La laïcité vue par les jeunes Libanais

Ils sont venus nombreux, au Bathish auditorium, pour écouter la conférence du Dr Fawaz Traboulsi sur la laïcité au Liban. Un évènement organisé le jeudi 12 avril par le Club laïc de l’AUB en commémoration de la guerre civile libanaise.

 
Rackel Mezher, étudiante en 2e année de génie chimique et membre du club, insiste dans son mot d’ouverture sur le lien direct entre le système confessionnel et la guerre civile. « Nous croyons que la laïcité garantit l’égalité de tous les citoyens et la liberté de chacun, dit-elle. Nous voulons sensibiliser les gens aux dangers du confessionnalisme. Le rôle de la laïcité dans l’édification d’un État de droit n’est pas une illusion. L’illusion est de croire que le système confessionnel peut perdurer. »

 
Devant un public très attentif, le Dr Traboulsi, professeur de sciences politiques à la LAU et à l’AUB, déplore l’amnésie officielle qui couvre la guerre. Le professeur, qui est aussi journaliste au quotidien as-Safir, dénonce la version officielle qui parle de la « guerre des autres au Liban ». Une théorie qui permet aux Libanais de fuir toute responsabilité dans la guerre qui a ravagé le pays pendant 15 ans. « Il n’y aura jamais une version unique de la guerre, conclut-il. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas s’informer, se documenter, communiquer, se rappeler et apprendre de la guerre. »

 
Le Club laïc – qui est totalement indépendant des partis et des courants politiques libanais – a été fondé il y a 3 ans par des étudiants de l’AUB dans l’objectif de sensibiliser la nouvelle génération sur les dangers du système confessionnel. « Nous avons également pour objectif de combattre les préjugés envers “l’autre”, qui se basent sur une haine et un désir de vengeance latents, et d’exposer notre vision de la laïcité au Liban comme seule alternative durable pour préserver le Liban libre, indépendant, souverain, démocratique et pluriel », affirme Jean Kassir, étudiant en 1re année d’économie et membre du club.
 

Les étudiants espèrent réussir l’expérience de ce club en tant que rassemblement politique alternatif laïque pour exporter le modèle à d’autres universités. « Il s’agit de démocratiser à fond l’idée en ayant des représentants ailleurs, dans d’autres facs, explique Jean Kassir. Nous ne voyons pas notre club comme un rassemblement élitiste limité aux étudiants de l’AUB. À cet effet, nous travaillons avec d’autres organisations avec lesquelles nous partageons les mêmes objectifs. »
 


Au Liban, la laïcité n’est pas pour demain. Cependant, une chose est sûre : le plus long chemin commence toujours par un pas.

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