Les droits des femmes vus au prisme de la science et de l’histoire

Non, la lutte pour les droits des femmes ne les présente pas comme des êtres « faibles, incapables et invalides ». Au contraire.

Droits fondamentaux, égalité des opportunités, égalité salariale, accès aux postes de gouvernance, partage des responsabilités politiques... Au Liban, en 2017, et malgré les avancées des dernières années, on est encore loin de l'égalité de genre, facteur indispensable au développement et à la croissance du pays, mais également à la paix et à la stabilité durables. Conscient du lien étroit entre la sensibilisation, l'accès aux informations et la responsabilité citoyenne, le club des Droits des femmes de l'USJ, dirigé par Hiba Kanso, jeune étudiante en droit de 22 ans, et qui rassemble des étudiantes et des étudiants en provenance de différentes facultés de l'USJ, a décidé, à l'occasion de la Journée internationale pour les droits des femmes, de se tourner vers des experts spécialistes, afin d'explorer les droits des femmes, en chiffres, à la lumière de la psychologie, en tissant un lien entre hier et aujourd'hui, et en honorant une grande figure de la lutte pour les droits des femmes, Laure Moghaizel, que le Liban et le monde arabe ont perdu en 1997.
Ainsi, le mercredi 8 mars, ce club universitaire, établi en 2013 à l'initiative d'une jeune étudiante en lettres Yara Arja, a organisé, au campus des sciences sociales de l'USJ (CSS), et en collaboration avec « La Troisième voix pour le Liban », la Bibliothèque du CSS et le Fonds Joseph et Laure Moghaizel, une journée de sensibilisation sur les droits des femmes dont le point culminant a été une table ronde sur le même thème dirigée par le professeur Rizk Zgheib, maître de conférences à la faculté de droit et de sciences politiques de l'USJ.
La rencontre a réuni Me Fadi Moghaizel, avocat au barreau de Beyrouth et associé principal du cabinet Moghaizel ; la Dr Aimée Nasser Karam, chercheuse et membre fondatrice du centre de recherches en santé mentale Idraac, présidente de l'Association libanaise de psychologie (LPA) et vice-présidente de « La Troisième voix pour le Liban » ; Nada Anid, auteure et cofondatrice de l'ONG Women in Front.
  
 
Les étudiants se disent féministes « pour lutter contre le sexisme », « pour obtenir l’égalité salariale », « car le féminisme, ce n’est pas la haine de l’homme », « pour ma sœur et ma mère », « car les droits des femmes sont les droits de l’homme »… Photo extraite de la page Facebook de la Bibliothèque du CSS légende
 




Modifier la loi et faire évoluer la société
Au cours de sa présentation, Me Moghaizel a mis en lumière d'importantes étapes du parcours de Laure Moghaizel ainsi que les principales acquisitions en faveur de l'égalité hommes/femmes. Le fils de la grande avocate et activiste qui est à l'origine de nombreuses réformes législatives en faveur des droits des femmes a également dressé une sorte de feuille de route pour le combat auquel Laure Moghaizel a consacré sa vie en le plaçant sur deux axes distincts, mais qui vont de pair : modifier les lois et faire évoluer les mentalités.
« Il est indispensable d'œuvrer en faveur d'une transformation non seulement des textes mais aussi de la société. Le changement de la société est nécessaire pour permettre de concevoir le droit différemment », a-t-il affirmé, avant d'ajouter : « L'évolution du droit doit résulter d'une évolution de la société, modification qui passe par l'abandon de certaines représentations telles que celle que la femme est uniquement une mère, une sœur, une épouse, bref un accessoire de l'homme, pour accepter la femme comme une personne à part entière, tout comme l'homme. »
La Dr Aimée Karam a, quant à elle, relevé « les spécificités mises en évidence par la psychologie et qui permettent d'identifier les obstacles qui entravent l'égalité des femmes dans le tissu social ». «
Dès les premières années scolaires, a-t-elle souligné, les petits, garçons et filles, subissent une certaine pression pour apprendre les stéréotypes liés au genre. Une situation qui ne s'améliore pas avec le temps. Puisque à l'adolescence, les filles sont valorisées pour leur apparence plutôt que pour leurs réalisations, et que l'indépendance est encouragée uniquement chez les garçons. »
Explorant le terme « féminisme », la psychologue a précisé que « la défense des droits des femmes (se fait) sur la base de l'égalité des sexes », et que dans cette optique, « les femmes et les hommes doivent avoir des droits et des opportunités égaux ».

