Sara Khatib n’est plus... Vive Sara Khatib !

« Je choisis de ne pas être Sara Khatib, la patiente atteinte de cancer, l'amputée, et de continuer à être Sara Khatib, l'étudiante en 4e année de pharmacie qui est maladroite, qui aime le Nutella et qui se trouve avoir un cancer et un bras amputé. »Ces paroles, prononcées par la brillante étudiante durant sa conférence TEDx LAU, ont bouleversé le public qui n'a pas attendu la fin de son discours pour réserver à la courageuse jeune fille de 22 ans une ovation debout. C'était le 23 août passé. Deux semaines avant le décès de Sara, emportée par la maladie.




Depuis l'annonce de sa disparition, une vague de messages de chagrin a déferlé sur les réseaux sociaux, saluant le courage, la détermination, la positivité de la jeune fille qui, malgré toutes les difficultés que la vie a mis sur sa route, a gardé le sourire et a réussi à communiquer aux autres sa joie de vivre et sa volonté de « profiter de la vie en dépit de la douleur ». Des dizaines de milliers d'internautes ont écouté et partagé en ligne sa conférence TEDx LAU intitulée : « Les quatre leçons que j'ai apprises en luttant contre le cancer ». Certains d'entre eux ont laissé de touchants commentaires honorant la mémoire de la jeune fille. « Sara est une source d'inspiration. Je visionnerai cette vidéo chaque jour de ma vie » ; « Lorsque je l'ai rencontrée pour la première fois, elle avait 14 ans. Nous avons voyagé ensemble avec l'organisation d'engagement communautaire CISV dont la mission est de promouvoir la paix et l'amitié planétaire. Sara aurait pu conquérir le monde avec son sourire et sa détermination » ; « Elle était une combattante. Il y avait en elle beaucoup d'amour et de bonté. Son sourire était contagieux. »

Elle survivra
Au-delà des témoignages et des mots de chagrin et d'amour, pour honorer sa mémoire, des étudiants et des enseignants de la LAU ont décidé d'adopter sa cause et de réaliser son rêve de fonder une première association de soutien pour les amputés au Liban.
Il n'y a pas de doute que le message de vie et d'espoir de Sara Khatib lui survivra longtemps. « Vous avez toujours la possibilité de sourire en dépit de la douleur et profiter de chaque seconde de votre vie », a-t-elle insisté. « Nous ne sommes pas notre maladie. Nous pouvons sentir la douleur, mais la souffrance qui vient avec, elle, est facultative. »

Sara Khatib lors de la conférence 
TEDx LAU le 23 août 2014.
Credit photo : Humans of LAU.

Nous sommes les filles de cette terre. Changez votre loi!


