Doux arômes de Tripoli


Tripoli. Premières lueurs du jour. La caméra de Yasmine Sabih montre, de derrière un (très significatif) grillage, un quartier tripolitain encore endormi. Rapidement, les mailles disparaissent. Le ciel est limpide. Les ruelles s'animent progressivement. On entend des oiseaux chanter, un rideau métallique s'ouvrir, une marchandise qu'on déballe... La ville se réveille. Le marché reprend vie.
« Je veux à travers ce documentaire montrer le vrai visage de Tripoli. Tripoli qui est pour ceux qui ne la connaissent pas associée aux violences, aux confrontations entre différentes communautés et à la destruction », explique l'étudiante en information de 21 ans qui vient de décrocher son diplôme de l'Université Jinan. Réalisé dans le cadre d'un cours à l'université (voir ci-dessous), la jeune fille a vu ce documentaire, qu'elle a intitulé Arôme, comme une occasion pour donner la parole aux habitants et aux visiteurs de Tripoli : des personnes âgées qui racontent avec émotion leurs souvenirs, des hommes et des femmes plus jeunes, des étrangers installés dans la capitale du Nord mais aussi des Tripolitains expatriés toujours attachés à leur ville natale. À travers leurs regards et sa caméra, Yasmine Sabih nous emmène dans les cafés de Tripoli, ces espaces de vie, de rencontres et d'échanges « gravés dans la mémoire de tout Tripolitain et liés au ramadan ».

Porte-voix des gens sans voix
Son court-métrage d'une durée d'environ 8 minutes a nécessité un travail sérieux et une longue préparation. Bien qu'elle connaisse la région, Yasmine l'a visitée à plusieurs reprises avant le tournage pour s'en imprégner. « Je me suis assise dans ses souks de longues heures. Je m'y suis promenée. J'ai parlé avec les gens... », raconte l'étudiante, transformée le temps de ce documentaire en réalisatrice.
Yasmine a ainsi (re)découvert la région « quartier par quartier, maison par maison », pris des photos, choisi les meilleurs angles pour tourner, et visité des organisations qui s'occupent d'archives. « Mon enfance m'a marquée et a influencé le regard que je porte sur le monde. Je suis née dans un quartier populaire et je me suis imbibée de la simplicité des gens. Et lorsque je me suis installée dans un autre quartier, j'ai pu traduire mes souvenirs en de belles images », confie-t-elle.
Il y a trois ans, convaincue du rôle que peuvent jouer les médias dans l'amélioration de la vie des gens, voulant devenir elle-même actrice de changement, la bachelière, passionnée par la photographie et l'écriture de poèmes, a décidé d'intégrer la section radio et télévision à la faculté de l'information de l'Université Jinan. Aujourd'hui, après avoir obtenu son diplôme, Yasmine est plus que jamais déterminée à devenir le porte-voix des sans voix. Un choix compréhensible pour cette jeune Libanaise qui essaye au quotidien d'avoir un impact positif dans la vie des autres, que ce soit dans sa vie de tous les jours, à travers son travail comme correspondante pour plusieurs sites d'information électroniques, ou lors de ses activités auprès d'organisations locales dans le domaine de la formation à la citoyenneté active.

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