Hiba Kanso
La participation des femmes à la politique
La cofondatrice de Women in Front, Nada Saleh Anid, qui est revenue sur la place déplorable qu'occupe le Liban dans le classement des pays selon l'inégalité entre les sexes en 2016 (135e place sur 144), a insisté sur l'importance du renforcement de la participation des femmes libanaises à la politique et l'urgence d'instaurer un quota pour femmes au niveau des sièges parlementaires et non uniquement dans les listes.
La rencontre a donné lieu à d'intéressants échanges avec le public. Les questions de l'audience ont permis d'approfondir le débat, notamment sur le quota. Mme Gina Chammas, membre du comité directeur du Likaa al-hawiya wal siyada (Cénacle de la citoyenneté et de la souveraineté) qui se présente aux prochaines législatives pour le siège des minorités à Beyrouth 3, a livré un virulent plaidoyer en faveur du quota, « cette mesure temporaire et indispensable pour remédier à une situation excessivement inégalitaire » et qui « contribuera à faire changer les mentalités ».
Une jeune étudiante a émis des doutes quant à la pertinence de la lutte pour les droits des femmes qui « montre ces dernières comme des êtres faibles, incapables et invalides ». Une image fort loin de la réalité et qui montre la nécessité d'écouter les jeunes, de leur parler et de les sensibiliser sur les différentes discriminations que continuent de vivre les femmes au Liban.
« Nous sommes convaincus que le partage et la communication entre les différentes générations ouvrent la porte à des idées innovatrices et réalisables », a conclu Hiba Kanso, en remerciant les participants, les partenaires, notamment Mme Leila Kassatly Rizk de la Bibliothèque du CSS et les intervenants « qui militent, chacun dans son domaine, pour les droits de l'homme et l'avènement d'une société plus égalitaire ».



e stand de « La Troisième voix pour le Liban » dont l’un des objectifs est la promotion de la paix et de la coexistence. Photo extraite de la page Facebook de la Bibliothèque du CSS
Au stand de l'association ABAAD qui œuvre pour l'égalité du genre

De gauche à droite : la Dr Aimée Karam, le professeur Rizk Zgheib, Mme Nada Anid, Me Fadi Moghaizel.






Look Forward : une main tendue vers les jeunes aux prises avec la maladie

La belle et courageuse Sara Khatib.
À 20 ans, on ne pense pas au cancer. Mais lorsque, contre toute attente, la maladie frappe, lorsque le sol se dérobe et que le ciel s'assombrit, le quotidien du jeune, ses projets, son univers basculent. L'onde de choc n'épargne pas la famille qui se retrouve, elle aussi, brutalement confrontée à d'importantes contraintes émotionnelles, mentales, physiques, logistiques et financières auxquelles elle n'est pas préparée. Comment « gérer » sa maladie sans interrompre ses études, sans suspendre sa vie ? Comment garder un semblant de normalité entre les séances de chimio, les effets secondaires du traitement, les fréquentes hospitalisations ? Comment ne pas laisser la souffrance prendre le dessus ? Ou comment accompagner son fils ou sa fille malade lorsqu'on travaille à temps plein ? Pour aider les jeunes patients et leurs familles à trouver des réponses à leurs interrogations et pour leur donner les moyens de faire face à la maladie, Look Forward : The Sara Khatib Cancer and Amputee Association est née.
Créée en 2015 par Najla Khatib, la très dynamique association a pour mission de briser l'isolement des jeunes souffrant de cancer et/ou d'une amputation et de leurs familles, de leur tendre une oreille attentive et leur offrir une épaule réconfortante, de les soutenir dans leur dure épreuve. Elle représente le rêve de Sara Khatib (sœur de Najla), brillante étudiante en 4e année de pharmacie emportée en 2014, à l'âge de 22 ans, par un cancer qu'elle avait farouchement et courageusement combattu, refusant de se laisser définir par sa maladie ou par son bras amputé (écouter sa conférence TEDx LAU qu'elle a animée en août 2014, deux semaines avant sa disparition).