Nous sommes nées des entrailles de cette terre. La terre de nos grands-parents, la nôtre, celle de nos enfants et plus tard de nos petits-enfants. Cela étant dit et avant d'élaborer, commençons par la fin. Nous, les femmes du Liban, d'Achrafieh, de Tripoli, de Bickfaya, de Tyr, de Rachaya et de tous les coins du pays du Cèdre, chrétiennes, musulmanes ou druzes, nous n'accepterons plus de ne pas bénéficier des mêmes droits en matière de citoyenneté que nos frères, cousins, voisins, amis et hommes du Liban.
Aux gouvernants du pays, le message suivant : vous dites que vous avez peur pour le Liban, et que nous accorder le droit de transmettre notre nationalité à nos enfants exposera le pays à des risques, le risque d'un changement démographique quelconque, d'un déséquilibre confessionnel, d'une implantation des Palestiniens, de grands malheurs. Même si nous ne partageons pas vos « craintes », nous ne perdrons plus notre temps à essayer de vous convaincre du contraire, puisqu'il est évident que vous n'avez aucune volonté de réparer le grand tort que la loi, injuste et anticonstitutionnelle, de la nationalité nous a fait et continue à nous faire. Par contre, nous sommes intransigeantes sur le principe de l'égalité des citoyens devant la loi. Principe assuré par la Constitution libanaise et les traités internationaux que le Liban a ratifiés. Alors, puisque vous ne « pouvez » pas nous « donner » notre droit, fondamental et naturel, de partager notre citoyenneté libanaise avec nos enfants, nous exigeons un amendement de la loi, qui ne « met pas le pays à risque » et qui nous garantit l'égalité en droit. La loi amendée de la nationalité stipulera: est libanaise toute personne née de père et de mère libanais.
Voilà des décennies que nous nous battons pour notre droit, si juste, de partager notre identité libanaise avec nos enfants. Votre réponse? Un refus net et catégorique d'amender la loi. Et avec une certaine condescendance, des députés  nous ont proposé, à travers les médias, de petites mesures pour alléger les souffrances des Libanaises mariées à des non-Libanais. Mais ce n'est pas la charité que nous demandons! Non! Nous voulons notre droit, naturel, fondamental et juste, à une pleine citoyenneté !
Rien de moins !
Pour rappel : la loi de la nationalité, vieille de 90 ans, accorde à l'homme libanais le droit de donner sa nationalité libanaise à sa femme non libanaise – qu'elle soit palestinienne, iranienne, saoudienne, américaine ou autre. Elle lui permet de transmettre sa nationalité à ses enfants. Et – j'espère que vous êtes assis – cette loi accorde à l'épouse étrangère, naturalisée grâce à son mariage avec un Libanais, le droit de transmettre sa nouvelle nationalité aux enfants mineurs qu'elle aurait eus avec un ex-mari non libanais si son époux libanais décède !
La même loi qui nous empêche, femmes du Liban, de transmettre notre nationalité à la chair de notre chair, à nos propres enfants.
Roula AZAR DOUGLAS
Journaliste, membre du Groupe de conseil 
de la 
société civile d'ONU-femmes pour les États arabes

Poems for those who still read (Des poèmes pour ceux qui lisent encore) est le titre de son recueil en devenir. Un ouvrage rassemblant ses écrits en français, anglais et arabe, composés durant un exil auto-imposé de plus de sept ans qui l'avait mené à l'âge de 22 ans de Tripoli à Paris, en passant par Londres, Berlin, l'Inde, Washington et New York. Des poèmes qui relatent « sa destinée et celle de sa nation ». Dima el-Sayed, auteure, chanteuse et peintre, confie : « J'ai toujours eu envie de partir. Le Liban n'est pas un exemple de liberté. » Dans la capitale française, Dima, fraîchement licenciée en droit de l'USJ, intègre la Sorbonne et complète un DEA en droit comparé. « J'avais, de par mes lectures et mes études, des attentes de l'étranger qui n'ont pas été comblées », poursuit-elle, faisant allusion à la censure de son blog sur Le Monde.fr durant la guerre de juillet 2006.
Avant son retour au pays du Cèdre il y a deux ans, elle part en Inde pour apprendre le chant dhrupad, considéré comme étant l'expression musicale la plus ancienne de l'Inde du Nord. Une expérience édifiante et révélatrice pour la jeune chanteuse.
Le crowdfunding pour trouver des réponses
« La société libanaise qui appelle sans cesse les émigrés à revenir au pays, quelle place accorde-t-elle à l'étranger libanais ? Quel espace lui donne-t-elle ? » s'interroge la jeune artiste. Et c'est pour trouver une réponse à ses interrogations qu'elle a choisi le crowdfunding – financement participatif par le biais d'Internet et des réseaux sociaux – pour concrétiser son projet littéraire. « Je veux impliquer les lecteurs potentiels dans la création de cet ouvrage, les faire sortir de leur rôle de simple récepteurs en les faisant participer au processus de création du livre en tant qu'objet », explique-t-elle. La campagne lancée sur le site Zoomaal est ouverte jusqu'au 3 mars prochain. « Cette campagne de financement est un caillou jeté dans l'eau. Quel sera son effet ? C'est ce que je veux mesurer », poursuit Dima, avant d'ajouter : « Je suis en même temps celle qui lance la pierre et la pierre elle-même. »
Le financement participatif permettra également de « remettre en question le rapport de l'individu – libanais, arabe ou autre – à l'argent ». Dima poursuit : « Est-on prêt à troquer son argent pour des vers ? Cette question est particulièrement pertinente dans les sociétés prétendument religieuses. »
De l'esthétique
Dima, qui fut l'un des 25 musiciens sélectionnés du monde entier pour effectuer en 2013 une résidence de quatre semaines aux États-Unis axée sur le pouvoir transformateur des arts à travers la création de l'original, la musique inventive et la « diplomatie de personne à personne », travaille sur un prochain projet artistique, en collaboration avec des artistes libanais et internationaux, une exposition sonore mixte de toiles, de chants et de projections qui s'articule autour du sacré.
À plus court terme, qu'offre-t-elle aux lecteurs dans son prochain recueil de poèmes ? L'artiste répond : « De l'esthétique. La poésie propose une harmonie, une paix. Notre vie est faite de mots qu'on entend consciemment ou pas, qui nous façonnent : discours des politiques, des figures religieuses, des autorités parentales, avec incitations à la haine, à la violence. Une culture du laid qui nous pousse vers le néant. »

