Le dopage, bien plus qu’une tricherie

Par Roula AZAR DOUGLAS | samedi, avril 28, 2012

Le dopage tue. Il ne décapite pas uniquement le sport ou l’esprit de compétition. Il foudroie également la santé des jeunes sportifs. En Belgique par exemple, on rapporte depuis quelques années au moins un décès annuel des suites de la consommation de produits anabolisants. En France, deux jeunes joueurs de rugby ont développé il y a quelques semaines un cancer qui serait lié à la consommation d’une substance achetée sur Internet. Dans le monde entier, le dopage constitue une menace pour le sport et les sportifs. Le Liban ne fait pas exception. Une étude publiée en février 2012 par le Journal of nutrition and metobolism indique que plus de 36 % des personnes fréquentant des salles de gym à Beyrouth ont reconnu consommer des « compléments nutritionnels » sans supervision médicale étroite. Évidemment, tous les produits vendus sous le label de « suppléments alimentaires » ne sont pas néfastes et ne sont pas considérés comme dopants. Mais en l’absence de mesures serrées de contrôle et d’inspection des substances vendues dans les boutiques du coin, sur les chaînes de télévision (!), sur le Net, et dans les clubs de sport « sous le manteau », un danger bien réel guette les jeunes sportifs, et particulièrement ceux qui cherchent par tous les moyens à améliorer leur performance physique ou augmenter leur masse musculaire. Sachant que les sportifs amateurs ne sont pas (ou rarement) soumis à des contrôles antidopage.
L’institut de physiothérapie de l’USJ, conscient des dangers du dopage, offre une formation intitulée « Dopage : pratiques sportives et contrôles ». Cette formation de dix heures est offerte dans le cadre du master en physiothérapie. « Mais elle peut être ouverte aux physiothérapeutes, aux entraîneurs et même aux sportifs qui le souhaitent », affirme Mme Nisrine Abdelnour Lattouf, directrice de l’institut de physiothérapie de l’USJ. L’objectif de ce cours est de faire connaître les pratiques du dopage et d’apprendre aux jeunes et à leur entourage à discerner entre alimentation, traitement et dopage. « Il a pour but aussi de souligner les effets néfastes de cette pratique et d’inciter à la lutte contre la consommation de produits dopants », poursuit Mme Lattouf. La formation est dispensée par M. Jihad Haddad, physiothérapeute, officier international de contrôle de dopage au sein du Comité olympique d’Asie et à l’Agence mondiale antidopage.
« Au Liban, les structures sportives ne sont pas toutes pourvues d’un médecin ou d’un préparateur physique. Le physiothérapeute se trouve alors confronté à des situations qui exigent de lui une bonne connaissance du dopage, indique Mme Lattouf. Il y a des coachs qui conseillent aux joueurs de consommer des substances pour améliorer leur performance. D’où la nécessité de sensibiliser les physiothérapeutes et l’ensemble des acteurs dans le domaine sportif sur les dangers du dopage. »

La laïcité vue par les jeunes Libanais

Ils sont venus nombreux, au Bathish auditorium, pour écouter la conférence du Dr Fawaz Traboulsi sur la laïcité au Liban. Un évènement organisé le jeudi 12 avril par le Club laïc de l’AUB en commémoration de la guerre civile libanaise.

 
Rackel Mezher, étudiante en 2e année de génie chimique et membre du club, insiste dans son mot d’ouverture sur le lien direct entre le système confessionnel et la guerre civile. « Nous croyons que la laïcité garantit l’égalité de tous les citoyens et la liberté de chacun, dit-elle. Nous voulons sensibiliser les gens aux dangers du confessionnalisme. Le rôle de la laïcité dans l’édification d’un État de droit n’est pas une illusion. L’illusion est de croire que le système confessionnel peut perdurer. »

 
Devant un public très attentif, le Dr Traboulsi, professeur de sciences politiques à la LAU et à l’AUB, déplore l’amnésie officielle qui couvre la guerre. Le professeur, qui est aussi journaliste au quotidien as-Safir, dénonce la version officielle qui parle de la « guerre des autres au Liban ». Une théorie qui permet aux Libanais de fuir toute responsabilité dans la guerre qui a ravagé le pays pendant 15 ans. « Il n’y aura jamais une version unique de la guerre, conclut-il. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas s’informer, se documenter, communiquer, se rappeler et apprendre de la guerre. »

 
Le Club laïc – qui est totalement indépendant des partis et des courants politiques libanais – a été fondé il y a 3 ans par des étudiants de l’AUB dans l’objectif de sensibiliser la nouvelle génération sur les dangers du système confessionnel. « Nous avons également pour objectif de combattre les préjugés envers “l’autre”, qui se basent sur une haine et un désir de vengeance latents, et d’exposer notre vision de la laïcité au Liban comme seule alternative durable pour préserver le Liban libre, indépendant, souverain, démocratique et pluriel », affirme Jean Kassir, étudiant en 1re année d’économie et membre du club.
 

Les étudiants espèrent réussir l’expérience de ce club en tant que rassemblement politique alternatif laïque pour exporter le modèle à d’autres universités. « Il s’agit de démocratiser à fond l’idée en ayant des représentants ailleurs, dans d’autres facs, explique Jean Kassir. Nous ne voyons pas notre club comme un rassemblement élitiste limité aux étudiants de l’AUB. À cet effet, nous travaillons avec d’autres organisations avec lesquelles nous partageons les mêmes objectifs. »
 


Au Liban, la laïcité n’est pas pour demain. Cependant, une chose est sûre : le plus long chemin commence toujours par un pas.