Soutien affectif et financier
Offrir aux jeunes patients aux prises avec le cancer et/ou souffrant d'amputation l'occasion de rencontrer d'autres jeunes dans la même situation, de partager leurs expériences, d'exprimer leurs inquiétudes, de formuler leurs interrogations, d'extérioriser leurs émotions, de voir qu'ils ne sont pas seuls face à la maladie, et de puiser les uns des autres la force et le courage de poursuivre leur combat. Les jumeler à des coaches qui les accompagneront tout au long de leur traitement tout en les aidant à construire un état d'esprit plus positif. Porter avec les familles une part de leur fardeau financier. Tels sont les premiers objectifs de Look Forward, dirigée depuis sa création par la mère de Sara, Rula Khatib. « Nous organisons des rencontres de jeunes patients appartenant au même groupe d'âge au cours desquelles ils discutent des défis qu'ils affrontent face au cancer et/ou à l'amputation, racontent des anecdotes vécues et partagent les leçons qu'ils ont apprises », explique Mme Khatib. Et d'ajouter avec enthousiasme : « L'association offre également des séances gratuites de thérapie et d'activités sociales pour bâtir une communauté de personnes qui partagent les mêmes idées, des personnes qui peuvent, à leur tour, devenir des coaches pour les nouveaux membres. »
Dans ce cadre, Look Forward a organisé en 2016 deux séances de soutien de groupe pour les personnes souffrant d'amputation. « La première rencontre a eu lieu le 8 avril. Elle a été facilitée par une survivante du cancer, également amputée, qui a partagé ses pensées et ses sentiments face au cancer et à l'amputation. L'événement a eu un grand impact sur tous les participants, particulièrement sur Loulou, une fillette de 11 ans qui a affronté le cancer deux fois dans sa vie et qui a perdu sa jambe suite à la maladie il y a un an. » La deuxième séance, organisée en coordination avec le centre d'art thérapie Artichoke Studio, s'est tenue le 18 septembre. Animée par l'art-thérapeute Myra Saad et la thérapeute familiale Manal el-Shafii, cette rencontre, destinée aux adolescents amputés, « a permis aux participants de se rendre compte qu'ils ne sont pas seuls et que d'autres personnes du même âge sont confrontées aux mêmes défis et vivent les mêmes expériences ».

me Rula Khatib qui, grâce aux activités de l’association Look Forward qu’elle préside, contribue à améliorer l’état d’esprit des jeunes atteints de cancer et/ou amputés et à alléger le fardeau de leurs familles.
Alléger le fardeau des familles
Look Forward ne contribue pas aux frais médicaux et chirurgicaux qui sont couverts pas d'autres organisations telles que le Children's Cancer Center of Lebanon, Chance ou la NSSF. « Par contre, nous soutenons financièrement les familles dans tous les aspects liés à la condition de leur enfant et que les autres associations ne couvrent pas, tels les frais de transport vers la clinique ou l'hôpital, les frais de garde de la fratrie lorsque les parents sont occupés avec leur fils ou fille malade, la physiothérapie, les perruques, l'aide ménagère, etc. Nous contribuons également aux frais des prothèses », indique Rula Khatib.
Parmi les dernières actions de Look Forward figurent : un don de prothèses, la couverture des frais de séances d'orthophonie pour un enfant dont les deux parents sont atteints de cancer, des séances de psychothérapie, du tutorat privé pour les frères et sœurs d'un jeune patient, des services de coaching et de conditionnement physique, le jumelage des parents d'un amputé tétraplégique avec un coach lui-même amputé tétraplégique.
« Vous avez toujours la possibilité de sourire en dépit de la douleur et profiter de chaque seconde de votre vie », répétait Sara Khatib au cours de son combat. Son message, partagé des dizaines de milliers de fois sur les réseaux sociaux, inspire les jeunes qui, au printemps de leur vie, se trouvent confrontés à un sombre et dur hiver. « Nous ne sommes pas notre maladie, insistait-elle. Nous pouvons sentir la douleur, mais la souffrance qui vient avec, elle, est facultative. »
Pour en savoir plus sur Look Forward, visiter le www.lookforward.life