Deux Libanais veulent contribuer à personnaliser le traitement du cancer au Liban


Le Dr Nemr el-Hajj
Ils sont frère et sœur. Lui effectue un postdoctorat au département génie mécanique de l'Université de technologie de Compiègne. Elle est enseignante-chercheuse à l'UL, l'USEK et l'UPA. Leur ambition ? À long terme, « révolutionner les diagnostics et les traitements par la caractérisation de la constitution génétique d'un individu, cibler le traitement médicamenteux sur la région à traiter, offrir des appareils adaptés aux handicaps visuels et auditifs, et fabriquer des capteurs intégrés pour détecter les maladies corporelles dès leur apparition ».
Mariana Hajj, docteure en pharmacologie moléculaire, explique : « Le marché mondial de l'instrumentation médicale pour les rayons X est en croissance constante depuis plusieurs années. Les nouveaux générateurs de rayons X seront basés sur une thérapie reconnue et utilisée couramment par la communauté médicale. L'innovation réside dans la miniaturisation de ces générateurs en utilisant des cathodes froides à base de nanoperles de carbone. » Une nouvelle technologie qui vise en premier à améliorer la qualité des soins apportés aux patients atteints du cancer. « La radiothérapie conventionnelle brûle non seulement les cellules cancéreuses, mais aussi les tissus qui les entourent. Ce n'est pas le cas avec les nanoperles de carbone qui permettent d'avoir une cathode froide et d'effectuer une radiothérapie de précision. Et grâce à la miniaturisation de l'appareil, le patient pourra à l'avenir subir sa radiothérapie à domicile. »
Un traitement encore peu accessible
« Actuellement, ce traitement est offert dans moins d'une dizaine de centres au Japon, en Chine, en Europe. En France, un projet de centre médical qui dispensera la nouvelle technique de radiothérapie est en cours », affirme le Dr Nemr el-Hajj. Une radiothérapie plus précise et plus sûre, mais qui est encore loin d'être accessible à tous les malades. « Limitée pour l'instant aux patients ayant des tumeurs radiorésistantes, elle est offerte uniquement dans quelques centres de traitement et est très coûteuse. »
L'ambition des deux chercheurs de faire participer le Liban au développement de cette nouvelle technologie est née il y a cinq mois, lorsqu'ils ont appris qu'une entreprise établie au Canada a réussi, après une dizaine d'années de recherche et de développement, à passer à la phase de production industrielle de nanoperles de carbone. « NanoMed, qui compte dans ses rangs des chercheurs internationaux, a développé un réacteur pour la production massive en continu des nanoperles de carbone qui pourraient ainsi être utilisés comme renfort dans des matrices polymères pour le développement de nanocomposites aux propriétés spécifiques remarquables », explique le Dr Nemr el-Hajj, qui propose alors au chef de direction de NanoMed, Joseph Khoury, de travailler avec les chercheurs de l'entreprise sur le développement des nouveaux nanocomposites.


