chirurgicaux qui sont couverts pas d'autres organisations telles que le Children's Cancer Center of Lebanon, Chance ou la NSSF. « Par contre, nous soutenons financièrement les familles dans tous les aspects liés à la condition de leur enfant et que les autres associations ne couvrent pas, tels les frais de transport vers la clinique ou l'hôpital, les frais de garde de la fratrie lorsque les parents sont occupés avec leur fils ou fille malade, la physiothérapie, les perruques, l'aide ménagère, etc. Nous contribuons également aux frais des prothèses », indique Rula Khatib.
Parmi les dernières actions de Look Forward figurent : un don de prothèses, la couverture des frais de séances d'orthophonie pour un enfant dont les deux parents sont atteints de cancer, des séances de psychothérapie, du tutorat privé pour les frères et sœurs d'un jeune patient, des services de coaching et de conditionnement physique, le jumelage des parents d'un amputé tétraplégique avec un coach lui-même amputé tétraplégique.
« Vous avez toujours la possibilité de sourire en dépit de la douleur et profiter de chaque seconde de votre vie », répétait Sara Khatib au cours de son combat. Son message, partagé des dizaines de milliers de fois sur les réseaux sociaux, inspire les jeunes qui, au printemps de leur vie, se trouvent confrontés à un sombre et dur hiver. « Nous ne sommes pas notre maladie, insistait-elle. Nous pouvons sentir la douleur, mais la souffrance qui vient avec, elle, est facultative. »
Pour en savoir plus sur Look Forward, visiter le www.lookforward.life

Seeming, ou lorsque des étudiants de la BAU se mobilisent contre le radicalisme

Des étudiants de l'Université arabe de Beyrouth (BAU) luttent contre l'extrémisme en promouvant l'esprit critique, la non-violence et l'acceptation de l'autre.

Si la disparition brutale et violente de trois jeunes Libanais au cours d'une fusillade terroriste dans une discothèque stambouliote a suscité des vagues d'indignation et de colère auprès des Libanais, ces réactions n'étaient pas unanimes sur les réseaux sociaux où ont circulé des messages haineux et sectaires.
« L'extrémisme est devenu un problème sérieux au Liban », estime Hanin Yousef, 23 ans, étudiante en master de traduction à la BAU. La violence et les discours de haine sont devenus pour certains le seul moyen de communication.
Face à la menace de l'extrémisme radical et profitant d'une compétition internationale pour lutter contre le radicalisme en ligne, la jeune traductrice et une poignée de ses camarades ont lancé il y a quelques semaines sur les réseaux sociaux une dynamique campagne de sensibilisation qu'ils ont intitulée Seeming. « Seeming (en anglais) signifie "apparent " ; ce mot renvoie à ce que les sens perçoivent et qui n'est pas toujours conforme à la réalité, à ce que les choses semblent être, sans nécessairement l'être. Notre logo est formé d'un "S" pour Seeming, à l'intérieur duquel se trouve un labyrinthe. Cet enchevêtrement représente l'impasse sans retour dans laquelle sont pris les jeunes lorsqu'ils intègrent des groupes extrémistes », précise la jeune mastérante licenciée en littérature et lettres anglaises. Et d'insister : « Alors que l'extrémisme peut apparaître pour certains comme le bon choix, une voie facile pour résoudre leurs problèmes, la réalité est tout autre. Ce n'est qu'un labyrinthe fatal. »