Seeming, ou lorsque des étudiants de la BAU se mobilisent contre le radicalisme

Des étudiants de l'Université arabe de Beyrouth (BAU) luttent contre l'extrémisme en promouvant l'esprit critique, la non-violence et l'acceptation de l'autre.

Si la disparition brutale et violente de trois jeunes Libanais au cours d'une fusillade terroriste dans une discothèque stambouliote a suscité des vagues d'indignation et de colère auprès des Libanais, ces réactions n'étaient pas unanimes sur les réseaux sociaux où ont circulé des messages haineux et sectaires.
« L'extrémisme est devenu un problème sérieux au Liban », estime Hanin Yousef, 23 ans, étudiante en master de traduction à la BAU. La violence et les discours de haine sont devenus pour certains le seul moyen de communication.
Face à la menace de l'extrémisme radical et profitant d'une compétition internationale pour lutter contre le radicalisme en ligne, la jeune traductrice et une poignée de ses camarades ont lancé il y a quelques semaines sur les réseaux sociaux une dynamique campagne de sensibilisation qu'ils ont intitulée Seeming. « Seeming (en anglais) signifie "apparent " ; ce mot renvoie à ce que les sens perçoivent et qui n'est pas toujours conforme à la réalité, à ce que les choses semblent être, sans nécessairement l'être. Notre logo est formé d'un "S" pour Seeming, à l'intérieur duquel se trouve un labyrinthe. Cet enchevêtrement représente l'impasse sans retour dans laquelle sont pris les jeunes lorsqu'ils intègrent des groupes extrémistes », précise la jeune mastérante licenciée en littérature et lettres anglaises. Et d'insister : « Alors que l'extrémisme peut apparaître pour certains comme le bon choix, une voie facile pour résoudre leurs problèmes, la réalité est tout autre. Ce n'est qu'un labyrinthe fatal. »

« L'extrémisme n'est pas le chemin »
Extrêmement motivés et profondément convaincus par l'importance de leur action, les jeunes étudiants ont créé pour leur campagne des comptes sur Facebook, Twitter et Instagram. Ils y postent des images commentées, des articles et des vidéos qu'ils jugent éclairants. Leurs publications, en anglais et en arabe, ciblent les jeunes au Liban et dans les pays arabes. Hanin, qui assume la fonction de rédactrice en chef de Seeming poursuit : « Nous avons défini plusieurs façons pour les internautes d'interagir avec nos pages. Nous avons, par exemple, instauré une publication hebdomadaire, "la question de la semaine", qui nous permet de les faire réagir sur différents aspects de l'extrémisme. » Stratégie réussie. Plus de 1 750 internautes sont déjà fans de la page et des centaines réagissent aux publications. Toutefois Hanin confie qu'au début, « la mentalité de la société et l'écart dans les points de vue les ont poussés à faire une courte pause pour repenser leur plan ».
Ne voulant pas limiter ses actions aux réseaux sociaux, la jeune équipe de Seeming a organisé avec le Centre des droits de l'homme de leur université un atelier auquel ont participé 25 étudiants de différentes filières. Au cours de la rencontre, des professeurs de la BAU ont initié les participants aux « concepts d'extrémisme et de terrorisme », mais également à des thématiques telles que « l'histoire de la violence », « les groupes islamiques et l'extrémisme », « la démocratie et le terrorisme » et « les types d'extrémisme ». « Les participants que nous avons appelés ambassadeurs de la paix ont également appris à organiser un événement et à conduire une campagne », ajoute la jeune traductrice.
Également loin du virtuel, au cours d'un autre événement de sensibilisation et de recrutement qu'ils ont tenu sur leur campus, les membres de Seeming ont distribué aux étudiants des brochures et des marque-pages portant des inscriptions contre la radicalisation telles que : « Ne me dis pas que tu sais où tu t'en vas lorsque c'est quelqu'un d'autre qui t'y a entraîné ».