Possibilités multiples
« Les nanoperles de carbone peuvent être utilisées comme un renforcement des différentes résines thermoplastiques et thermodurcissables pour différentes applications. Par exemple, elles semblent être un atout pour la fabrication des gilets pare-balles », poursuit le Dr Hajj, qui avait obtenu une mention très honorable pour sa thèse de doctorat en génie mécanique et génie des procédés, soutenue en 2010 à l'Université de Picardie Jules-Verne. Aujourd'hui, en tant qu'expert des nanocomposites, il dirigera un projet de recherche mené en collaboration entre l'Université de technologie de Compiègne et NanoMed, et contribuera à la phase de développement des nanocomposites pour des applications dans les secteurs de l'aéronautique et de l'automobile.
Pour le Dr Mariana Hajj, devenue depuis peu conseillère scientifique de NanoMed au Liban, le moment marquant de ces derniers mois est l'instant où elle a appris que NanoMed a fabriqué un prototype de générateur de rayons X miniature et portable. « J'ai alors trouvé qu'il serait très intéressant pour moi de participer aux recherches concernant l'expérimentation sur les souris et les essais cliniques, d'une part, et d'amener les générateurs miniaturisés au Liban, d'autre part », confie-t-elle, avant d'affirmer avec enthousiasme : « Cette personnalisation du traitement du cancer révolutionnera la médecine au Liban et dans le monde. Ces appareils permettront aux médecins traitants d'effectuer la radiothérapie chez les patients, dans le confort de leur domicile. Et le coût du traitement sera significativement inférieur au coût actuel. »
Les chercheurs libanais souhaitent également donner la possibilité aux étudiants et à leurs collègues au pays du Cèdre de participer à la phase d'industrialisation de ces générateurs.
Leurs projets sont-ils faciles à réaliser ? « En ce qui concerne l'implantation au Liban, nous allons étudier les détails bientôt. Cependant, la gestion administrative est complexe. Au niveau universitaire, nous n'avons pas les fonds nécessaires pour envoyer des étudiants et des chercheurs au Canada. »
« Les nanoperles de carbone n'ont pas encore livré tous leurs secrets. Elles méritent un travail de recherche, de caractérisation et d'amélioration plus approfondi. C'est pourquoi plusieurs universités et instituts de recherche et de développement s'y intéressent ». Et le Dr Mariana Hajj de s'interroger : « Pourquoi pas les universités libanaises? Pourquoi pas l'industrie libanaise ? »


                                           Le Dr Mariana Hajj à l’Université Montpellier I, 
                                           en 2012, lors de sa soutenance de thèse 
                                           pour laquelle elle a obtenu une mention 
                                           très honorable et les félicitations du jury.

Refuser l’impunité et la banalisation de la mort


« Peut-on fêter le Nouvel An comme si de rien n'était? N'a-t-on pas un devoir de respect et de mémoire envers les victimes de la dernière explosion à Beyrouth, dont le sang n'a pas encore séché ? », « On ne peut et on ne doit pas continuer comme si de rien n'était », « Comment poursuivre le cours normal de nos vies quand les gens se font tuer en plein jour soit parce qu'ils ont une opinion politique contraire à celle des criminels, ou tout simplement parce qu'ils ont eu le malheur de se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment ? » Voici un échantillon de l'état d'esprit de nombreux jeunes Libanais après l'attentat qui a coûté la vie à huit personnes dont l'ancien ministre Mohammad Chatah et qui a blessé des dizaines de citoyens. Une réaction concrétisée par la création rapide de plusieurs groupes sur Facebook refusant la violence et la banalisation de la mort, et appelant les internautes libanais à exprimer haut et fort leur colère face à l'insécurité qui sévit au pays du Cèdre.

Une semaine après le lâche attentat de Starco, la question que l'on se pose est la suivante : est-ce qu'il y a une chance que ce refus de la violence, de la deshumanisation des victimes et du fatalisme se transforme en une secousse assez forte pour avoir un impact quelconque sur la situation au Liban ? Ou bien, comme d'habitude, la vie prendra le dessus, les visages des victimes tomberont rapidement dans l'oubli et les noms des martyrs s'estomperont graduellement de la mémoire collective... jusqu'à la prochaine explosion ? La réponse est probablement négative. La page étant déjà tournée pour de nombreux Libanais.