« L'extrémisme n'est pas le chemin »
Extrêmement motivés et profondément convaincus par l'importance de leur action, les jeunes étudiants ont créé pour leur campagne des comptes sur Facebook, Twitter et Instagram. Ils y postent des images commentées, des articles et des vidéos qu'ils jugent éclairants. Leurs publications, en anglais et en arabe, ciblent les jeunes au Liban et dans les pays arabes. Hanin, qui assume la fonction de rédactrice en chef de Seeming poursuit : « Nous avons défini plusieurs façons pour les internautes d'interagir avec nos pages. Nous avons, par exemple, instauré une publication hebdomadaire, "la question de la semaine", qui nous permet de les faire réagir sur différents aspects de l'extrémisme. » Stratégie réussie. Plus de 1 750 internautes sont déjà fans de la page et des centaines réagissent aux publications. Toutefois Hanin confie qu'au début, « la mentalité de la société et l'écart dans les points de vue les ont poussés à faire une courte pause pour repenser leur plan ».
Ne voulant pas limiter ses actions aux réseaux sociaux, la jeune équipe de Seeming a organisé avec le Centre des droits de l'homme de leur université un atelier auquel ont participé 25 étudiants de différentes filières. Au cours de la rencontre, des professeurs de la BAU ont initié les participants aux « concepts d'extrémisme et de terrorisme », mais également à des thématiques telles que « l'histoire de la violence », « les groupes islamiques et l'extrémisme », « la démocratie et le terrorisme » et « les types d'extrémisme ». « Les participants que nous avons appelés ambassadeurs de la paix ont également appris à organiser un événement et à conduire une campagne », ajoute la jeune traductrice.
Également loin du virtuel, au cours d'un autre événement de sensibilisation et de recrutement qu'ils ont tenu sur leur campus, les membres de Seeming ont distribué aux étudiants des brochures et des marque-pages portant des inscriptions contre la radicalisation telles que : « Ne me dis pas que tu sais où tu t'en vas lorsque c'est quelqu'un d'autre qui t'y a entraîné ».

Une équipe active et déterminée
Composée d'une dizaine d'étudiants assumant chacun une fonction, chef d'équipe, rédacteur en chef, traducteur, concepteur, responsable de marketing, spécialiste des médias et chercheurs, l'équipe de Seeming est dynamique et déterminée à développer son action. « Notre chef d'équipe est un étudiant en droit et en sciences politiques. Il représente le noyau du groupe. C'est lui qui répartit les tâches et distribue le temps.
Notre designer est un talentueux étudiant en architecture. Notre spécialiste des médias sociaux est une étudiante en marketing qui poursuit un MBA. Elle passe tout son temps à améliorer notre page et à créer du contenu intéressant. Un étudiant en média est en charge de la réalisation de nos vidéos. Les chercheurs sont des étudiants de différentes spécialisations qui nous ont offert toutes les ressources dont nous avions besoin pour les statistiques, les sondages, les ateliers... », détaille la jeune rédactrice en chef.
Bien que la campagne Seeming soit née dans le cadre d'une compétition interuniversitaire mondiale lancée par le département d'État américain à laquelle participent plusieurs universités libanaises, elle sera poursuivie, développée et étendue « même si notre équipe n'accède pas à la finale », assurent les étudiants.
Hanin, qui dénonce la manipulation que font certains politiciens et hommes religieux et qui entraîne le peuple vers la haine, la radicalisation et l'extrémisme, conclut : « Seeming non seulement brandit des idées contre les idées radicales, mais il lutte également contre les actes des extrémistes par des actes. Un exemple : l'atelier que nous avons mené pour diffuser notre message et recruter plus de personnes autour de notre cause. Tout comme Daech (acronyme arabe de l'organisation État islamique), nous pouvons recruter. Ils ne sont pas mieux. »
Le site de Seeming sur Facebook : www.facebook.com/SeemingBAU/

 

À l'USEK, la lutte contre l'extrémisme passe par les femmes

« Haven Square-Do not go to hell est un mouvement créé pour faire la lumière sur les tentatives faites par des groupes extrémistes afin d'attirer les femmes dans leur " utopia square " », lit-on sur la page Facebook de la campagne lancée par une douzaine d'étudiants de l'USEK dans le cadre de leur participation à la compétition « Peer to Peer : Challenging Extremism ». Un projet initié par le département d'État américain, Facebook et les partenaires EdVenture pour encourager les étudiants universitaires partout au monde à se mobiliser contre l'extrémisme qui sévit sur la toile. L'équipe de Haven Square, formée par des étudiants en provenance de différentes facultés de l'USEK, veut « contribuer à mettre en exergue les méthodes utilisées par les groupes extrémistes pour recruter des femmes sur les réseaux sociaux ». Depuis sa création il y a quelques semaines, elle a organisé plusieurs activités de sensibilisation. La première, tenue au campus de l'USEK au mois de novembre, a réuni des étudiantes prétendument convoquées à un casting pour un film qui porte sur les méthodes de rencontre sur le Net entre les femmes et les hommes au Moyen-Orient et qui ont eu la surprise de découvrir l'objectif de l'événement auquel elles sont invitées en visionnant un documentaire fort bouleversant sur le recrutement en ligne des femmes par des groupes extrémistes.
Pour en savoir plus sur Haven Square ou pour soutenir cette campagne : www.facebook.com/HavenSquareLb.