Une équipe active et déterminée
Composée d'une dizaine d'étudiants assumant chacun une fonction, chef d'équipe, rédacteur en chef, traducteur, concepteur, responsable de marketing, spécialiste des médias et chercheurs, l'équipe de Seeming est dynamique et déterminée à développer son action. « Notre chef d'équipe est un étudiant en droit et en sciences politiques. Il représente le noyau du groupe. C'est lui qui répartit les tâches et distribue le temps.
Notre designer est un talentueux étudiant en architecture. Notre spécialiste des médias sociaux est une étudiante en marketing qui poursuit un MBA. Elle passe tout son temps à améliorer notre page et à créer du contenu intéressant. Un étudiant en média est en charge de la réalisation de nos vidéos. Les chercheurs sont des étudiants de différentes spécialisations qui nous ont offert toutes les ressources dont nous avions besoin pour les statistiques, les sondages, les ateliers... », détaille la jeune rédactrice en chef.
Bien que la campagne Seeming soit née dans le cadre d'une compétition interuniversitaire mondiale lancée par le département d'État américain à laquelle participent plusieurs universités libanaises, elle sera poursuivie, développée et étendue « même si notre équipe n'accède pas à la finale », assurent les étudiants.
Hanin, qui dénonce la manipulation que font certains politiciens et hommes religieux et qui entraîne le peuple vers la haine, la radicalisation et l'extrémisme, conclut : « Seeming non seulement brandit des idées contre les idées radicales, mais il lutte également contre les actes des extrémistes par des actes. Un exemple : l'atelier que nous avons mené pour diffuser notre message et recruter plus de personnes autour de notre cause. Tout comme Daech (acronyme arabe de l'organisation État islamique), nous pouvons recruter. Ils ne sont pas mieux. »
Le site de Seeming sur Facebook : www.facebook.com/SeemingBAU/

 

À l'USEK, la lutte contre l'extrémisme passe par les femmes

« Haven Square-Do not go to hell est un mouvement créé pour faire la lumière sur les tentatives faites par des groupes extrémistes afin d'attirer les femmes dans leur " utopia square " », lit-on sur la page Facebook de la campagne lancée par une douzaine d'étudiants de l'USEK dans le cadre de leur participation à la compétition « Peer to Peer : Challenging Extremism ». Un projet initié par le département d'État américain, Facebook et les partenaires EdVenture pour encourager les étudiants universitaires partout au monde à se mobiliser contre l'extrémisme qui sévit sur la toile. L'équipe de Haven Square, formée par des étudiants en provenance de différentes facultés de l'USEK, veut « contribuer à mettre en exergue les méthodes utilisées par les groupes extrémistes pour recruter des femmes sur les réseaux sociaux ». Depuis sa création il y a quelques semaines, elle a organisé plusieurs activités de sensibilisation. La première, tenue au campus de l'USEK au mois de novembre, a réuni des étudiantes prétendument convoquées à un casting pour un film qui porte sur les méthodes de rencontre sur le Net entre les femmes et les hommes au Moyen-Orient et qui ont eu la surprise de découvrir l'objectif de l'événement auquel elles sont invitées en visionnant un documentaire fort bouleversant sur le recrutement en ligne des femmes par des groupes extrémistes.
Pour en savoir plus sur Haven Square ou pour soutenir cette campagne : www.facebook.com/HavenSquareLb.