« Après un assassinat, après une explosion, les mêmes slogans fusent, les mêmes promesses aussi "On ne t'oubliera jamais". Mais finalement, tout le monde oublie. Jusqu'au prochain martyr », observe Racha el-Halabi, jeune étudiante en conception graphique et communication visuelle à l'UL, avant d'ajouter : « Treize martyrs... En 2005, on s'est demandé : à qui la faute ? Maintenant, on se demande : c'est le tour de qui ? Apparemment, la violence est devenue le seul langage utilisé. J'ai peur de ce nouveau Liban. »
La valeur de la vie humaine
« Quand on assassine un homme comme le ministre Chatah, représentant le Libanais ouvert, le Libanais modèle qui a réussi ; et quand on provoque la mort de toutes ces victimes dont ce pauvre jeune Mohammad Chaar, des hommes qui ne sont pas des politiciens mais qui ont eu la malchance d'être sur les lieux de l'explosion, on ne peut qu'être triste et révolté », s'indigne Anthony Féghali, jeune avocat en devenir, très affecté par l'explosion. « J'avais vu le ministre Chatah, il y a quelques semaines, lors de la journée piétonne qu'avait organisée l'association Achrafieh 2020. Il se promenait bras dessus, bras dessous avec sa femme à Gemmayzé, souriant, en tenue décontractée et casquette. Depuis l'explosion, je ne fais que penser à cette image de couple joyeux heureux de passer un beau dimanche dans la capitale », poursuit-il.

Au-delà des affinités ou des divergences politiques, le peuple tout entier, et notamment les jeunes, doivent refuser catégoriquement le recours à la violence pour marquer des points politiques. Le peuple doit lutter contre l'impunité en vigueur au Liban.

Racha el-Halabi, qui confie que ce révoltant crime a ramené dans sa mémoire des images de l'assassinat du Premier ministre Rafic Hariri, poursuit : « J'ai rencontré l'ancien ministre Chatah la semaine passée lors de la conférence de coexistence organisée à Tripoli. Nous avons eu l'occasion de nous parler. Le Liban a vraiment perdu une figure de la modération qui croyait au dialogue, au langage de la raison et de la logique, et au droit à la différence des opinions. »

Outre la colère et l'indignation, les jeunes éprouvent un sentiment constant de peur. Elham el-Hajj, étudiante en presse à l'UL, se trouvait aux Souks de Beyrouth au moment de l'explosion, qu'elle qualifie d' « habituelle chez nous, au Liban ». Ordinaire donc mais « horrifiante », selon la jeune fille qui poursuit : « Je ne me rappelle plus comment l'amie qui m'accompagnait et moi-même sommes rentrées à la maison. » Elham confie qu'elle est triste et qu'elle a peur, « car peut-être qu'un jour, je serais moi-même, comme Mohammad Chaar, une innocente victime d'une explosion. »

Samer Sarkis est lui aussi étudiant en journalisme à l'UL. Réaliste mais non blasé, le jeune homme fulmine : « On vit dans une jungle. C'est dramatique et ironique en même temps. Chaque jour, il y a une explosion. Si ce n'est pas une explosion au vrai sens du terme, c'est une crise économique ou sociale. Nous vivons dans un pays où chacun semble attendre son tour d'être tué. On en a marre ! Mais malgré tout, nous sommes un peuple qui veut vivre. »

Vivre justement. Les jeunes sont unanimes sur ce point. Il faut résister au découragement. « Je ne suis pas de ceux qui baissent les bras. Je veux rester au Liban pour le moment. Je me dis qu'en tant que jeunes, on doit essayer de faire ce que l'on peut pour un avenir meilleur au Liban et espérer que la situation ne va pas empirer », estime Anthony Féghali avant de conclure : « On verra ce qu'on pourra apporter à ce pays et on verra bien ce que l'avenir nous réserve. »