Ils œuvrent pour illuminer le Liban, un village à la fois

Des étudiants de l'AUB, membres du club Student for Sustainable Energy for All (SSEA), poursuivent un admirable projet écologique, social et citoyen qui vise à répondre d'une manière durable aux besoins énergétiques des villages libanais.

« Light up a village » (LUV) est le titre du projet initié il y a quelques mois par des étudiants de l'Université américaine de Beyrouth (AUB) pour promouvoir les énergies renouvelables et fournir des solutions durables aux problèmes énergétiques auxquels font face certaines régions du Liban.
« Nous avons voulu sortir des murs de l'université et tendre la main à la communauté », confie Ibrahim Alassaad avec enthousiasme en expliquant la naissance de ce projet. Le jeune étudiant en génie de 19 ans, membre de l'équipe logistique de LUV, est convaincu, comme tous ses camarades du Student for Sustainable Energy for All (SSEA), de l'importance des ressources naturelles dans l'amélioration du cadre de vie des populations et de la nécessité de se tourner vers des acteurs locaux pour faciliter et accélérer le développement des villages défavorisés.
« LUV vise à mettre en place un environnement où les donateurs – des entreprises, des organisations, des institutions et des individus – ont la possibilité de contribuer au développement des localités mal desservies », affirme-t-il.
Une fois leur idée en tête, les futurs ingénieurs, médecins, historiens ou experts en marketing ont mené des recherches, consulté des professeurs, communiqué avec les municipalités, contacté des experts, cherché des sponsors pour parrainer et mettre en place leur projet. « Nous sommes allés à la rencontre de donneurs potentiels. Nous leur avons présenté notre idée et discuté avec eux des possibilités d'offrir des solutions énergétiques durables aux communautés qui font face à des problèmes d'approvisionnement en électricité », poursuit Ibrahim.
Les applications énergétiques que propose LUV varient, selon les besoins des localités, de l'éclairage des villages à l'approvisionnement en électricité pour le chauffage et la réfrigération. « En raison de contraintes politiques et économiques, certains villages au Liban ne sont pas approvisionnés en électricité de manière continue. En outre, ils ne sont pas assez soutenus financièrement pour conserver et renouveler leurs services publics et leurs infrastructures. Cela place les habitants dans des conditions hasardeuses et dangereuses », explique le jeune ingénieur en devenir.

Un projet à long terme
« Notre choix pour la phase pilote du projet s'est porté sur la région du Akkar et, particulièrement, sur le village de Majdel », indique Ibrahim. Situé au nord du Liban, Majdel est un village de 3 000 habitants confronté à un large flux de réfugiés syriens. Il souffre depuis longtemps de longues et très fréquentes coupures d'électricité. Le jeune étudiant, lui même originaire de Akkar al-Atika, poursuit : « Plus de 15 lumières LED (diodes électroluminescentes) hautement efficaces, alimentées par des panneaux solaires, seront installées dans les places les plus actives du village. Un éclairage efficace des rues est très important pour la sécurité des habitants la nuit. » Cette première étape du projet, désignée LUV1, est rendue possible grâce au dynamisme et à l'engagement des étudiants ainsi qu'à l'apport et à la générosité des partenaires et des donneurs. Dans la liste de ceux-ci figurent le projet Cedro de l'Union européenne et le Programme des Nations unies pour le développement, BankMed, Deloitte, la banque Byblos et la Chambre de commerce, d'industrie et d'agriculture de Tripoli et du Liban-Nord.
LUV a été également soutenu par l'AUB et applaudi par son président Fadlo Khuri. « Notre projet a remporté la plus haute subvention du 150e anniversaire de l'AUB d'une valeur de 5 000 dollars américains », se réjouit Ibrahim avant de conclure : « LUV ne s'arrête pas là. Nous ambitionnons d'atteindre tous les villages défavorisés au
Liban. »
Prochaine étape LUV2, pour éclairer un autre village et améliorer le cadre de vie de ses habitants.