Ils œuvrent pour illuminer le Liban, un village à la fois

Des étudiants de l'AUB, membres du club Student for Sustainable Energy for All (SSEA), poursuivent un admirable projet écologique, social et citoyen qui vise à répondre d'une manière durable aux besoins énergétiques des villages libanais.

« Light up a village » (LUV) est le titre du projet initié il y a quelques mois par des étudiants de l'Université américaine de Beyrouth (AUB) pour promouvoir les énergies renouvelables et fournir des solutions durables aux problèmes énergétiques auxquels font face certaines régions du Liban.
« Nous avons voulu sortir des murs de l'université et tendre la main à la communauté », confie Ibrahim Alassaad avec enthousiasme en expliquant la naissance de ce projet. Le jeune étudiant en génie de 19 ans, membre de l'équipe logistique de LUV, est convaincu, comme tous ses camarades du Student for Sustainable Energy for All (SSEA), de l'importance des ressources naturelles dans l'amélioration du cadre de vie des populations et de la nécessité de se tourner vers des acteurs locaux pour faciliter et accélérer le développement des villages défavorisés.
« LUV vise à mettre en place un environnement où les donateurs – des entreprises, des organisations, des institutions et des individus – ont la possibilité de contribuer au développement des localités mal desservies », affirme-t-il.
Une fois leur idée en tête, les futurs ingénieurs, médecins, historiens ou experts en marketing ont mené des recherches, consulté des professeurs, communiqué avec les municipalités, contacté des experts, cherché des sponsors pour parrainer et mettre en place leur projet. « Nous sommes allés à la rencontre de donneurs potentiels. Nous leur avons présenté notre idée et discuté avec eux des possibilités d'offrir des solutions énergétiques durables aux communautés qui font face à des problèmes d'approvisionnement en électricité », poursuit Ibrahim.
Les applications énergétiques que propose LUV varient, selon les besoins des localités, de l'éclairage des villages à l'approvisionnement en électricité pour le chauffage et la réfrigération. « En raison de contraintes politiques et économiques, certains villages au Liban ne sont pas approvisionnés en électricité de manière continue. En outre, ils ne sont pas assez soutenus financièrement pour conserver et renouveler leurs services publics et leurs infrastructures. Cela place les habitants dans des conditions hasardeuses et dangereuses », explique le jeune ingénieur en devenir.

Un projet à long terme
« Notre choix pour la phase pilote du projet s'est porté sur la région du Akkar et, particulièrement, sur le village de Majdel », indique Ibrahim. Situé au nord du Liban, Majdel est un village de 3 000 habitants confronté à un large flux de réfugiés syriens. Il souffre depuis longtemps de longues et très fréquentes coupures d'électricité. Le jeune étudiant, lui même originaire de Akkar al-Atika, poursuit : « Plus de 15 lumières LED (diodes électroluminescentes) hautement efficaces, alimentées par des panneaux solaires, seront installées dans les places les plus actives du village. Un éclairage efficace des rues est très important pour la sécurité des habitants la nuit. » Cette première étape du projet, désignée LUV1, est rendue possible grâce au dynamisme et à l'engagement des étudiants ainsi qu'à l'apport et à la générosité des partenaires et des donneurs. Dans la liste de ceux-ci figurent le projet Cedro de l'Union européenne et le Programme des Nations unies pour le développement, BankMed, Deloitte, la banque Byblos et la Chambre de commerce, d'industrie et d'agriculture de Tripoli et du Liban-Nord.
LUV a été également soutenu par l'AUB et applaudi par son président Fadlo Khuri. « Notre projet a remporté la plus haute subvention du 150e anniversaire de l'AUB d'une valeur de 5 000 dollars américains », se réjouit Ibrahim avant de conclure : « LUV ne s'arrête pas là. Nous ambitionnons d'atteindre tous les villages défavorisés au
Liban. »
Prochaine étape LUV2, pour éclairer un autre village et améliorer le cadre de vie de ses habitants.